HÉLÈNE MÉLIGNE

 

A Caen, Hélène Méligne (aujourd'hui Mme Hurel, demeurant à Versailles), est réveillée, comme chacun, par des grondements sourds sur la côte, Il est, environ minuit.

"Personne n'est vraiment étonné car, tous les jours et depuis plusieurs mois, les bombardements se succédaient. Cependant,  d'heure en heure, le bruit s'accentue. Les vitres vibrent, des chasseurs alliés apparaissent dans le ciel déchiré par des éclairs. Tout le long de la crête qui nous domine s'élèvent de gigantesques nuages de fumée noirâtre. Des petits ballonnets passent  leurs têtes blanches au-dessus des hauteurs environnantes. Les vibrations sont de plus en plus fortes.

 "Dans le quartier, les fenêtres s'ouvrent, les volets claquent, des commentaires s'échangent. Plus de doute: le débarquement a dû avoir lieu!

"A 4 h du matin, nous sommes tous levés. Branle-bas de la cave au grenier car, malgré quatre années d'attente, rien n'est prêt, ou presque rien. Les commodes, armoires sont vidées en un rien de temps et, à mesure, s'entassent les valises pleines à craquer. La baignoire est remplie d'eau ainsi que toutes les bouteilles disponibles. L'énervement est à son comble.

"La radio, prise à 5 h 30, 6 h 30, 7 h 30, ne donne pas de détail. Seuls les avis affluent. Le principal indique ceci:

 "Une nouvelle phase de l'offensive aérienne vient de commencer. Evacuez les villes et villages se trouvant à 35 km à l'intérieur des côtes. Dans la mesure du possible, vous serez prévenus des bombardements. "

"Enfin, à 8 h 30, le speaker annonce:

" Le Grand Quartier général interallié informe que les troupes alliées ont commencé les opérations de débarquement dans le nord de la France."

"Le nord, pour nous, c'est le Pas-de-Calais.  Sûrement pas notre région. Les rues de Caen sont pleines de monde. Chacun a encore le sourire malgré une certaine anxiété. Le bruit est assourdissant. Electricité, eau, gaz, téléphone, tout est coupé. Les autos filent à une vitesse inhabituelle. Personne ne se rend au travail. Ou si peu. Il semble que la vie soit brusquement suspendue ... " 

Source: article de presse.


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