Inspecteur Bénard

Article de La Presse Caennaise, 29 juillet 1941.

Un automobiliste

tire deux coups de revolver

sur le sous-chef

de la Sûreté Municipale

et le blesse grièvement

Le bandit, qui n'a pu être identifié,

réussit à prendre la fuite

    Hier matin, (le 27 juillet 1941)vers 8 H., l’inspecteur Bénard , sous-chef de la Sûreté Municipale de Caen, quittait à bicyclette son domicile route de Lebisey pour prendre son service quand son attention fut attirée par une voiture automobile stationnant à proximité, (Note de MLQ: selon Claude Doktor dans un article paru dans le N°192 de 39-45 Magazine , Editions Heimdal, rue Traversière ) et dont la présence lui sembla insolite, étant donné les restrictions dominicales sur la circulation. Il interpella donc le conducteur et lui demanda d'exhiber cars papiers. Ceux-ci durent également sembler  suspects au policier, car il invita l'automobiliste à venir

    S’expliquer au Commissariat. Vraisemblablement à la demande de son interlocuteur, M. Bénard laissa sa bicyclette sur les lieux et prit place dans l’automobile. Tout paraissait devoir se passer normalement, et M. Bénard guidait même la manœuvre pour tourner la voiture vers la ville, quand tout d’un coup, l’automobiliste sortant un revolver de sa poche, tira à bout portant une première balle qui atteignit l’inspecteur derrière la tête. Malgré sa blessure M. Bénard ne perdit pas son sang-froid et s’accrochant à son agresseur réussit à le faire descendre sur la chaussée où une lutte s’engagea. Elle devait être de courte durée car bientôt l’homme faisait à nouveau usage de son arme et logeait une balle dans le ventre de l’inspecteur qui s'affaissait grièvement blessé, aussitôt le bandit bondissait dans sa voiture et s'enfuyait à toute vitesse. Le drame n'avait duré que quelques secondes, dans ce quartier désert. M. Bénard, qui était parvenu à se traîner jusqu'à la maison la plus proche, donnait aussitôt l'alarme et les services de police commençaient aussitôt les recherches. Celles-ci, hélas, n'ont pas abouti et s'avèrent difficiles. En effet, le blessé, dont l'état était très sérieux, n'avait pu fournir aucun renseignement utile sur sou agresseur, ne se souvenant de rien.

    Transporté par la voiture de police à la clinique du Bon Sauveur, M. Bénard, après une transfusion de sang  a été opéré hier après-midi par M. le docteur Martin. Aux dernières nouvelles, son état est stationnaire ; toutefois on espère que la seconde balle n'a pas perforé l'intestin, ce qui était hier la grande crainte du praticien.

    Nous formons nos vœux les plus sincères pour le complet rétablissement du sympathique policier, victime de cette lâche agression en souhaitant que le coupable bientôt découvert soit châtié comme il convient.

Lire la version d'Ouest-Eclair du 29 juillet 1941.

Article du "Journal de Normandie" du 29 juillet 1941

Un drame douloureux, au cours duquel le brigadier de la Sûreté. Bénard, est tombé victime du devoir, c’est déroulé dimanche matin, vers 8 h. 10, rue de Lèbiscy.

Quelques minutes; auparavant, le policier quittait son domicile situé non loin de- là, lorsqu'il rencontra une automobile. Or, tout le monde sait que le dimanche la circulation de ces véhicules est interdite et cela lui parut suspect.

Le brigadier Bénard, qui était à bicyclette fit stopper la voiture et enjoignit au conducteur du le suivre jusqu’au commissariat. Mais ce dernier répondit qu'il était préférable que le policier mit son vélo dans l'automobile pour monter à côté de lui. C'est ce que fit M. Bénard.

Ils n'avaient pas fait cinquante mètres que l’automobiliste sortant un revolver de sa poche, tirait à bout portant sur le brigadier de la Sûreté qui fut atteint derrière l'oreille.

Bénard se jeta sur son meurtrier qui arrêta sa voiture pour se défendre. Une lutte s'engagea. Elle devait se poursuivre sur la route, car le brigadier avait réussi à y entraîner l’automobiliste..

Mais ce dernier déchargea une deuxième fois son arme sur sa victime qui, atteinte au ventre cette fois, s'écroula. Le meurtrier en profita pour prendre la fuite, après avoir déposé le brigadier devant la porte d'une maison voisine.

Quelques instants après alertés par la sonnette que le malheureux policier avait eu la force de tirer, les habitants accouraient à son se­cours. Le brigadier Bénard fut aussitôt  transporté à l'hôpital du Bon-Sauveur par la voiture de la police et examiné par M. le docteur Martin, qui a pratiqué une transfusion de sang dans la soirée. Aux dernières nouvelles, l'état du  brigadier Bénard est stationnaire. On espère qu'il n'y a pas eu perforation de l'intestin, mais il est impossible au docteur de se pronon­cer d'ici quatre ou cinq jours.

Nous souhaitons sincèrement un prompt rétablissement à la victime de cette odieuse agression.

Article du "Journal de Normandie" du 6 août 1941

La santé du brigadier Bénard

Tandis que la chasse à l'homme se poursuit inlassablement sur nos routes calvadosiennes, le sous-chef de la sûreté Bénard, première victime du bandit, repose sur son lit, dans un état aussi satisfaisant que possible, bien que toujours aussi sérieux.   

M. Graux , préfet du Calvados accompagné de M. le Maire et de M. le Commissaire central Charroy , se rendit à la clinique du Son-Sauveur où il décerna au sous-chef de la Sûreté Bénard, la médaille de vermeil des belles actions, que le gouvernement lui décerne également pour son attitude courageuse lorsqu’il fut attaqué par le bandit Hopper.      

MM. Graux, Détolle et Charroy présentèrent au blessé leurs vœux de prompt rétablissement: son état, quoique toujours sérieux, est aussi satisfaisant que possible.

Il prend sa retraite en janvier 1942 selon l'Ouest-Eclair du 30 janvier 1942 et meurt au Bon-Sauveur le 6 novembre 1942 selon l'Ouest-Eclair du 9 novembre 1942 .

 

Sources:
Archives départementales Calvados (ADC, 2 MI JX 175)

Archives de Jean Quellien

RETOUR GROUPE HOPPER