Témoignages paru dans ce livre pages 492 à494 .

 

Même les correspondants de guerre britanniques sont plus ou moins horrifiés par ce qu'ils voient.
En témoigne cet e
xtrait du Daily Mail (de tendance pourtant plutôt national populaire) du 28 juillet:

"Il faut traverser Caen en voiture à chaque fois qu'on veut aller au front de l'Orne ou en rentrer, et cela reste quelque chose d'horrible qui fait plutôt honte.

 La population de Caen ne comprendra jamais tout à fait pourquoi nous devions leur faire quelque chose d'aussi affreux. Encore, tous les jours, les cadavres de leurs concitoyens sont extraits des ruines.

Ils sont contents de notre façon de nous occuper des problèmes du ravitaillement et des réfugiés. Mais, une fois passé le premier goût grisant de la liberté, ils commencent à se sentir quelque peu tristes et oubliés. "

Le sentiment le plus fort, cependant, qu'éprouvent les journalistes qui arrivent en masse dans la capitale de Guillaume le Conquérant après le 9 juillet, c'est l'étonnement
devant le caract
ère franchement amical de l'accueil.

«Nous nous attendions à une certaine froideur, sinon à l'hostilité, en rencontrant des survivants, mais ils nous ont accueillis à bras ouverts avec des larmes de joie", selon Matthew Halton dans le Sketch. «Je n'aurais jamais cru », dira Christopher Buckley dans le Daily Telegraph, « qu'il se trouverait, dans l'affreux cimetière qu'est la ville dans laquelle j'ai pénétré hier, tant de civils vivants, ni que tant de personnes ayant souffert nuit et jour des bombes et des obus nous recevraient avec un tel enthousiasme [ ...]. Je ne sais pas comment ces gens ont traversé tout cela tout en restant en vie, et je ne sais pas comment ils trouvent le courage de nous acclamer comme ils le font », D'après Alan Moorhead dans le Daily Express, « Des médecins français sont arrivés, des serviettes pleines d'instruments, souhaitant soigner des blessés britanniques, ils se sont mis au travail tout de suite  sous le feu des mortiers. »            .

Les militaires font écho à la presse: le capitaine Dishington des King's Own Scottish Borderers affirme avoir parlé « avec beaucoup de gens, pas juste un ou deux, qui étaient bien plus empressés pour nous indiquer des collaborateurs, et pour offrir du vin et des fruits à la troupe, que pour gémir au sujet des bombardements », Pour le major L.J. Massey, «Notre accueil, de la part de ceux qui avaient tint souffert, était extrêmement chaleureux". »

Certes, on ne saurait forcément prendre ces extraits pour argent comptant. Les correspondants de guerre sont bien intégrés dans un système de propagande, qui fonctionne plus souvent par un état d'esprit partagé que par des directives officielle. Les Caennais ont peut-être trop de tact pour évoquer les bombardements devant des soldats qui viennent de se battre pour chasser l'occupant de leur ville. il reste que la crédibilité de ces témoignages est renforcée par des Caennais comme Odile Danton-Bouyssou, qui considère que, malgré l'état de la ville et la mort de deux de ses meilleurs amis, «les destructions sont le résultat de la guerre, et nous n'avons eu que de la gratitude pour les sacrifices de ceux qui ont donné leurs vies pour nous libérer ».

 

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