Témoignage présenté dans ce livre

M. Chapel est chef du PS N°3 à Sainte-Thérése dans la cave d’un immeuble en construction à l’angle des rues Formigny et Charlotte Corday.

L'entré du PS N°3

    « Le 12 juillet, un feldwebel arriva à Sainte-Thérése « Il faut évacuer de suite » me dit-il. Je discute, je demande l'officier et je me propose d'aller jusqu'au général. Sourire du hobereau, il n'y avait plus de général. La discussion continue et il ne veut rien comprendre. Il faut évacuer. Je n'obéis pas, il part.

    Une heure après, le sous-officier boche réapparait. Monsieur, me dit-il (mitraillette en main, prêt à faire feu), vous avez agi contre mes ordres, vous avez empêché les gens de partir, ils me l'ont dit. Je ne savais que répondre, je sentais que si j'avais la moindre hésitation, il m'abattait. Je lui répondis donc aussitôt en levant la tête bien haut et énergiquement :

     « Monsieur, je n'ai donné aucun ordre, la preuve peut en être faite immédiatement, en tout cas, je suis chef de poste ici et je ne partirai, le dernier bien entendu, que lorsque vous-même, aurez fait évacuer tous ces malheureux, vieillards, malades, femmes et enfants qui se sont mis sous la protection de la Croix-Rouge internationale hissée sur ce bâtiment qui les abrite et comme vous pouvez le constater encore ».

    Furieux, il partit, niais pas pour longtemps, car le lendemain, vers 10 heures, un autre sous-officier revenait avec le même ordre d'évacuer sans délai, je refusai encore, puis demandait à parler à l'officier. Le sous-officier attendit son supérieur. Pendant ces courts instants, j'eus l'heureuse idée de faire prévenir tout le personnel de l'abri de se coucher immédiatement. L'officier allemand arriva avec sa brutalité coutumière, je lui dis :

    « Monsieur, vous pouvez nous faire tuer tous, mais tant qu'il y aura dans cet abri un vieillard, une femme, un enfant vivants, notre devoir de Croix-Rouge internationale, je vous le répète, est de rester ici, mon personnel et moi ; d'ailleurs, venez voir ».

L'Allemand descend à la suite de M. Chapel, dans les caves, où les réfugiés conscients du danger tiennent admirablement leur rôle.

    "On sentit que devant la vision de ces épaves humaines, la conscience de la brute germanique était ébranlée, mais son œil exercé à la recherche des vengeances n'avait omis de remarquer que parmi cette foule en détresse, il y avait quelques jeunes gens restés auprès de leur famille. Il exigea l'évacuation sur le champ de ces derniers en prescrivant de lui fournir un état nominatif de tous les hommes présents de 16 à 35 ans. Quel ordre pénible pour moi à exécuter. Et cependant, il était impossible de s'y soustraire. Volontairement, quelques-uns, comprenant la gravité de l'heure, vont prendre le chemin de l'exode, car le hobereau avait ajouté :

    « Si vous ne les évacuez pas, nous les prendrons ».

    On ne comprenait que trop le sens de ces trois derniers mots.

    L'état exigé fut fait, mais il n'a jamais été remis aux tortionnaires allemands.

    En plus des volontaires partis (pas très loin), nous réussissions â en cacher d'autres dans des caves proches où ils étaient momentanément en sécurité. Chaque jour, Mme Chapel leur envoyait la nourriture par des camarades, d'autres s'embusquèrent par leurs propres moyens et, bien qu'aucun ne fut trouvé, les Allemands revinrent encore pour donner l'ordre d'évacuer."

A la suite de cet ordre, des personnes qui participaient à la vie de la communauté durent se cacher et le ravitaillement devint de plus en plus difficile à assurer. Quelques jours après, heureusement, la rive droite était libérée.

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