RESISTANCE

Réseau F2

 

Le premier réseau de renseignement à avoir fonctionné en France est organisé dès l'été 1940 par le service de renseignement de l'armée polonaise lié aux services secrets britanniques sous le nom de "Famille" puis bientôt de F2. Une grande partie de ses agents sont des Français.

En juin 1942, un envoyé de "Edwin" (Lt-colonel Gilbert Foury), responsable de F2 pour la zone occupée, contacte Marcel Catherine, assistant en radiologie à l'hôpital de Caen, et lui confie la tâche d'implanter le réseau en Normandie. Assisté de sa femme et de sa fille, il commence par organiser le Calvados, avant de prendre des contacts dans la Manche à l'automne. Il s'occupe ensuite de l'Orne et de l'Eure, puis de l'Ille-et-Vilaine au début de l'année 1944.

A cette date, le secteur de Normandie, divisé en huit sous-secteurs, compte plus de 200 membres, dont une soixantaine dans le Calvados. Parmi eux le garagiste de Courseulles Lucien Bertone (53 ans en 1940) et ses filles: Paulette, 27 ans en 1940, sans profession et Lucienne, 25 ans en 1940, secrétaire ; René Boutemy (43 ans en 1940, cultivateur) et son fils Paul (17 ans en 1940) à Tessel, qui dissimulent dans leur ferme un poste-émetteur

Un poste émetteur modèle B/Mark II Source

pour assurer les communications avec Londres; l'adjudant-chef Jean-Baptiste Groult (39 ans en 1940) de la brigade de gendarmerie de Bayeux ; à Chicheboville, le cheminot Léon Lecarpentier (27 ans en 1940); à Caen, Marcel Chauvin ((36 ans en 1940, concessionnaire des automobiles Peugeot), André Degrenne (36 ans en 1940, électricien) et Robert Vivier (41 ans en 1940, dessinateur à la Société d'électricité), les cheminots Marcel Dubourg (25 ans en 1940) et Gaston Laurier (47 ans en 1940) chargés des relations avec la Manche et l'Orne ; à Vire, René Delaunay (35 ans en 1940), chauffeur aux Courriers normands qui assure les contacts avec Fougères ; à Lisieux, René Jardin (41 ans en 1940), vendeur d'automobiles, Alcide Lempérière (38 ans en 1940), cheminot, et Achille Mancel (42 ans en 1940), conducteur de travaux aux PTT...

L'activité essentielle de F2 est le renseignement. Provenant de toute la région, des centaines d'informations sont centralisées à Caen sur les défenses du Mur de l'Atlantique, les dépôts de munitions, l'activité de l'arsenal de Cherbourg, les mouvements de troupes allemandes, les terrains d'aviation, les emplacements de DCA, les postes d'écoute et les stations radar, les rampes de lancement de V1.

Mais le réseau apporte également son aide aux clandestins. Sous couvert de ses activités à la tête du Centre de placement familial des ouvriers convalescents de la région parisienne, Paul Levanier (50 ans en 1940), avec l'aide de madame Weber, sage-femme à Villers-Bocage, dissimule dans les campagnes des dizaines de réfractaires au STO. A l'occasion, il fournit aussi une assistance aux aviateurs alliés tombés dans la région.

Malgré sa forte activité, le réseau F2 de Normandie présente la particularité de n'avoir eu à déplorer aucune arrestation parmi ses membres.

Sources:

Archives Jean Quellien

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