La COLLABORATION

LES JEUNES DU MARÉCHAL

 

    C'est un jeune professeur du lycée Voltaire, Jacques Bousquet, - on a dit à l'époque qu'il était le frère du Secrétaire à la Police - qui crée le mouvement « Les Jeunes du Maréchal » que, par dérision et même autodérision, certains appelleront les « Jeunes du Vieux ». Le mouvement est lancé en juin 1941.

    Il se veut corporatif de la jeunesse des lycées, des collèges et des écoles et sans aucune attache politique.

Ces jeunes veulent

- Bannir du lycée et du collège la politique des partis qui ne concerne ni les enfants ni les adolescents, les désintoxiquer de cette politique, rétablir le sens de l'honneur et de la discipline librement consentie, lutter contre la tricherie, le vol, la délation et l'immoralité.

- confier le rôle de chef de classe à un élève.

- développer la camaraderie entre les jeunes à l'intérieur de l'école, comme à l'extérieur, par des activités communes et surtout établir, entre la jeunesse des écoles et la jeunesse au travail des villes et des champs, des liens étroits d'amitié.

    Les statuts ont été déposés à la préfecture de police sous le n° 3424 et le 12 septembre 1941, le groupement reçoit l'autorisation des autorités d'occupation.

    Les « Jeunes du Maréchal » existeront à Paris et en province, en zone occupée comme en zone libre. Mais c'est bien évidemment en zone occupée et principalement à Paris que l'on trouvera le plus grand nombre de militants.

    A la tête du groupement se trouve un Conseil d'administration représenté par un secrétaire général.

    Un directoire national en zone occupée, un directoire national en zone libre et à la tête de chaque directoire, un commissaire national.

Dans chaque région, un directoire régional avec à sa tête un commissaire régional.

    Pour chaque département un « chef « ainsi que pour les lycées, collèges et écoles. Dans chaque établissement, ces « chefs » sont assistés par des chefs de division dont dépendent les chefs de classe.

    Cinq divisions par établissement secondaire :

         La 4e division concerne les classes primaires,

        La 3e division concerne la 6e et la 5e,

La 2e division concerne la 4e et la 3e,

la 1ère division concerne la 2e, la 1ère et Philo-Math

    La division supérieure concerne les classes préparatoires aux grandes écoles.

    Si les chefs de département, les commissaires régionaux et nationaux sont des étudiants ou de jeunes professeurs âgés de moins de 30 ans, les chefs de classe, de division, de lycée sont des élèves.

    Des règlements sur le salut, le service d'ordre (SO), les grades et insignes existent, mais il a fallu que Jean-Marie Balestre prenne le mouvement en main et le politise pour voir enfin se réaliser une partie de ces projets.

    C'est un élève des Beaux-arts, Ducharme, qui lance le mouvement et groupe en quelques semaines 1200 adhérents à Paris, 200 en province.

    Quelques mois après, le mouvement est retombé à 483 adhérents.

    Une première subvention sera allouée par le Secrétariat général à la jeunesse, en juin 1942.

    Au printemps de l'année 1942, le camp « Maréchal Pétain » de Limeil-Brévannes, conçu par Robert Hersant et son ami Jean-Marie Balestre, a l'avantage de réunir dans un même lieu des jeunes parisiens et des jeunes de la campagne, des apprentis et des lycéens en rupture de classe, et reprend en main les Jeunes du Maréchal.

    Est créé un journal, Jeune Force, dont le premier numéro paraît le 9 mai 1942. Un cavalier en armure portant un écu, représentant l'insigne des Jeunes du Maréchal, illustre le titre.

    Un premier insigne, qui reproduit une francisque rouge sur un écu blanc , est mis en vente.

    C'est alors qu'aux sections locales, implantées dans le monde scolaire, viennent s'ajouter des Centres corporatifs destinés aux jeunes déjà entrés dans la vie professionnelle. Pour une raison inconnue, la vente des insignes s'arrête sur ordre du Directoire national.

    Le mouvement et le journal changent une nouvelle fois de siège et s'installent au 3 rue Récamier, dans les locaux de la Ligue de l'Enseignement.

    Au mois de juillet 1942, un camp national est organisé à La Chapelle-en-Serval dans une propriété qui deviendra en 1944 l'école des cadres de l'Avant-garde de la Milice en zone nord.

Les drapeaux reproduisent l'insigne à francisque rouge ..

    Le cri de ralliement est «Jeunes du Maréchal!. Servir? France ! ».

    A partir de septembre 1942, une crise grave traverse le mouvement. Hersant et Balestre se séparent et, dans une lettre datée du 1 septembre, ce dernier annonce la reparution de Jeune Force, au 1octobre 1942, sous la forme d'un bimensuel diffusé dans les deux zones.

    Jeune Force publie un n° 6 non daté qui semble être le fruit d'une dissidence. Le directeur en est Jacques Ferrer, le siège social est revenu à Brévannes et la rédaction, rue du Roi de Sicile dans le 4e arrondissement de Paris. Dans un article, le rédacteur rappelle les origines et les buts du mouvement, s'en prenant violemment à Balestre.

    Balestre lance alors le nouveau journal évoqué dans sa lettre du 1 septembre : Jeune Force de France, dont le premier numéro paraît le 18 novembre 1942.

    A cette date, les Alliés ont débarqué en Afrique du Nord et deux réunions, auxquelles participent les Jeunes du Maréchal en uniforme ont lieu à Paris, une le 14 novembre à la salle des Sociétés Savantes (8 rue Danton) et l'autre au Moulin de la Galette, le 22 novembre, pour la mise sur pied de la Phalange africaine.

    Une réunion a eu lieu, un matin, au cinéma Max Linder sur les grands boulevards ; au programme Le Jeune Hitlérien Quex et un documentaire : La Marche vers le Führer. A la sortie, des tracts ont été distribués par les gars de l'équipe de Balestre. Il y annonçait son intention de rejoindre « les formations motorisées de combat du parti national-socialiste », en fait le NSKK Motorgruppe Luftwaffe.

    De nombreux Jeunes du Maréchal ont déjà quitté, bien avant le Moulin de la Galette, ce mouvement pour rejoindre les Jeunesses francistes, beaucoup plus politisées.

    Finalement, Balestre et quarante-trois de ses jeunes s'engagent dans le NSKK et prennent le train à la gare du Nord, fin novembre, pour Vilvorde, dans la banlieue de Bruxelles.

    Le départ de Balestre marque la fin du mouvement, déjà bien mal en point avec l'interdiction en zone sud réclamée par le Maréchal qui lui reproche de se servir de son nom pour mener des activités de délation envers les professeurs et même les propres parents des jeunes.

    Après la dissolution, une consigne de censure (n° 350 du 23 juin 1943) interdit même d'en faire mention dans la presse.

    Quant au nouveau journal, Jeune Force de France, il prend un ton très différent de son prédécesseur Jeune Force. Il y est fait une propagande importante pour l'engagement dans les forces armées allemandes, dans la Waffen SS en particulier, dans les rangs de laquelle la plupart des journalistes se sont engagés. Balestre, Philippe Merlin et bien d'autres anciens des Jeunes du Maréchal, n'auront de cesse, une fois au NSKK, de passer à la Waffen SS et d'y encourager l'entrée des Français. L'un d'entre eux posera même pour les affiches de recrutement.

    Après le départ de la plupart des rédacteurs à la SS , le journal passe sous la coupe du RNP .

    Philippe Merlin se suicidera quelques semaines plus tard, en 1944; Jean-Pierre Desty, qui signe Janpier Desty, dans Jeune Force de France, sera retrouvé mort sur une plage d'Alger en 1962...

Le dernier numéro (29) du bimensuel porte la date du 15 juillet/1 août 1944.

Source: article tiré des pages 181 à 184 de ces livres: et .

RETOUR SOMMAIRE COLLABORATION