LA MEAUFFE

 

Histoire de La Meauffe de 1940 à 1944.

1940 à 1944 est une période encore très vivace dans la mémoire de nombreux Meauffois.

 C’est au printemps 1940 qu’arriveront les premières familles réfugiées venant de la Somme, elles logeront dans des fermes d’accueil. Sitôt l’arrivée des Allemands, elles quitteront le village. Une seule restera sur place et travaillera aux carrières de La Meauffe. En juin 1940, un train de soldats de la Croix-Rouge stationnera en gare de La Meauffe quelques jours avant l’arrivée des Allemands. Un grand nombre de soldats trouveront des vêtements civils chez l’habitant et s’efforceront de regagner leurs foyers…

Des troupes anglaises en retraite se dirigeront vers Cherbourg où elles embarqueront sur le « Courbet », les troupes allemandes les suivent de près, nanties de « petits fagots de bois » pour traverser le Channel. Ils se feront accrocher à la hauteur de Carentan par des tirs, des barrages d’artillerie de marine. Pierre-Marie, jeune soldat de La Meauffe participera à cette action depuis le cuirassier « Courbet » croisant au large de Saint Vaast la Hougue. De nombreux soldats français faits prisonniers à Cherbourg  s’achemineront à pied vers Saint-Lô par colonnes de 100. Ils devront faire le trajet dans la journée, encadrés par des Allemands circulant à bicyclettes. Un soldat de La Meauffe, Henri Midi faisait partie d’un de ces convois, il s’échappera à l’Image Saint Martin en se jetant dans le fossé. L’arrivée et l’installation de l’occupant suscitent une grande inquiétude et une profonde humiliation notamment chez ceux qui ont connu la guerre 14-18. Les Allemands réquisitionnèrent les châteaux de Saint Gilles, du Vermanoir et le château des Fors habité à cette époque par M. Malgorne, directeur de la distillerie de pommes de la Germainerie.

NB : Deux distilleries ont été implantées sur la commune de La Meauffe après 1918, l’une vers le quartier du Pont, l’autre le long de la route La Meauffe-Airel. La seconde, la plus importante, construite vers 1929 pouvait traiter 400 tonnes de pommes. Cet alcool fabriqué de manière industrielle a servi en gros à la reconstitution des poudres de guerre. L’usine arrêta sa fabrication en 1953. Sa haute cheminée en brique, visible de loin, témoigne de l’importance de l'activité. Cette dernière a été détruite en 2009 pour des raisons de sécurité. Source.

Le château Saint-Gilles avant qu'il ne soit détruit par les bombardements des troupes alliées

Le château du Vermanoir et l"église

Le château de Fors

La distillerie. AGRANDISSEMENT.

 En décembre 1941, une troupe d’artillerie allemande séjournera aux châteaux de Vermanoir et de Saint Gilles. Au début de 1942, une permanence d’officiers allemands demeurera au château de Saint Gilles et restera jusqu’à la Libération.

De novembre 43 à février 44, une compagnie de réparateurs automobiles séjournera aux distilleries de Basse-Normandie.  A la même époque et jusqu’à la Libération, des troupes mongoles, sous l’uniforme allemand, près de la distillerie et des carrières de La Meauffe travailleront dans le plus grand secret. Ils ne doivent parler à personne, le chantier est gardé nuit et jour par des militaires allemands.

"des troupes mongoles sous l'uniforme allemand" soit des Hiwis soit des Osttruppen.

Au cours du premier trimestre 1944, Gédéon BÉRUEL, employé à la gare de La Meauffe, transmet par l'intermédiaire du chef du groupe de la S.N.C.F. Charles BONNEL, le plan des travaux importants entrepris par les Allemands dans une carrière située. à 500 m de cette gare : en mai 1944, 20 avions de la Royal Air Force bombarderont ce chantier, susceptible d'être utilisé pour l'établissement de rampes de lancement de fusées V.1 (Déclarations de BERUEL 28-9-70 - Témoignages Ch. BONNEL.) Source page 184 de .

Après le débarquement, les Américains découvriront dans les carrières ces travaux inachevés ; des troupes mongoles avaient creusé des tunnels sous la route d’Airel (la D88) pour y entreposer des V1 et des V2 qui auraient été rapidement acheminés vers le Nord-Cotentin, grâce à la ligne de chemin de fer toute proche.

En fait un petit dépôt de V2 dans des carrières de chaux.

Extrait carte IGN

L’état-major allemand venant de Saint-Lô s’installera de la fin novembre 43 à février 44 aux châteaux du Vermanoir et Saint Gilles.

Au début de mai 1944, le Maréchal ROMMEL , commandant en chef des forces allemandes de la région B (non de la région B mais du groupe d'armée B) , accomplit une tournée d'inspection dans le département. Rommel couche à Saint-Lô les 9 et 10 mai 1944.
Alexandre PITANGUE (
45 ans. Profession : Cadre-employé (contrôleur des Contributions Indirectes) - Organisation : OCM Centurie - Domicile : Saint-Lô),  signale le déplacement de l'état-major allemand installé à St-Lô, dans la propriété de Commines, pour s'établir au château Viel (Vieille soit Saint Gilles) à La Meauffe (dossier CVR PITANGUE). 
C'est là que Rommel a réuni les chefs des unités allemandes. Ils prennent livraison de huit cartes établies sous la surveillance constante de militaires, par le service des Ponts et Chaussées. En couleurs différentes, elles indiquent les routes et chemins, les dépôts de munitions et d'essence, les terrains d'aviation, et l'emplacement des corps de troupes. 
Par mégarde, les Allemands n'ont pas emporté le modèle placé sous le papier de reproduction ... LEBAS, fonctionnaire responsable du Service des Cartes, s'en empare. Par l'intermédiaire de Pierre BERNARD, du groupe de Torigni, Maurice LORIDANT pourra l'obtenir. Il s'empresse de faire parvenir le précieux document à Ernest PRUVOST, chef d'« Action P.T.T. ». Celui-ci, le confie à Jean-Renaud DANDICOLLE , de l'Intelligence-Service, qui le transmet rapidement en Angleterre quelques jours avant le débarquement (témoignage Maurice Loridant, 27-5.77)). Source: pages 156 et 157 de
.
 

Témoignage du Général Ezanno paru dans Icare N° 143.page 23 .
" [....D DAY...Nos sommes tous prêts.....]...[...Peu de Flak - un miracle - et soudain l'objectif est devant nous, le beau château de la Meauffe, état-major du 84ème corps d'armée allemand. Les 12 avions se mettent en échelon refusé et à moins de 300 mètres, tirent au but comme à l'entraînement et l'objectif se transforme en brasier sous l'impact de 100 roquettes de 60 livres (en réalité 12x4 = 48 à moins qu'il y ait eu 2 squadrons sur l'objectif). On repasse au canon et on rentre.].....

Le premier appel à l'aide pour les Typhoon, le D-day est à 07H34, quand le 21st Army Group demande une attaque de le quartier général du 84é corps d'armée allemand au château de La Meauffe près de Saint-Lô; Un squadron répond immédiatement, bombarde la cible en tuant la plupart des occupants. Source. 

La première cible des squadrons de Typhoon, le 6 juin 1944,  fut le le quartier général du 84é corps d'armée allemand au château de La Meauffe près de Saint-Lô. Source.

A la même époque un service de Feldgendarmerie  s’établira à l’école des Filles rue des Claies de Vire pour assurer la sécurité de cet état-major. Un service de police en civil séjournera au château de Fors (actuelle maison de Mme Enault) de février 44 au  8 juin 44.

Le Kommando Sipo-SD, basé à Rouen, disposait de trois antennes dans la Manche : Cherbourg au n° 28 de la rue Aristide Briand, Granville au Normandy Hôtel et Saint-Lô au n° 22 de la route de Villedieu.

 Dans ce livre Presenting the 35th Infantry Division in World War II, 1941-1945:

"A La Meauffe, les hommes se déplaçaient sur ​​la route principale au célèbre "Corner Purple Heart." Ici, un solide château de pierre, derrière un mur de granit de deux mètres, qui avait été le siège de la Gestapo."

 Cette période d’occupation fut mal vécue par la population qui répugnait aux réquisitions. De moins en moins de beurre, lait, viande sont livrés à l’occupant. La méfiance s’installe mais l’hostilité est  plus sournoise qu’apparente. Les bras des prisonniers partis en Allemagne, (dont Léon Pognon, Charles Marie, les frères Bellamy) font terriblement défaut. Beaucoup de femmes font preuve de courage en exécutant les travaux qui étaient jusqu’alors réservés aux hommes. L’entraide s’organisera facilitant les semailles et les récoltes. En 1942 et 1943, de jeunes réfractaires qui se cachent aideront aux travaux en échange de nourritures. La beurrerie de La Meauffe continuera à fonctionner sous forme d’usine réquisitionnée, une partie de sa production sera réservée à la troupe d’occupation, l’autre, par le truchement de bons de ravitaillement, à la population. Pour avoir un camembert il faudra rendre l’emballage précédent… 

Le ramassage du lait et le transport des paniers de beurre se faisait avec des carrioles à cheval.

 La distillerie de la Germainerie continuera, elle réussit à marcher et de notoriété publique, l’alcool à 90° qu’elle distille est expédié à Puteaux près de Paris et sert à la fabrication de poudre et de carburant. Très connue des Américains elle sera mitraillée à plusieurs reprises par des chasseurs-bombardiers et notamment en 1943 où elle sera en partie détruite avec tout son stock d’alcool. Fort heureusement,  il n’y aura pas de victimes à déplorer parmi le personnel.

La distillerie et la voie ferrée, de nos jours.

Les Allemands réquisitionnaient de la main-d’œuvre pour garder les lignes téléphoniques et effectuer des travaux de terrassement. Certains requis étaient envoyés travailler en Allemagne. A noter que la moitié des requis de La Meauffe s’évadèrent avec tous les risques que cela comportait.

Pendant cette pénible période, le directeur de l’école de La Meauffe avec le concours de quelques adultes et de jeunes montera de petites représentations théâtrales réussies. Le prix des entrées, la vente de lots à l’américaine, les quêtes tout va être bon pour faire un maximum d’argent. Les sommes recueillies serviront à confectionner le colis bimensuel des prisonniers en Allemagne. Le double avantage, bonne action et divertissement fera que ces séances seront très suivies. Il y en aura deux par an. Elles se tiendront dans la fromagerie Claudel. Pour ce qui est de la Résistance elle sera plutôt passive.  Des rails de chemin de fer seront déstabilisés par le déboulonnage des tirefonds, des fils électriques sectionnés. En 1941, les Allemands arrêteront M. Albert Houssin de la Raouerie accusé d’avoir coupé des fils électriques. Emprisonné et maltraité, il est décédé des suites de son emprisonnement peu de temps après avoir été libéré. Les occupants appréhenderont  4 enfants accusés eux aussi d’avoir coupé des fils électriques ; il s’agissait de Pierre-Jacques, Yves Peyrat, Gérard Leroyer et de Marcel Eudes. Ils seront emmenés à Saint-Lô et ils resteront 3 mois sous le contrôle de l’Assistance Publique.

6 juin 1944 : un roulement sourd, intense, jamais entendu, laisse imaginer près de la côte un bombardement intensif, inimaginable. Pas besoin de dessin,  c’est le débarquement. Les avions alliés attaquent les ponts de La Meauffe, le pont de Vire du quartier du Pont sera touché par les premiers bombardements le 7 juin.

Source. Amont et aval, le pont de pierres sur la Vire vu de La Meauffe en face Pont Hébert.   

Ce pont sera pris en ruine par les Américains du 137th Inf., 35th US ID, le 17 juillet 1944.

Le pont de chemin de fer du quartier du Pont sera endommagé le 8 juin.

Photo Google, localisation: le pont de Vire et le pont de chemin de fer du quartier du Pont.

 Quant au pont de Fors, il ne sera jamais touché. Malgré les efforts des chasseurs-bombardiers et des bombardiers lourds qui vont conjuguer leurs efforts et bien que plusieurs bombes l’encadreront  il restera debout, bien ébranlé mais toujours en place.

Source. Pont ferroviaire de Fors.

Localisation du pont de Fors, carte IGN et photo aérienne  IGN du 9 août 1947.

Source. Le pont ferroviaire de Fors à La Meauffe. Vue aérienne.

Tout au Nord de la commune (Localisation) à La Roque Genet il y avait le pont Eiffel sur la Vire et la Jouenne. Ce pont a été saboté par les Allemands entre le 15 et le 20 mai 1944 et non reconstruit.

SourceLe pont Eiffel avant sa destruction. De nos jours.

Source. Le pont Bailey N°32 de 34 m construit par le 234th Engineer Combat Bn du V US Corps, en service que quelques mois, il ne passait qu'un seul camion à la fois.

Photo aérienne IGN du 9 août 1947, le pont Bailey a été démonté.

De nos jours les deux ponts ferroviaires à proximité des fours à chaux, à gauche repére 1 et à droite repère 2.

L’église, le presbytère, 60 maisons de la commune seront détruits. 8 fermes, les châteaux de Fors et du Vermanoir seront rasés, ainsi que le château Saint Gilles et celui-ci seulement 3 heures après le départ de Rommel et de son état-major qui s’y était arrête pour la nuit. Non Rommel n'y était pas à cette date.

L'église de La Meauffe avec des hommes de la 35th US Infantry Division.

L'église en juillet 1944, source. De nos jours.

Le 10 juin au pont de chemin de fer de Fors, un premier peloton de chars américains fait son apparition. Il descendra jusqu’à l’église et après avoir subi un solide mitraillage de la part des Allemands reviendra vers les Landes où il sera de nouveau  attaqué. La ligne de front allemande part de l’église et remonte le ruisseau qui traverse les Landes se poursuit jusqu’à la côte des Buffets séparant la commune en deux. Les deux armées vont rester sur leurs positions face à face pendant plus d’un mois.

Extrait carte IGN

Extrait carte US Toward to ST LO 14-18 june 1944. le 119th Inf. de la 30th US ID et le 175th Inf. de la 29th US ID.

Rapport du 119th Inf. en place le 17 juin 44 au Sud de la Vire.

Raport du 1/119th Inf. du 18 juin 1944.

Chronologie du XIX Corps pour le 18 juin 1944.

 

Compte tenu de la carte ci-dessus la date du 10 juin semble erronée, mais difficile de savoir exactement, cette première semaine de combat dans ce secteur est très confus.

A qui pouvait appartenir ce peloton de chars ? le secteur géographique est celui du 5th Corps puis du XIX Corps avec les 29th et 30th Infantry Division difficile à dire:

le 29th Reconnaissance Troop (Mechanized) ? non car cette unité ne possède pas de chars.

La 29th Infantry Division prend Isigny le matin du 9 juin. Elle progresse ensuite au sud d'Isigny. Le 11 juin au soir, elle fait sa jonction avec la 101st Airborne Division à Auville-sur-le-Vey. A partir du 12 juin, elle participe avec le V Corps, dont elle constitue l'aile droite, à l'offensive sur Saint-Lô. Elle parvient finalement à percer le 13 juin et à franchir l'Elle. Elle reçoit l'ordre de rester sur ses positions puis est rattachée au XIX Corps (14 juin). Jusqu'au 30 juin, elle piétine sans parvenir à percer vers Saint-Lô.

Le 12 juillet, elle repart à l'offensive dans le secteur de La Luzerne.

ou le 30th Reconnaissance Troop (Mecz) impossible si le10 juin et pas de chars.

La 30th Infantry Division débarque le 14 juin. Rattachée au XIX Corps, la 30th reçoit comme première mission de sécuriser les hauteurs situées au nord de la Vire et du canal de la Taute. Cette mission est achevée le 17 juin.

A partir du 7 juillet, la division reprend sa progression à l'ouest de la Vire en direction de Saint-Lô avec le XIX Corps. Elle traverse la Vire le 7 juillet et établit une tête de pont à Saint-Jean-de-Daye le 8 juillet.

 Les unités qui ont des chars ne sont pas sur zone le 10 juin, par exemple: le 743rd Tank Bn est à Caumont l'Eventé à 30 km à l'Est le 13 juin, le 747th Tnk Bn est dans le Calvados et le 82d Armored Reconnaissance Bn de la 2d Armd Div. est à Littry 21 km à l'Est.

La date du 17-18 juin semble plus crédible; Le V corps d'armée américain se bat plusieurs semaines pour conquérir la route de Saint-Lô. La 352. ID, bien qu'en grande partie écrasée par l'artillerie américaine, contient les attaques répétées, grâce à ses positions sur les cotes 108 et 109, au nord de Villiers-Fossard. Le 175e régiment (29e division) est relevé par le 119e (30e division) et entre dans La Meauffe le 18 juin1944. Source.

Le 17 juin, le 1/119th (30th US ID) se trouve au Nord de La Meauffe. Le Lt Collins de la B Co lance une patrouille de reconnaissance sur le village et rapporte une activité ennemie. Cependant le 18 juin, vers 01h15 lors d'une nouvelle patrouille de la même unité, elle rencontre le Lt Morgan avec 50 hommes du 175th (29th US ID) qui quittent ses positions du centre de La Meauffe pour reculer au Nord. La patrouille est incapable de pénétrer dans le village. Le Lt Collins s'enterre donc avec ses hommes aux abords du village. La A Co va essayer de nettoyer la rive de la Vire au Sud-ouest de l'église. Le 1/119th subit des pertes. Des reconnaissances sont lancées ici et là mais elles se cassent sur la ligne de front allemande.

june 18.
0500 175 Inf moved out of La Meauffe before the 1st Bn relieved them. Enemey moved in and 1st Bn unable to move into this point. Skirmished all during the night. 119 began attack 0530 this morning to take this point.
1200 Col McDaniels requested that the Bn of the 119th Infantry move and occupy high ground south of La Meauffe
1845 Inf jeep blown up. La Meauffe in our hands 1840.
1945 Civilians state that Germans have mined road at 493762 reported by K Co.
2000 La Meauffe - counterattack in progress. 49537280 - house with IGs and snipes being fired on.
469775 - Enemy CP in house, Ln 1, 1940. 433763 suspected battery position fired on.
2040 Town of La Meauffe is now in our hands. Enemy is still in outskirts.

19 June. 1/119th moved to defensive positions leading north from La Meauffe.

7 July. 1st Battalion (119th IR) continuing defense of area AMY-LA MEAUFFE

10 July 1st Battalion, 119th was relieved by elements of 35th ID at 100100B. Source.

Les chars les plus proches sont ceux du 747th Tank Bn attaché à la 29th US ID, le 18 juin avec le 115th Inf. le Bn est à 3 km au Sud de Saint-Clair-sur-l'Elle à 6 km à l'Est de La Meauffe avec 8 victimes et 4 chars perdus. 

Tous les jours les Américains canarderont les lignes adverses d’une façon plus ou moins intensive. Les  Allemands ne riposteront que par 5 à 6 obus bien cadrés. Les 10 et 12 juillet, l’armée américaine masse ses troupes visiblement en vue d’une attaque. Elle aura lieu les 13 et 14 juillet vers 4 heures du matin, après une préparation intense à la mitraillette, les troupes US montent à l’assaut. Ils avancent d’1 km environ puis prendront position et s’enterreront. Le deuxième assaut aura lieu le 14 juillet il n’y aura plus d’Allemands sur la ligne de feu, ils ont évacué vers Rampan où l’armée allemande avait jeté un pont sur la Vire à la hauteur de l’église.  Selon cette source page 375, un "underwater brigde" soit un pont immergé sous le niveau de l'eau pour être invisible aux observations aériennes. 

Localisation de l'église de Rampan

 La beurrerie Claudel sera elle aussi détruite par des obus incendiaires mais la production du beurre n’en sera pas pour autant arrêtée, machines et ouvriers trouveront place dans la fromagerie.  A noter qu’un mois avant sa destruction, après l’ordre des Allemands de faire évacuer les civils vers le Sud de la commune, M. Henri Claudel avait fait ouvrir les portes de la beurrerie et invité la population à se servir dans les stocks réservés à l’armée allemande. La boulangerie Gesbert fera du pain sans interruption sous les bombardements jusqu’au jour où le four et la maison s’écrouleront sous les bombes.

A droite, la boulangerie Gesbert, la maison blanche dans le fond: le café hôtel restaurant "Le Vieux logis", dans la trouée le talus SNCF. Voir ce groupe de maisons de l'arrière.  De nos jours.

 Deux jours après le jour J, on assiste, partout dans la commune à des regroupements de population. Elle est inquiète, elle a peur, elle choisit d’instinct ses points de refuges.  Ceux-ci n’ont d’ailleurs aucune mesure avec la sécurité.  Après la guerre, on apprendra que ces endroits étaient parmi les plus dangereux. Ils ont pour noms : les Grands Landes, la Prêterie, le Carillon.

Localisation des refuges.

 Il est indéniable que l’on se rassemblait vers une personne de confiance plutôt que vers un abri sûr. C’est ainsi que dans les Grands Landes chez Mathurin Le Meur, il faudra pourvoir au ravitaillement de 80 personnes. Mathurin Le Meur se dévouera pour aller avec sa carriole, chercher de la farine au moulin de M. Morel à Villiers-Fossard.

Localisation: Les Grandes Landes et Villiers-Fossard

Il réussira à ramener un sac de farine et le lendemain le pain sera cuit chez Victoire Durand. Lors de ce périlleux parcours il se fera mitrailler plusieurs fois par les Allemands. Début juillet 44, un avion allemand fera un atterrissage forcé dans les Grands Landes, le pilote légèrement blessé regagnera les lignes allemandes. Quelques jours plus tard un bombardier américain toujours dans les Grands Landes sera abattu par les Allemands, le pilote s’éjectera mais son corps ne sera jamais retrouvé. En 1991,  la famille du pilote est venue se recueillir sur les lieux.

Le capitaine Jacques BERTRAND, du réseau SUSSEX des Services Spéciaux, guidé par Henri FOREST et Claude LACOUR, tente de traverser les lignes le 22 juin 1944 pour renseigner les Américains sur le dispositif de l'ennemi, dans la région de Saint-Lô. Ils sont arrêtés à La Meauffe et transférés à la caserne de la Pépinière à Paris. Source page 231 de .

 La commune libérée, chacun retourne chez soi, la vie reprend avec des difficultés accrues. Dans un corridor de 2 à 3 km de large il ne reste plus rien, les troupes sont passées par là, les pillards aussi. En rentrant d’exode les habitants ne retrouveront que la laideur de la guerre. La commune a payé un lourd tribu à la guerre. Sur une population de 650 habitants elle aura à déplorer : 17 morts et 10 blessés.

 Monument en souvenir de la libération de La Meauffe par la 35e Division d'infanterie américaine en juillet 1944. Cette stèle a été inaugurée le 8 septembre 1999 en présence d'une délégation de l'unité. Une seconde stèle est dédiée aux victimes civiles de la commune. Situation : dans le cimetière communal du vieux bourg. Source.

Sous réserve ce pont Bailey était aux Claies de Vire,  cf livre "Pont-Hébert" de Thierry Catherine.

Localisation, à gauche une carte allemande de 1943 (Schleusen signifie: écluses) en laissant les portes ouvertes la Vire est traversable à gué au niveau du pont de pierre (voir les ambulances ci-dessous); à droite carte IGN: la centrale électrique a été abandonnée puis démontée par la DDE.

Source. Pont Bailey N°36 de 34 m construit par le 234th Engr C Bn. De nos jours, une passerelle (Plle sur la carte IGN ci-dessus), voir ci-dessous:

La passerelle en mars 20013.

La tâche de construire les deux ponts, un Treadway et un Bailey, est allée au 234th Engineer Combat Battalion, principalement en raison de son excellent travail à Cavigny et La Meauffe. L'unité a commencé à travailler en retard le 18 juillet, et avec l'aide de deux officiers de la 992nd Engineer Treadway  Bridge Company a installé un pont flottant avec une bande de roulement de 47 m  à 06H30. A 11H00, la 503rd Engineer Light Ponton Company  a apporté un pont Bailey double-double de 40 m qui était prêt pour le trafic à 18H00. Source page 375.

Source. Pont flottant Treadway N°38 (M2 Trestle Treadway bridge) 4 photos de gauche à droite prises de Pont Hébert vers la fromagerie Claudel, la route que l'on aperçoit à droite est le chemin qui passe devant le café hôtel restaurant "le Vieux Logis" voir ci-dessus.

Source. Le floating Treadway vu de la cour de la fromagerie Claudel, ci-dessous un repérage.

Cette photo que nous verrons plus loin a été faite avec le second Treadway

Source. Repérage de la fromagerie Claudel (cheminée à gauche) vue du haut de la carrière Deslandes de Pont Hébert en blanc au centre la route vers Saint-Lô,et au centre la cheminée de la beurrerie.

Source. Un pont flottant en arrière-plan un Bailey devant la fromagerie Claudel.

Montage de deux photos ci-dessus, le raccordement de la fromagerie Claudel en arrière-plan démontre que le pont flottant sur bateaux en caoutchouc a été installé en lieu et place du premier pont Treadway installé le 18 juillet.

Repérage. La fromagerie Claudel de nos jours un immeuble d'habitation.

Source: page 33 du hors série l’Éclat de la Manche Libre en 1994. Le pont sur bateaux en caoutchouc (steel treadway, pontoon bridge M2) vu depuis la cour de la fromagerie Claudel (à droite la carrière Deslandes de Pont Hébert), le pont de Vire est hors cadre à gauche, photo ci-dessous: l'arrière du bâtiment à 3 étages au centre.

Reprenons le pont N°37 Bailey DD de 40 m construit en aval du Treadway, deux vues avec grossissements différents, le photographe est à Pont Hébert.

Deux vues du Bailey N°37 le photographe est dans la cour de la fromagerie Claudel et regarde Pont Hébert.

Une vue en plan large en face la carrière Deslandes et les bâtiments à Pont Hébert, le pont débouche ici pour profiter de la longue cour devant la fromagerie Claudel afin de  rejoindre la route de Saint-Lô.

En avril 2013, localisation du pont Bailey (Bridge 37) repérage la maison de couture actuelle perpendiculaire à la Vire, sur carte allemande de 1943.

Source. Selon les Archives de La Manche photo prise le 8 août 1944, le treadway a été démonté et des ambulances traversent la Vire à gué direction Saint-Lô. Le pont de Vire est en réparation avec du bois (timber bridge). Voir montage avant et maintenant

Montage de deux photos du pont de Vire, construction en bois par le Génie américain, ce pont sera remplacé par un nouveau pont, voir ci-dessous.

Source. Le nouveau pont de Vire inauguré le 16 mars 1959, pour éviter le virage de l'ancienne route de Saint-Lô le pont a été un peu déplacé vers l’amont.

Localisation à partir d'une photo aérienne IGN du 9 août 1947. AGRANDISSEMENT

Source:

document de Mme Madeleine Levannier.

Plan de La Meauffe.

Remerciements:

à Mme Madeleine Levannier, à Mme Chan, présidente de l’association de la 35ème  Santa Fé Division in Normandy, à Mme Mireille Boyer, à Claude Demeester, à François Robinard et à Blue spader.