Un blessé français est tué au Bon Sauveur

    1- Version Max  Maurin

 Un jour, je vis arriver comme deux fous, deux officiers S.S. (à cette date à Caen il n'y avait que la12.SS-Panzer-Division Hitlerjugend ). Je leur dis de déposer leurs armes en vertu de la Convention de La Haye. Habituellement je réussissais. Mais cette fois, rien à faire. Ils cherchaient un nommé Langlois. Celui-ci venait d'arriver blessé : il s'était battu avec un « occupant » dans son café. Devinant leur intention, je leur dis que je ne l'avais pas vu à l'entrée et qu'ils feraient mieux d'aller voir à l'hôpital du lycée. Mais ils passèrent outre. Vite, je galopai prévenir tout le monde pour qu'on ne leur dise pas où il était. Hélas, un imbécile non prévenu et apeuré leur dit « il est en salle d'opération » et j'entendis tout à coup une série de coups de revolver. Ils l'avaient tué sur sa civière à la sortie de la salle d'opération.

    2- Version André Gosset et Paul  Lecomte (pages 111 et 112 de ce livre)

Le 13 juin, un blessé, M. Delaunay, cafetier dans le Vaugueux; attendait, allongé sur un brancard à la porte de l'une des salles d'opération, son tour d'être soigné. Près de lui, un allemand attendait-aussi. Pour des raisons que l'on ne saura sans doute jamais, - mais y en eut-il seulement une ? - un S.S. qui se trouvait là fusilla d'une rafale de mitraillette, à bout portant, M. Delaunay. Le chirurgien qui opéra peu après le blessé allemand - témoin de cette scène de sauvagerie - nous a dit que ce dernier n'en menait pas large car il croyait bien qu'en matière de représailles, le médecin français ne le raterait pas ou plutôt qu'il le raterait bien. Le chirurgien français-est-il besoin de la dire ?- fit son devoir et sauva l'Allemand.

3- Version Cécile Angot (page 210 de son mémoire)

Monsieur Delaunay, cafetier du Vaugueux, est ainsi froidement abattu de trois balles de mitraillette par un jeune S.S. qui le soupçonnait d'avoir tiré sur un de ses camarades et sur lui-même (Témoignage d'une infirmière du Sacré-Cœur, au B.S. ; TE 42, Mémorial.)

4- Version René Streiff (page 61 de ce livre)

Le 13 juin, on amène au triage M. Delaunay, habitant au Vaugueux. Il a voulu empêcher un Allemand de piller. Celui-ci l'a blessé et il a lui-même légèrement atteint son antagoniste. Au moment où la victime allait être introduite dans la salle d'opérations, des S.S. surgissent, tiennent l'assistance en respect, demandent le blessé et l'un d'eux l'assassine froidement d'un coup de revolver ...

5- Version Christophe Beaudufe (pages 183 et 184 de ce livre)

Le 13 juin, dans le quartier du Vaugueux, un soldat allemand pénétra dans l'une des pièces d'une habitation dont il restait quelques pans de mur: l'homme cherchait à faire main basse sur ce qu'il pourrait emporter. Un cafetier français aperçut l'Allemand et comprit son manège. Le cafetier était armé et, pistolet au poing, intima l'ordre à l'occupant de restituer les objets de valeur dont il s'était emparé. Le soldat à son tour sortit son arme et fit feu. Le Français s'écroula, blessé.

Il fut transporté au Bon-Sauveur et placé dans la « salle d'attente» de la chirurgie, juste à côté d'un blessé allemand qui attendait son tour de passer sur le billard. L'état du cafetier français nécessitait une opération urgente, mais on n'eut pas le temps de le transporter sur la table d'opération.

Deux S.S., revolver menaçant, firent irruption dans les locaux e l'hôpital. «Ils cherchaient un nommé Langlois », affirma plus tard Max Maurin, qui se trouvait au triage pour remplir la tâche délicate de l'accueil et du renseignement des familles de victimes. Max Maurin se mit en travers du chemin des Allemands. Évoquant la convention de La Haye, il exigea que les deux hommes posent leurs armes avant de pénétrer dans l'hôpital. «Habituellement, je réussissais, raconta-t-il, mais là, rien à faire. »

Devinant les sinistres projets des deux officiers, Max Maurin affirma qu'il n'avait vu personne du nom de Langlois parmi les blessés et tenta de renvoyer les tueurs vers le lycée. L'écartant du bras, ils pénétrèrent malgré tout dans les locaux.

Juste à la sortie de la salle d'opération, ils retrouvèrent le cafetier. Max Maurin se souvient avoir entendu « tout à coup une rafale de balles de revolver». (Note de MLQ: non un revolver est à barillet et ne peut tirer en rafale) Le commerçant fut abattu avec sauvagerie, à bout portant.

L'Allemand blessé, à côté du cadavre, pâlit soudain. Le chirurgien qui l'opéra peu après raconta que son patient semblait terrorisé, « car il croyait qu'en matière de représailles, le médecin français ne le raterait pas ou plutôt qu'il le raterait bien. Le chirurgien français - est-il besoin de le dire - fit son devoir et sauva l'Allemand ».

    6- Version de ce CD

René Delaunay: 40 ans en 1940, cafetier - Domicilié à Caen. Peu de temps après le Débarquement, il est blessé à la jambe lors d'une bagarre avec une bande de jeunes S.S. qu'il tente d'empêcher de dévaster son établissement. Il est conduit à l'hôpital, mais les S.S. l'y retrouvent le lendemain, le traînent brutalement dans une cour, l'adossent à un mur et le criblent de balles.

 

 

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