RESISTANCE
Réseau ZÉRO-FRANCE
Zéro-France est une antenne en France d'un réseau d'origine belge, le réseau Zéro, fondé en juillet 1940 par Fernand Kerkhofs, directeur du service information du holding financier belge Brufina, avec William Ugeux, Louise de Landsheere et quelques amis.
Le réseau Zéro-France est cofondé en juin 1942 dans le Nord de la
France par un capitaine de la Première Armée belge membre du
SIS, Gérard Kaisin, et par un
industriel français
Paul Joly
.
Zéro-France se
développe logiquement sur le Nord de la France puis s'émancipe sur la Normandie,
la Région parisienne et les Pays de Loire.
Le réseau est divisé en sous-réseaux
et en secteurs : Joly
prend la direction du
sous-réseau Nord et Kaisin celle du sous-réseau Paris qui comprend douze
secteurs dont le secteur Calvados. Après l'arrestation de Joly en juillet
1943; Kaisin prend le commandement
de l'ensemble du réseau et confie celui du sous-réseau Paris à
Louis Roussel
dit "Sahara".
Le secteur du
Calvados est créé à partir d'octobre 1943 par Aimable Lepeu
(41 ans en 1940), pharmacien à
Dives-sur-Mer, qui en devient le chef; suite à sa rencontre avec Roussel
.
Il se développe considérablement dans la région Dives-Cabourg et devient le
principal réseau de Résistance implanté dans cette région durant la Seconde
Guerre mondiale. Aimable Lepeu
a sous ses ordres directs quatre lieutenants. chacun responsable d'un petit
nombre de résistants : le garagiste Pierre Dupont
((35 ans en 1940, mécanicien garagiste - Domicile :
Cabourg);
Marius Tréfouel
(26 ans en 1940, cheminot - Domicile :
Deauville);
Fernand Fanneau (37 ans en 1940, menuisier -Domicile :
Villers-sur-Mer) et Pierre Thieulle (59 ans en 1940), ancien receveur
des postes de Cabourg.
L'activité essentielle des résistants du réseau est l'observation et la collecte de renseignements sur le Mur de l'Atlantique et les mouvements de troupes allemandes, renseignements précieux transmis à l'IS. Le réseau est en parallèle un réseau d'évasion au service des aviateurs alliés abattus et de jeunes réfractaires au STO.
Le réseau est contraint de cesser ses activités quelques semaines avant le Jour J car il est démantelé au printemps 1944 par la Gestapo, efficacement secondée par des collaborateurs locaux.
Le démantèlement du réseau Zéro-France (Mars et avril 1944)
Le réseau Zéro-France connut une fin tragique dans le Calvados, la plupart de ses membres furent arrêtés. puis torturés et déportés en Allemagne ou en Autriche, principalement dans les camps de Sachsenhausen, Mauthausen et Neuengamme.
Dans la région de Dives-Cabourg. le réseau fut démantelé par les Allemands peu avant le Débarquement. dans des conditions qui restent obscures encore aujourd'hui. Ce démantèlement eut lieu à la suite d'arrestations opérées surtout aux mois de mars et avril 1944.
La capture de
Raymond Romy, mécanicien automobile, vers le 22 mars 1944. semble être à
l'origine du démantèlement. Il est arrêté pour vol de cartes d'alimentation et
emprisonné sans que les Allemands ne soupçonnent son appartenance au réseau.
Cependant. ces derniers font le rapprochement entre ce vol et l'existence
probable d'un réseau de Résistance dans la région. Suite à une enquête. les
Allemands apprennent l'existence d'Aimable Lepeu
,
chef du réseau. et se rendent à son domicile le 25 mars 1944. Après une fouille
minutieuse de son appartement. les policiers trouvent la cachette où Lepeu
dissimule ses documents. Or. parmi ces papiers se trouve la liste des noms des
membres du réseau. Aimable Lepeu l'avait constituée afin de pouvoir
témoigner de l'engagement de ses hommes dans la Résistance Tombée entre les
mains des Allemands. cette liste provoque une véritable hécatombe De nombreuses
arrestations sont opérées en quelques jours. Seize membres de Zéro-France sont
arrêtés lors de la première vague dont Marius Tréfouel
,
Pierre Dupont
et Léon Tardy
(40 ans en 1940, cultivateur - Domicile :
Grangues),
bras droits d'Aimable Lepeu.
Une seconde vague d'arrestations est menée à partir du 12 avril 1944 et concerne treize autres résistants du réseau. Quelques arrestations plus tardives ont lieu, notamment au mois de juillet 1944.
Le réseau Zéro-France est implanté essentiellement au Nord-Ouest du département, le long de la côte fleurie
Les deux groupes importants sont implantés à Dives-sur-Mer et Cabourg. Des groupes de moindre importance existent à Deauville et Villers-sur-Mer ainsi que vers l'intérieur du Pays d'Auge.
Le nombre de résistants caennais est aussi important car Caen. chef-lieu du département, est un relais incontournable pour la transmission de renseignements
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Sources :
SÉNÉGAL Christophe. Zéro-France. Vie et mort d'un réseau de Résistance à Dives-Cabourg, Cabourg, Collège de la Divette, 1995; 96 pages.
Archives de Jean Quellien.
Mathieu Gourdain et Cédric Neveu