La COLLABORATION
SOURCES: Collection Résistance et Mémoire.
Marie-Clotilde de COMBIENS (née en 1921)
Née Lecouturier, la jeune femme est le fruit des amours de
Maurice de Combiens, assureur à Caen,
et de sa bonne. Elle n'est reconnue que très tardivement en 1941, lorsque ses
parents régularisent la situation en se mariant Une hostilité. un sentiment de
rancœur, voire de haine, s'est développée chez elle du fait de son statut
d'enfant naturel. Sa relation avec Harald
Heyns, dit" Bernard ",
adjoint du chef de la Gestapo
de Caen va lui donner toute latitude pour assouvir sa soif de vengeance.
Ainsi, elle dénonce et fait déporter plusieurs personnes coupables de Résistance. Par simple méchanceté, elle est à l'origine de la déportation de l'épicier Albert Jean. coupable d'avoir écouté la radio anglaise, et de Robert Denize, hébergé chez les de Combiens, boulevard Leroy, à Caen, et qui avait laissé traîner imprudemment des papiers ne laissant aucun doute sur son activité de résistant.
La jeune femme est redoutée dans le quartier où elle aime à déambuler, élégante, et suivie de son inséparable chien noir Capi, gros bouvier des Flandres. Son arrogance et ses excentricités n'ont plus de borne et gare à celui qui ose manifester sa désapprobation. C'est ainsi qu'Eugène Maës, directeur du Lido, établissement bien connu des Caennais, situé au bord de l'Orne, est déporté pour avoir lancé quelques remarques désobligeantes à Marie-Clotilde de Combiens.(Note de MLQ: une rue lui rend hommage à Caen)
Le Lido, en arrière plan le viaduc ferroviaire
En maillot de bain noir des soldats allemands à la piscine du Lido
En octobre 1943, elle suit son amant dans l'Orne. Elle est de retour en février 1944 lorsque " Bernard " prend la tête de la Gestapo de Caen. Après le repli de la Gestapo à Argences en juin 1944, elle participe activement aux interrogatoires de résistants, encourageant les hommes de la Gestapo lors des séances de torture.
En septembre 1944, elle suit son amant à Kappellen Stolzenfels près de
Coblence." Bernard" la confie alors aux soins d'une Française parlant
parfaitement allemand. Madeleine Béranger
,
ancienne membre du CIR à
Pont-l'Évêque.
Les deux femmes sont alors employées par la Gestapo de Bad-Harzburg, près
de Goslar, où elles démantèlent un réseau d'ingénieurs grecs
travaillant pour les Britanniques. En mars 1945," Bernard" demande aux deux
femmes de se réfugier chez ses parents non loin de
Hambourg. A l'arrivée des
Alliés. elles se font passer pour des déportées et se font rapatrier en France
puis gagnent le Maroc. Leurs déclarations suspectes à la sécurité militaire
provoquent leur arrestation à
Casablanca le 13 juillet 1945.
Le 19 avril 1946 la Cour de Justice du Calvados condamne Marie-Clotilde de Combiens à la peine capitale. En juillet 1946, celle-ci est commuée en détention à perpétuité, puis deux ans plus tard à vingt ans de travaux forcés. Elle est remise en liberté conditionnelle en 1954.
Sources:
Cédric Neveu
Archives de Jean Quellien