Dans cet article intitulé :

                                                      La vie à Caen pendant la bataille  

Planimètre de 1931 pour situer les rues.

Nous allons voir comment les Caennais ont vécu cette période du 6 juin au 19 juillet 1944.
Pour ce faire nous allons suivre le plan suivant :

Ce qui avait été prévu et organisé

 Ce qui arriva


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I- CE QUI AVAIT ETE PREVU

1-L’Organisation de la Défense Passive (D.P.) à Caen .

C'est le nom d'un organisme crée par un décret de loi du 11 juillet 1938 prenant en charge la protection des civils pendant la guerre. . Chaque canton désigne les membres de la D.P. qui prennent les mesures qui s'imposent en matière de protection et de ravitaillement. Chaque ville est découpée en secteurs eux-mêmes partagés en îlots qui sont à leur tour, divisés en immeubles et abris. A chaque échelon, un responsable est chargé de faire respecter les règles édictées.
C'est la DP qui organise les centres d'accueil (C.A.) pou les réfugiés, leur trouve des abris et de la nourriture, organise leurs déplacements.
Elle montre toute son efficacité pendant la bataille de Normandie, plusieurs de ses membres sont victimes de leur dévouement.
A Caen, une rue rappelle leur souvenir.

Responsable : M. Joseph Poirier , 3ème adjoint au maire, directeur urbain de la Défense Passive.

PC central dans les caves de l’Hôtel de Ville (l’abri du Commissariat Central à l'ange de la rue Auber et de la place de la République)

Source. Avant la guerre

Après les bombardements

                     

                                                                                 Agrandissement du portail d'entrée.                     Localisation du PC central de la DP


La ville est divisée en 6 secteurs, divisés en nombreux îlots. Le plan général de Caen:

- le secteur n° 1 avec le PC rue Gabriel-Dupont (ou rue René Perrotte) dans le garage de M. Benassar

 

 

De l’Orne au sud, à la place Saint-Sauveur, au nord, de la rue Saint-Jean, à l’est à Venoix à l’ouest. Il se limitait par l’Orne, la rue Saint-Jean, la rue de Geôle, la rue Calibourg, la rue des Croisiers, la rue et la place Saint-Sauveur, la rue Guillaume-le-Conquérant et la rue Caponière.

 

 

 


- le secteur n° 2 avec le PC au Palais de Justice

 

 

 

 

 

 

Limité au sud par le secteur n°1, à l’est par la rue de Geôle, la rue du Gaillon et la rue du Magasin-à-Poudre, au-delà des carrières Saint-Julien, à l’ouest par La Maladrerie qu’il contrôlait également.

-

 

 

 

 

 

Source. Le palais de Justice, place des Tribunaux.

 Le secteur n° 3 avec le PC  29 rue des Cordes


 

 

 

 

 

 

 

 

Limité à l’ouest par les secteurs 1 et 2 et au sud par la place Saint-Pierre, le boulevard des Alliés et le port. Il s’étendait jusqu’à Saint-Jean-Eudes.

 

 

 

 

 

 

 


- Le secteur n° 4 avec le PC rue Neuve-du-Port (ou rue du Vaugueux selon ).


 

 

 

 

Etait coincé entre les secteurs 1 et 3. Il allait de l’Orne au boulevard des Alliés et de la rue Saint-Jean au port.

 

 

 

 


- Le secteur n° 5 avec le PC rue de Falaise.


 

Comprenait tout le quartier de Vaucelles entre les boulevards Leroy et Lyautey et l’Orne.


 

 

 

 

 -Le secteur n° 6 avec le PC dans les caves d'un immeuble en construction à l'angle  de la rue de Formigny et de l'avenue Charlotte Corday (Sainte-Thérèse)


 

 

 

S’étendait au-delà des deux boulevards Le Roy et Lyautey jusqu’aux limites de Caen.

 

 

 

 

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2-Plan d’organisation sanitaire de la Défense Passive

Il devait entrer automatiquement en action en cas de bombardement. .
Responsable : docteur Jean-Simon Cayla, Directeur de la Santé et des Services Sanitaires de Protection Civile du  Département du Calvados.

3 postes sanitaires (PS) où les blessés devaient être amenés par les agents de la DP étaient prévus et prêts à fonctionner :


 

 

 

 

 Le PS n° 1, 5 rue des Carmes au pensionnat Saint-Jean, pour le quartier central, directeur M. Asseline, adjoints M. Goupil et M. Bazard. Sept médecins (médecin-chef docteur Delobel avec les docteurs; Delpérier, Hissard, Gosselin, James Paul, Porin et Quermonne), 8 infirmiers et 25 à 30 brancardiers et secouristes.

 

 

 

 

 

-

 

 

 

 

Le PS n° 2, au 2 place Blot dans la maison Lhermitte (Jardin des Plantes) pour la périphérie rive gauche, directeur M. Raymond Rolland, adjoint Lebourgeois et médecin-chef docteur Lemarinier.

Un poste annexe est installé rue Saint Gabriel dans les locaux de la Société Normande d’Alimentation.

 

 

 

 

 


 

 

Le PS n° 3, dans les caves d'un immeuble en construction à l'angle  de la rue de Formigny et de l'avenue Charlotte Corday (Sainte-Thérèse)

 

 

 

 

 

 

Directrice Mme Chapel directeur adjoint M. Chapel de la DP, trois médecins (docteurs Friley, Guesdon et Fontaine), neuf infirmières ou élèves, infirmière-major Mme Fauveau (septuagénaire !), une vingtaine de brancardiers et secouristes (dont Michel, Pernot, Prudhomme, Duprat, Hazet), infirmier-major M. Mutel et deux ambulancières avec leur ambulance. Au total 25 à 30 personnes.

Un laissez-passer au nom de Lucien Piérard agent de la DP affecté au secteur 6, PS N°3

 

 

 

 

 

 

 

Tous les PC et PS se reliaient par une ligne spéciale à la direction (PC central à l’Hôtel de Ville).

 

 

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2-1 Le plan d’organisation chirurgical selon un plan d'organisation du 17 mars 1944, avec deux hôpitaux rive gauche:


- le Bon-Sauveur

 

rue Caponière, médecin chef docteur Digeon, trois équipes chirurgicales des docteurs Chaperon, Guibé et Maugeais (auxquels viendra se joindre le 6 juin, le docteur Lacroix, arrivé de Paris 48 heures plus tôt).

 .


 

- la Miséricorde

La communauté de la Miséricorde occupe le terrain compris entre la rue des Carmes, (entrée principale de la communauté et de la première clinique, l'hôpital provisoire), la place Singer (groupant la Chapelle et la Clinique du Sacré-Cœur et la place d'Armes (où se trouve le dispensaire transformé en hôpital depuis 1940, les équipes chirurgicales des docteurs Dastugue, Martin et Morice. 

 .

 

 

 

Source. La communauté de la Miséricorde

NB : l’hôpital civil de la route de Ouistreham, était au début de la bataille un Kriegslazarett réservé aux allemands, excepté un service de contagieux au Pavillon N°6 une quarantaine de lits, l'Ecole d'Infirmière (directrice Mme Saule) et la Communauté des Sœurs Augustines. Depuis 1940, lors de l'invasion allemande, l'hôpital de Caen, route d’Ouistreham,  fut occupé. Les services étaient éclatés au Bon Sauveur, à la Miséricorde, à la clinique Saint Martin et à l’hospice Saint Louis.

"Source Collection Résistance et Mémoire " Inhumation des soldats décédés dans le deuxième sabotage d'Airan. Photos prises début mai 1943 à l'entrée de l'hôpital civil Clemenceau transformé en hôpital militaire par les allemands voir la banderole au-dessus du portail d'entrée KRIEGSLAZARETT.
 

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2-2 Le Plan de secours :

-

 

- la clinique Saint-Joseph (ou clinique des Oblates), 11 rue de l’Engannerie.
- la clinique Saint-Pierre, 53 rue du Vaugueux, en face de l'école Saint-Pierre.
- la clinique Saint-Martin, avenue de Courseulles.


 

 

 

 

 

 

 -l’hospice des Petites Sœurs des Pauvres, Bd Lyautey (rive droite) avec une salle d'opération de secours.

 

 

 

 

Les Petites Sœurs des Pauvres

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3-Les Centres d’Accueil (les CA)

Dans le plan municipal d’organisation de la ville en cas de bombardements, cinq CA étaient prévus :

 

Organisation dotée d’un personnel qualifié, mise au point par M. Poirier , directeur urbain de la D.P. avec le concours de M. Pierre Marie, alors secrétaire-adjoint de la Mairie

             

 

                                                                                                                                                               RETOUR SOMMAIRE

1-Le Centre d’accueil n°1 des Petites Sœurs des Pauvres sur la rive droite.

     Le domaine des Petites Sœurs des Pauvres, administré par la Sœur Supérieure Saint Marie-Bernard, qui se trouve sur les hauteurs de Vaucelles à la croisée du boulevard Lyautey et de la rue Porte-Millet n’abrite plus dans ses vastes locaux, à la veille du débarquement, qu’une vingtaine de vieillards. La direction de ce Centre avait été confiée à M. Dupont, vétérinaire, assisté de M. Laberthe. Le 6 juin la direction et son équipe: Mr et Mme Laberthe et l'abbé Couesnon, vicaire de Saint-Michel de Vaucelles. sont à leur poste, sauf les Equipiers d’Urgence qui se sont dispersés.

2-Le Centre d’accueil n°2 à la salle Mauger, rue Mélingue, avec annexe à l’Office Municipal de la Jeunesse (OMJ), 28 rue Saint-Jean.

3- le Centre d’accueil n° 3 à l’Institut Lemonnier, rue de la Pigacière pour Saint-Gilles. Directeur le Père Gouriou, directeur de l’Institut Lemonnier.

4-Le Centre d’accueil n°4 au Lycée Malherbe

 Le Lycée Malherbe.

L’îlot sanitaire regroupe le Bon Sauveur (centre d’accueil et hôpital), le Lycée Malherbe (centre d’accueil et hôpital complémentaire) et Saint Etienne (centre d’accueil) Comment l'îlot sanitaire fut-il protégé ?

5- Le Centre d’accueil n° 5 au Bon-Sauveur

Il avait été organisé par le colonel Besnier quelques semaines avant le débarquement.

Au total 354 personnes pouvaient être logées, dont 124 au BS dans des dortoirs munis de lits.

10 000 lits se trouvaient prévus pour les CA ou recensés chez les particuliers, des cantines étaient prêtes à fonctionner en différents points de la ville, des « bulletins d’admission » comprenant des coupons détachables pour 60 repas étaient imprimés.

De nombreux exercices et aussi quelques bombardements de peu d’importance avaient sérieusement « rodé » tous les rouages de cette organisation. .Les ordres de réquisition et consignes d’exécution avaient été distribués au personnel et les différents plans et dispositions communiqués aux autorités responsables. Enfin le lundi de Pentecôte, 29 mai 44, un exercice d’ensemble, une sorte de répétition générale mettant en mouvement le personnel de tous les secteurs, prouva aux Caennais que la DP était prête à remplir sa mission.

 

 

 

L'effectif était de 1000 personnes dont 101 infirmières et 225 secouristes/brancardiers, on peut noter le parc d’ambulances 10 au total soit : 3 à la DP, 4 à la Croix Rouge Française (CRF) et 3 aux hôpitaux publics.

Hélas ! Les prévisions les plus pessimistes restaient bien en deçà de ce qu’allait être la réalité.

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II- ET CE QUI ARRIVA 

1-Pour la Défense Passive

Les journées des 6 et 7 juin furent terribles pour tous, et portèrent de rudes coups à la DP.

Sur 1 000 DP, une petite moitié resta à Caen, il y eut de nombreuses défections les deux premiers jours; tout fut à réorganiser dans la fièvre. M. Poirier s’y employa avec son adjoint M. Tardif, notaire .

Lire ici un bon de convocation pour requis non présent à son poste .
Les restants firent splendidement leur devoir et 67 d'entre eux tombèrent à leur poste et en cours de missio
n. Une plaque commémorative est située dans la cour intérieure de l'Hôtel de Ville:

Merci à Claude pour la photo

" La Ville de Caen reconnaissante aux volontaires et requis de la Défense passive tombés victimes de leur dévouement dans la Bataille de Caen, Juin-Juillet 1944."Elle comporte 64 noms.

Rue Manissier, en direction de la rue Basse, des civils sont évacués vers l’Îlot sanitaire de Saint Etienne . A l’arrière de la colonne un agent de la Défense Passive avec son casque Adrian blanc.

 

 

Le PC n°1 fut détruit, ravagé par le feu. Il fut transporté rue Paul-Doumer chez M. Planquette. M. Rouxel sous-chef de secteur prit le commandement, sous ses ordres une centaine d’hommes, ce fut le secteur le plus étendu de la ville.

 

 

 

 

Le secteur n°2 fut commandé par M. Paul Lelièvre , et après son assassinat par un Waffen-SS le 9 juillet, par M. Le Testu.

 

Le PC n°3 détruit s’installa dans la cave du 50 rue du Vaugueux.

Localisation du PC N°3

Il fut constamment bombardé, les hommes du poste tombèrent les uns après les autres, sous les ordres à la fois de M. Marcel Jaeger qui sera tué le 7 juillet et de M. Jaoüen grièvement blessé, une bombe touche l’abri où 10 hommes sont tués.

 

Le PC n°4 détruit, chef M. Cliquet, ne fût pas remplacé, tout le secteur étant à peu près rasé depuis le 7 juin.

 

Au PC n°5  le chef M. Louis Dommanget fut tué le 6 juin , le PC se replia sur les hauteurs dans les locaux des Petites Sœurs des Pauvres, boulevard Lyautey. 10 hommes sous les ordres de M. Joseph Grégoire .

Localisation du PC N°5

Le PC du secteur n°6 chef de secteur capitaine Delavigne et son adjoint M. Janot avec une quinzaine d’hommes reste rue de Formigny et leur vie se mêla intimement avec celle de leurs camarades du PS n°3 et du CA qui s’y implanta.

Le PC de l’Hôtel de Ville, encadré par les bombes, perdit le contact et ses locaux s’effondrèrent,

le PC de direction fut transporté au Lycée Malherbe, le 7 juin vers 17h00.

Localisation du PC central de la DP, déménagement du Commissariat Central à l'hôtel de ville au lycée Malherbe.

                      

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2-Pour les Centres d’Accueil

L’organisation se trouva paralysée dès les premiers bombardements qui anéantirent :

    -le Centre 2 (Salle Mauger et l’O.M.J.) qui fut rattaché administrativement à l’organisation Sainte-Thérèse

    -le Centre 3 (l’Institut Lemonnier) fut rattaché à l’Hospice Saint-Louis

Certains lieux furent envahis, dès le 6 juin après-midi, par les réfugiés et devinrent des Centres d’Accueil, par exemple :

    -l’Église Saint-Étienne et le Palais de Justice rattachés au Lycée Malherbe

    -l’Hôpital Civil et l’Hospice Saint-Louis (ex CA n°3)

    -Sainte-Thérèse, rue de Formigny

D’autres centres d’accueil naquirent spontanément de la bataille et furent régis par des organisations privées :

    -le Préventorium de Fleury-sur-Orne

    -le Lycée de Jeunes Filles, rue Pasteur

    -et enfin les divers abris ou carrières

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2-1 Les Petites Sœurs des Pauvres

Fut à la fois :

    -un Centre d’Accueil, 500 réfugiés recensés le 7 juin.

    -un relais du Secours National pour les réfugiés qui fuyaient Caen soit vers les carrières de Fleury-sur-Orne soit pour la région de Trun (Orne) avec Mrs Pouchin et Gérard.

    -un hôpital « dissident » avec 30 lits, 38 personnes dont 1 médecin, 11 infirmières religieuses et civiles, 4 conducteurs d’ambulance et 6 brancardiers.

Dès le 6 juin les sauveteurs brancardent aux Petites Sœurs des Pauvres tous les blessés découverts dans le quartier qui reçoivent des soins de M. Dupont, vétérinaire, car il n’y a pas d’infirmière au Centre d’Accueil.

Une nouvelle équipe est formée par Gilbert Detolle et Yves Bourgin avec: Mrs Guignon, Dupont, Queudeville, Ferté, Louis Grégoire, Fontaine et  Guérin. Mr Person est délégué permanent et administrateur du centre avec l'aide de M. Joseph Grégoire , chef du secteur N°5 de la DP.

N.B. le PS de la rive droite est à Sainte-Thérèse à 1,4 Km de distance.

Une ambulance, celle de Mlle Ferté fait la navette jusqu’à l’Orne pour transporter les blessés graves jusqu’au Bon-Sauveur ; une équipe de pompiers peint sur les toits des croix rouges ; un dépôt de médicaments trouvé rue de Falaise, est transporté boulevard Lyautey.

Les Sœurs  de La Mère Supérieure Marie Bernard font les repas, en moyenne 300 midi et soir ; le docteur Friley du PS n° 3 vient donner, chaque jour, des soins aux blessés légers. L'abbé Couasnon, vicaire de Vaucelles se dévoue auprès des blessés et des mourants.

Autour du 25 juin, le docteur Mabille récupère du matériel à la clinique de la rue Guynemer et met en service la salle d’opération aidé par le docteur Guesdon de Cabourg et une infirmière. Les deux ambulancières du PS n° 3 (Mlles de Veye et Heiniger) participent aux transports nécessaires.

Le 7 juillet, les blessés de Mondeville et Colombelles arrivent et l’afflux continue le lendemain avec 32 blessés graves dont 10 moribonds. La maternité du Préventorium de Fleury-sur-Orne est évacuée également à cette date une dizaine de femmes accouchent aux Petites Sœurs des Pauvres en quelques jours.

Le 9 juillet, arrive une autre plaie, des Waffen-SS qui veulent transformer l’établissement en point d’appui fortifié, des vieillards de plus de 80 ans sont obligés de creuser des tranchées ; les menaces d’évacuation sont de plus en plus pressantes.

Le 11, des ambulances venues de Giel (Orne) chargent 85 blessés les plus graves et repartent aussitôt ; le 12 juillet, il ne reste plus que qu’une vingtaine de personnes dont 5 religieuses et quelques blessés. L’équipe chirurgicale improvisée « dépose les armes » le 19 juillet.

Lire un témoignage

                                                                                                                                                                                    RETOUR SOMMAIRE

2-2 Le CA de Sainte-Thérèse

Le plan municipal ne prévoyait pas de CA à Sainte-Thérèse ; mais les caves de l’immeuble de l’avenue Charlotte Corday qui abritaient le PS n°3 et qui étaient placées sous le signe de la Croix-Rouge , attirèrent irrésistiblement, le 6 juin, et les jours suivants les gens du quartier.

M Chapel les autorise à s’installer dans l’aile du bâtiment qui s’étend sur la rue Formigny. Il confia la responsabilité du CA à M. Drouin assisté de M. Huet qui peu à peu organisa tous les services. Les caves furent meublées avec les tables et les bancs de l’école de la rue Victor Lépine qui procurèrent un minimum de confort aux réfugiés. Quant au confort moral il était fourni par le prêtre de la paroisse le chanoine Vautier, ainsi que par l’abbé Maurin (ou Morin) de Cormelles et le R.P. Duperray curé d’Ouilly-le-Vicomte.

2-3 Le CA n°4 Lycée Malherbe

 La façade du Lycée Malherbe, à droite l'église Saint Etienne

  

                                                                               

Le plus important de tous, à tous points de vue :

2 500 à 3 500 réfugiés jusqu’à début juillet et jusqu’à 8 000 au moment de l’attaque pour la libération de la rive gauche le 9 juillet (y inclus Saint-Etienne et le Palais de Justice, puisqu’il s’agit des chiffres de la cuisine tenue par M. Jehan Le Hir )

Le Parloir-Mairie est envahi après les bombardements du 6 juin à 13h30 ; le dimanche 10 juin, le préfet nomme M Bouysset, inspecteur d'académie,  comme responsable qui à son tour forme son équipe: M. Lamy est délégué directeur-adjoint, M. Bardet, censeur du lycée est responsable de l'organisation générale, M. Barriau (ou Bériaud), économe, est responsable du ravitaillement, tandis que le service de santé revient aux Docteurs Lemarinier et Lebroussard (assistés des Docteurs Collete et Brediger - soins enfants-), M. Legué se charge de la police du centre, et M. Rivière, accompagné de jeunes équipiers d'urgence de René Streiff, aide aux tâches diverses. Une équipe de "piquet d'incendie" est créée par le capitaine Kersaint. (Kravtzoff de son vrai nom, Kersaint était son nom dans les FFL. Il débarque le 9 juin à Gold Beach. Il fut ensuite pendant 3 jours maire provisoire d'Arromanches avant de gagner Caen. Courrier de son petit-fils du 29 mai 2012)

Dans ces témoignages sur la cuisine du centre d’accueil, M. Jean Le Hir cite : M. Champion, le sous-économe. Un autre témoignage cite: M. Sicot, le surveillant général chargé du ravitaillement.

Un ingénieur des Chantiers Navals, M. Thirion, a apporté ses outils et aidé d'un contremaître, il exécute des poses de verrous et de vitrex, demandés de toutes parts.

M Louis Trouchu, entrepreneur avec deux membres de sa famille peint de grandes croix rouges   sur les murs et les toits du Lycée.

 

 

 

 

Photo allemande, photographe Arthur Grimm, date: juin 1944,  voir la croix rouge sur le toit et le peinture d'une croix rouge dans un carré blanc sur des tôles ondulées dans la cour du Lycée Malherbe.

Citation  de Joseph Poirier (document daté du 8 décembre 1944)

"Le 10 juin, On peint sur le Lycée Malherbe, sur les bâtiments du Bon-Sauveur, sur le Lycée de filles, d'immenses croix rouges. Avec des tôles peintes au minium, avec des chiffons écarlates, avec des cartes de géographie découpées, on en fait d'autres au sol."

Comment l'îlot sanitaire fut-il signalé aux Alliés ?

 

 

 

Captures d'écran de ce film, la façade du Lycée Malherbe avec deux "Croix Rouges"

Source film British Movietone News. Dans les jardins du Lycée Malherbe.

 

Les réfugiés campent dans la salle des fêtes. Les dortoirs du premier étage sont réservés aux malades, ceux du second aux infirmes et vieillards (jusqu’au 30 juin date de leur évacuation, dans des conditions scandaleuses, à la carrière des Coteaux de Fleury-sur-Orne), le reste des locaux est rempli de réfugiés qui finissent par envahir le bâtiment principal jusqu’aux toits.

Ensuite deux cours, une réservée aux cuisines, l’autre abrite le cloître sous lequel campent en plein air des réfugiés.

Sous la plupart des bâtiments il y a de solides caves, abris en cas de bombardement qui accueillent plusieurs milliers de personnes.

 

 

 

 

 

Promenade du cloître

Photo Credit: Canada. Dept. of National Defence / Library and Archives Canada. Le cloître de l'Abbaye aux Hommes.

 

 

 

                        Photo de propagande                                                                Une réfugiée dans le cloître

Source film British Movietone News. Des réfugiés prennent un repas dans l'îlot sanitaire.

Source film British Movietone News. Portraits de réfugiés.

M. Subrenat est responsable du « fichier » recensement permanent des hôtes du Lycée.

Le couple de concierge M. et Mme Lefèvre, dans leur jardin bien clos ils soignent leurs poules et celles des réfugiés !

M. Chesnay (ou M. Lucien Chesnais) avec Henri Louvel est responsable de l’approvisionnement en eau des cuisines, au début avec des barriques de 225 litres charriées sur un camion à bras et à longueur de journée, (voir le paragraphe 4-1)

Docteur Lebroussard est responsable du service d’hygiène

Service de blanchisserie : lavage du linge dans l’Odon

Plan du Bon Sauveur: la buanderie au delà de la rue des Blanchisseries, près de l'Odon. Source du plan.

Service de police et de sécurité : 4 équipes de 2 hommes font des rondes de 22h00 à 06h00

M Marcel Crétin-Vercel, rédacteur en chef du quotidien "La Presse Caennaise",  rédige chaque jour un communiqué sur les opérations militaires. (Quelle conversion pour ce journaliste qui s'était déclaré pour la collaboration dès le 30 juillet 1940 et qui écrivait le 2 septembre 1941: "Lorsqu'un Français met l'aiguille de son poste de TSF sur la radio de Londres, il accepte sciemment de s'inoculer le plus nocif des virus de la haine et de la violence". Cf page 95 de ce livre)

Dans ce film tourné par un opérateur de France Actualités le 25 juin 1944, vers la fin des enfants dans le cloître. Vous remarquerez l'outrance des propos: 8 à 9 000 cadavres! (la réalité un peu moins de 2 000)

Après la libération de la rive gauche, le 9 juillet, le CA est réorganisé M. Lecomte, professeur au Lycée Malherbe est nommé directeur avec M. Clauzet, chef-adjoint à la main d'œuvre.

Si le Lycée Malherbe ne reçoit aucune bombe, il est, par contre, copieusement arrosé d’obus, d’abord par les alliés, ensuite par les allemands. Selon M. Joseph Poirier : 57, faisant plus de 50 victimes (21 tués et une trentaine de blessés)

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2-4 Le CA municipal n° 5 du BS

Il jouissait à l’intérieur du BS de la même autonomie que l’Hôpital Civil.

Le 6 juin tous les responsables sont à leurs postes : le colonel Besnier, le commandant Fraigneau, M. Munier assisté de M. Arsène.

Les premiers arrivants trouvent aisément à se loger mais les lits sont vite occupés et il faut préparer de la paille pour les autres.

Le 6 juin au soir, 300 personnes sont déjà hébergées, le lendemain 700. Le 16, on en compte 1 250. Le 1 juillet -l’ordre d’évacuation a été suivi malgré tout- il n’en reste plus que 600, mais le 9, lors de la libération de la rive gauche, le CA fera de nouveau le plein avec 1 225 réfugiés qui se réduiront à 120 le 17 juillet après le grand départ pour Bayeux.

Pour loger tout ce monde, la direction réquisitionne les deux salles de classe de l’école de la rue Saint-Ouen, elle renonce à utiliser l’école Desbonnet  mal située.

Elle annexe une dépendance du pavillon Saint-Charles, elle utilise également un bâtiment neuf (un pavillon en cours de construction sans plancher et sans fenêtres) voisin de Saint-Joseph. D’autres réfugiés campent en plein air sous le Cloître.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

et même sous les arbres de la Communauté. La cuisine est à la diligence de l’établissement du BS,

des corvées organisés par Mrs Leneveu et Lohédo vont chercher les plats à la Communauté qui sont servis, par douze services durant trois heures, au réfectoire de Saint-Vincent.

Le CA possède une infirmerie : docteur Aumont avec l'interne Tartar et des infirmières bénévoles (Mmes Besnier, Martinet et Mlle  Catoir)  et une pouponnière avec Mmes Ruffin, Dussoir et Mlle Lagoutte.

Le centre fermera définitivement le 15 octobre, plus de 200 obus sont tombés sur le Bon-Sauveur et le Lycée Malherbe en faisant 50 morts et plus de 100 blessés.

Lire un témoignage

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2-5 Le CA de Saint-Étienne

   

Au premier plan le Bon Sauveur en arrière plan Saint-Étienne.

 

Source. L'église Saint Etienne.

La vie matérielle est organisée par M. Lenfant, agent de la DP, qui a établi son PC dans la chapelle Hallebout, son équipe: l'abbé Lenormand et Mrs Paul Adam, Leclerc, Giffard, Quesnot, Perron, Lelièvre et Billy.

1 400 réfugiés trouvent asile chaque nuit dans l’abbatiale mais 850 seulement sont ravitaillés par le PC. Mgr Léon des Hameaux, 78 ans,  et le chanoine Pelcerf partagent la vie des hôtes de Saint-Étienne.

A gauche, source. A droite: (Photographe: Ken Bell. National Archives of Canada, PA 116290) Civils réfugiés dans Saint-Etienne, le 10 juillet 44

Des cinéastes allemands d'une compagnie de propagande (Propagandakompanie -PK) viennent prendre des vues du CA.

Lire ce témoignage par lequel Jean-Hérold Paquis est venu à Caen.

Les premiers canadiens de la 3è division d’infanterie (certainement les Glens) pénètrent dans Saint-Étienne le 9 juillet à 13h45.

 

 

 

 

Le 9 juillet 44 à 13H30, 43 rue Caponière des caennais fêtent l’arrivée des canadiens. On trinque tandis qu’un soldat surveille aux alentours. Au centre Mme David. Il s’agit très certainement de Glens (The Stormont, Dundas and Glengary Higlanders de la 9th Brigade de la 3rd Canadian Infantry Division). Témoignage de Mme David : au moment de la photo, un canadien installait une ligne téléphonique en face de la maison, quelques minutes plus tard un obus le pulvérisa ; ces canadiens étaient francophones.

 

 

 

 

 

 

 

 

p010318 Photo : Conseil Régional de Basse-Normandie / Archives Nationales du CANADA  Agrandissement

De la nourriture est apportée aux civils dont les maisons ont été bombardées et qui sont réfugiés dans l'église Saint Etienne. Les sacs de nourriture sont transportés sur un chariot, tiré par un cheval.
Photo prise sur le parvis devant l'entrée du Lycée Malherbe, Place du Lycée qui deviendra Place Mgr Léon des Hameaux en hommage à l'attitude du Doyen de St Etienne empreinte d'une grande humanité lors des bombardements de Juin et juillet 1944. Au fond le mur de l'École Normale de filles maintenant bâtiment des Archives municipales où sont conservées de nombreuses photos figurant sur ce site. L'arbre dans la cour existe toujours ! 

 

 

 

 

 

 

    

Les réfugiés dans l'Église Saint-Étienne. Quatre photos tirées du site de la ville de Caen

Source. Des réfugiés dans une chapelle latérale de Saint Etienne. Source. Des réfugiés dans la nef centrale de Saint Etienne

Voir un film tourné par les Alliés  (à partir de 01:33) après la libération, le 12 juillet : les réfugiés dans l'Abbaye aux Hommes et l'évacuation:

Dans la nuit du 13 au 14 juillet, un obus allemand éclate dans le haut de la nef côté évangiles, deux sœurs meurent écrasées par des pierres tombées de la voûte.(plusieurs blessés dont mon grand oncle qui fut amputé d’une jambe)

L’évacuation est décidée, mais au moins 300 récalcitrants s’y maintiennent. Les Canadiens installent un poste de soin avec deux camions de la Croix-Rouge dans l'abbatiale et un poste de guet relié au  PC central de la DP pour situer avec l'aide de M. Lenfant les points de chute des obus allemands.

L’église a reçu 19 obus.

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2-6 Le CA du Palais de Justice.

 

Un abri souterrain avait été sérieusement aménagé par les allemands pour 80 personnes.

Dès le 6 juin, 150 personnes s’y entassaient et l’ensemble du Palais compta vite plus de 250 réfugiés. Rappelons que le Palais de Justice était le siège du PC du secteur n°2 de la DP. La justice continua à fonctionner, dès le 14 juin suite à la création d’une Police de Sécurité, des pillards furent sévèrement jugés et ce jusqu’au 5 juillet, puis de nouveau à partir du 15 juillet.

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2-7 Le CA du Lycée de jeunes filles de la rue Pasteur.

Lycée de Jeunes Filles façade rue Pasteur, de nos jours.

Il avait été réquisitionné en juin 40, les Allemands y installent un hôpital militaire puis un abri anti-aérien dans la partie de l’établissement qui regarde l’allée des Fossés Saint-Julien, qu’ils évacuent fin avril 44. Mme Barrière, la directrice, fait remettre en état les locaux et désinfecter l’abri et les paillasses et châlits qui y étaient demeurés, à la fin mai, le local était prêt à recevoir une centaine de personnes.

Dès le matin du 6 juin, quelques professeurs se réfugient rue Pasteur, dès 10h30 les Equipes Nationales dont la permanence était en face du Lycée sans abri solide, installent une partie de leurs services dans les locaux du Lycée. Après le bombardement de 13h30 l’abri est pris d’assaut et saturé par les habitants du quartier.

A partir du 8 juin, M. Besnier, professeur à la faculté de Droit et officier d'E-M, accepte d’assurer la lourde charge de la direction et ce jusqu’au 27 juin, date à la quelle il fut remplacé par son collègue et adjoint M. Fréjaville.

Quelques jours après l’ancienne cuisine du Lycée située au sous-sol fut remise en service par des bénévoles, ainsi que le ramassage de denrées alimentaires dans les magasins d’alimentation en ruines, des boulangers de la place Saint-Sauveur et de la rue Froide continuèrent à cuire le pain, l’eau était prise dans le puits du couvent des Bénédictines contigu, l’éclairage (pétrole et acétylène), des matelas et des couvertures récupérées dans les ruines de La Miséricorde, ainsi qu’une attribution de denrées par le Lycée Malherbe.

Les caves de la Faculté, toute proche, abritent environ 90 personnes qui sont ravitaillées par les cuisines du Lycée de Jeunes filles.

Le 29 juin, les réfugiés suivent l'ordre d'évacuation et prennent la route de l'exode.
 

A gauche la Place Saint-Sauveur, à droite la rue Froide

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2-8 Le CA de l’hôpital Civil. Avenue Georges Clemenceau

Le poste sanitaire allemand est situé dans les caves de la clinique, leurs premiers blessés affluèrent le 6 juin, mais le 8, les Allemands quittent les lieux, laissant la place à des contagieux.

600 à 700 réfugiés trouvent asile dans les caves aménagées sous plusieurs pavillons.

Restaient à l’hôpital 40 malades contagieux en traitement au pavillon N°6.

Responsables : M.Lucien Trouvay, ancien ingénieur de la Marine et M. Raymond Bauduin, économe. Lire ici le témoignage de son neveu.

Le 12 juin, le docteur Olivier est nommé directeur de l’hôpital Civil-Hôtel Dieu qui regroupe les 2 établissements l’Hôpital Civil et l’Hospice Saint-Louis avec un personnel de 58 personnes dont 2 médecins, 1 pharmacien (M. Feutry), 4 internes et 30 religieuses. Parmi les religieuses Augustines on peut citer l Sœur Louis de Gonzague et la Sœur Marie-Paul Fortineau.

Source: photo Philippe Bauduin (le 23 juin 44 était un vendredi)

Après l’arrivée des Canadiens le 9 juillet, presque aussitôt l’hôpital fut sous le feu de l’artillerie allemande jusqu’au 16 août. A tel point que les Anglais qui avaient réquisitionné un pavillon pour leurs blessés, n’insistèrent pas et vidèrent les lieux !

2-9 Le CA de l’hospice Saint-Louis Hôtel Dieu. Avenue Georges Clemenceau.

L’hospice hébergeait le 6 juin:

 la pouponnière 62 enfants avec 14 adultes dont 3 infirmières (le docteur L’Hirondel passait chaque jour), ils partirent pour le Bon-Sauveur le 30 juin.

Trois services hospitaliers : médecine homme (80 malades), médecine femme et CAC. Ils partirent à l’hôpital des Coteaux à Fleury sur Orne le 29 juin.

 

 

 

A gauche l'entrée de l'hospice Saint Louis.

Les réfugiés s’entassent dans les caves, dans les couloirs, dans la crypte de l’Abbaye aux Dames et aussi, car la place est insuffisante, dans les tranchées creusées dans l’immense parc de 750 m de longueur qui sépare l’hospice de l’hôpital.

1 500 réfugiés environ sous la responsabilité du père Gouriou (directeur de l'Institut Lemonnier), une quinzaine de Pères Salésiens et une vingtaine de religieuses de la communauté des Soeurs Servantes de Jésus (dont les Soeurs: Hardy, Langeliers et Bourneuf) avec M. Payen et M. et Mme Bouts.

Service médical : Docteurs Hardré et le médecin colonel Pinchon assistés des internes Letrou et Lefillâtre. Une biberonnerie avec Mlle Thomine.

  Lire 3 témoignages: témoignage dune infirmière, un autre témoignage et ce témoignage.

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2-10 L’abri du Sépulcre

Situé place du Sépulcre (quartier Saint-Gilles).

Source. Le sépulcre.

Source. Sous réserve, l'entrée de l'abri. Source.

Il s’agit d’un abri souterrain très profond, 18 marches à descendre, au milieu de l’escalier une lourde porte en bois (elle sera soufflée par le bombardement du 7 juillet)

Un grand couloir qui tourne à gauche au fond une porte qui donne dans un garage d’une maison de la rue Leroy, le sol en terre battue, éclairage par lampes à carbure.

L’abri se remplit dés les premiers bombardements du 6 juin, la DP recense 180 réfugiés. Comme partout ailleurs en ville, la vie s’organise : 2 chèvres donnent du lait, les hommes arrachent des légumes dans les jardins, les volailles circulent dans les rues. Les 3 prêtres de l’église Saint-Pierre (le curé Ruel, l’abbé Poirier et l’abbé de Panthou) viennent chacun leur tour passer la nuit dans l’abri avec les réfugiés.

Le 9 juillet vers 02h00, des allemands blessés 6 à 8, entrent se reposer dans l’abri et repartent vers 06h00. A 09h00 les premiers "Anglais"(en fait probablement des Irlandais du 2nd Royal Ulster Rifles, 9th Brigade, 3rd Infantry Division) descendent dans l’abri et découvrent à leur grand étonnement des civils. C’est la joie de la libération.

Le 13 juillet, c’est le départ pour Bayeux dans les bennes de ramassage des ordures ménagères.

Souvenirs familiaux du rédacteur qui avait 31 mois à l’époque, habitait rue Sainte-Anne et qui est resté dans cet abri du 6 juin au 13 juillet avec ses parents.

Rapport de Mme Bazile, directrice de l'École du Vaugueux, 18 décembre 1944. (Arch. Calv., T 4149) :

« Le bombardement  nous chassa de notre maison. Nous nous rendîmes place du Sépulcre et gagnâmes l'abri. Là étaient réunies 220 personnes des quartiers Saint-Jean, Saint-Gilles, Sainte-Anne, des Cordes et du Vaugueux, sans vivres, sans eau, sans ressources pour la plupart. Nous prîmes la direction de l'abri, d'accord avec le chef de secteur (M. Jaoüen). Mon fils organisa les services à l'extérieur, j'assurais la discipline à l'intérieur. Nous dûmes lutter contre la frayeur des femmes qui se refusaient à quitter leurs maris. je fis apporter à l'abri les provisions de la cantine. Les corvées s'organisèrent et ce n'est que lorsqu'il nous fut possible de quitter un abri où l'ordre régnait que nous nous éloignâmes. Une centaine de personnes y demeurèrent. Nous y revînmes chaque jour jusqu'au 14 juillet et pûmes ainsi maintenir le contact. Au 30 septembre, 40 personnes vivaient encore dans le souterrain dirigées par M. Gaston Renard, peintre 42, rue du Vaugueux.»

  

Evacuation des réfugiés sur le parvis de Saint-Etienne.

                                                                                                                                                                            RETOUR SOMMAIRE

2-11 Les Carrières

L'utilisation de la "Pierre de Caen" remonte à l'époque gallo-romaine. Ce sont les XVIIIe et XIXe siècles qui marquent l'apogée de la "Pierre de Caen". Sur le seul territoire de la commune de Caen, c'est plus de 10 millions de m3 de pierre qui ont été manipulés tant en souterrain qu'à ciel ouvert (pour moitié). Ces carrières désaffectées pour la plupart, creusées à une profondeur de 15 à 30 m en dessous du sol, constituent sur l’une et l’autre rive de merveilleux abris naturels où vécurent durant la bataille 8 à 10 000 personnes.

Collection François Robinard

A l’intérieur une impression de sécurité totale, mais il fait froid et humide, plusieurs témoignages parlent de fumier plutôt que de paille !

Les plus importantes sont celles de la rive droite à Fleury-sur-Orne à 2 km de Caen de part et d’autre de la route de Thury-Harcourt.

Lire un rapport daté du 26 juillet 1944 établi par les Renseignements Généraux sur la situation des Caennais réfugiés dans les carrières de Fleury-sur-Orne, commentaire rapport lénifiant  !

                                                                                                                                                                                RETOUR SOMMAIRE

2-11-1 Les carrières Saingt

A la sortie de Caen sur la gauche s’élèvent en bordure de la route d’Harcourt les bâtiments d’exploitation d’une distillerie qui appartient à Mrs André et Lucien Saingt. Ils sont construits sur des carrières désaffectées qui servent de caves de stockage à la brasserie, elles couvrent 9 hectares et ne comportent qu’un seul accès, une tirée en pente douce de 20 m sur 150 m de long.

Des réfugiés dans une tirée (entrée en pente douce d’une carrière) à Fleury sur Orne

Contrairement aux trois autres carrières elles ne communiquent pas avec les autres.

Dès les premières heures du 6 juin, la porte de la tirée est ouverte, à 8h00, il y a déjà 50 réfugiés en bas, 200 à midi, 500 le soir, la plupart de Caen.

"Photo Damien Butaeye, les plafonds noircis par la fumée et la lumière du jour à l'arrière plan témoignent de la proximité de la tirée.

Les frères Saingt mettent au point, seuls, sans l’aide des Pouvoirs Publics, une organisation remarquable, avec l’aide de leur personnel et leur argent. Un PC avec un bureau d’admission, une équipe de récupération (M. Georges Hébert et l'équipe des cheminots), des cuisines (M. Lethimonnier), une boulangerie (Mrs Rossignol et Pellâtre), l'abattage du bétail par M. Emile Lefrançois,  une carte d’alimentation avec pointage pour éviter les resquillages, trois vaches pour le lait des bébés, un stock important d’eau potable, une infirmerie avec le docteur Cohier; l’abbé Marie de Vaucelles y célébrant la messe tous les dimanches. Le PC est tenu par un jeune polonais de vingt et un ans Camille Kostrz "le petit Camille", comptable à la distillerie; il sera tué par un obus le 10 juillet en trayant une vache . Chaque dimanche la messe est dite par le vicaire de Saint-Michel de Vaucelles, l'abbé Marie.

 

"Photos Damien Butaeye", à gauche le puits à eau potable de la brasserie, à droite un secteur utilisé par les réfugiés.

Les ordres d’évacuation furent ignorés, mais les allemands se présentent le 25 juin et installent des hommes au repos dans les carrières (aux meilleurs endroits !) Deux lance-grenades (voir photo ci-dessous) sont mis en batterie juste au-dessus des carrières. Ces armes sont servies par le Werfer-Regiment 83 et la SS-Werfer-Abteilung 12 (12.SS-Panzer-Division ). Le 17 juillet, les Waffen-SS expulsent une cinquantaine de réfugiés, autant le lendemain.

Le 19 à 08h30, c’est la libération par les Canadiens francophones du Régiment de Maisonneuve de la 5th Brigade de la 2nd Canadian Infantry Division .

"Photos Credit: Canada. Dept. of National Defence / Library and Archives Canada". Montage de deux photos. Remarquer le drapeau improvisé, constitué d'une chemise bleue d'ouvrier, d'une serviette blanche et d'un napperon rouge, épinglés ensembles. Sur la photo de gauche: la femme à droite avec des lunettes est Mme Saingt.

 

"Photos Credit: Canada. Dept. of National Defence / Library and Archives Canada" Remarquer le drapeau confectionné avec un tablier, une couche d'enfant et un foulard.

"Credit: Canada. Dept. of National Defence / Library and Archives Canada / PA-129127". Le Private P.P. Beauchamp du Régiment de Maisonneuve et le Dr. Cohier examinent un Nebelwerfer 41 allemand dans une carrière de Fleury-sur-Orne, le 20 Juillet 1944.

Sur une population de 1 000 âmes environ il n’y eu que 3 décès (2 vieillards et 1 enfant). Mais 3 hommes de la distillerie périrent au service des réfugiés.

La carrière fut évacuée complètement le 30 juillet après la visite de M. Pierre Daure , le nouveau préfet.

                 Lire un témoignage

                                                                                                                                                                                                                                           RETOUR SOMMAIRE

2-11-2 Les carrières Fouquet.

Voir ici en 1947 et de nos jours

Lorsque l’on vient de Caen les carrières Fouquet, les plus importantes, se trouvent sur la gauche également à quelques centaines de mètres au-delà des carrières Saingt. Il y a 2 accès : une tirée et un puits équipé d’une étroite échelle de fer coupée par des paliers.

 

"Photos Damien Butaeye". La tirée et le puits d'entée.

C’est une fabrique de chaux.

L’histoire des carrières Fouquet comporte 2 périodes :

M. Fouquet qui est chez lui et qui se trouve du jour au lendemain à la tête d’une population de 2 000 âmes en assume la direction, les carrières sont divisées en 13 secteurs ayant chacun à leur tête un responsable. Le PC avec M. Lebel est installé à l’entrée au bas de la tirée :

  • 400 réfugiés le 8 juin
  • 800 le 9
  • 2 000 le 14, jour de l’évacuation.
  • La carrière est éclairée par 25 lampes à calcium de l'usine.

    Photo Credit: Canada. Dept. of National Defence / Library and Archives Canada

    Une organisation se met en place avec M. Stévenin, ingénieur à la SNCF, dès le 7 juin par des cuisines, le 9, deux boulangeries elles fonctionneront nuit et jour sans interruption, une partie du ravitaillement est assuré par le Ravitaillement Général (RG) M. Martin, un puits est remis en service et pourvu d’une pompe, une infirmerie est créée dans un coin ainsi qu’un service de police et d’hygiène. M. Charles Aussant, représentant de commerce, est promu "ministre du ravitaillement". La vie s’organise, quand arrive l’ordre de départ ; le 13 juin en fin d’après-midi des bruits avant-coureurs parviennent, l’ordre est impératif. A l’aube du 14 juin, on distribue des vivres : beurre, viande, biscuits et sucre, des carrières Fouquet et des autres 12 000 réfugiés se mettent en route sur le chemin de l’exode par la petite route sinueuse de Bras (hameau d'Ifs).

    Peu de temps après les Allemands installent dans la carrière un état-major.

    Photos Damien Butaeye, à gauche le plafond noirci par les feux entretenus en continu, à droite l'emplacement du QG allemand.

    Le 14 juillet dans l’après-midi un bombardement, dans la tirée, fait des morts et des blessés parmi des réfugiés en cours d’expulsion par les allemands.

    Source page 109. Rapport des Renseignements Généraux sur la situation des Caennais réfugiés dans les carrières de Fleury-sur-Orne, 26 juillet 1944.

    M. Fouquet et sa famille se cachent jusqu’au 19 juillet à 11h00, date de la libération par les canadiens francophones du régiment de Maisonneuve.

    Lire ce témoignage

                                                                                                                                                                                RETOUR SOMMAIRE

    2-11-3 Les carrières Pochiet

    Les carrières Pochiet, ex Géo Roger (fabrique d’engrais) situées au-delà des docks Fouquet en bordure de la route d’Harcourt et à la hauteur du clocher de Fleury furent au moins aussi indépendantes que les carrières Saingt.

    La discipline de fer à laquelle était soumis les hôtes de M. Pochiet (70 ans, officier de réserve) en imposa aux allemands eux-mêmes qui laissèrent à peu près tranquilles les troglodytes.

    On accède aux carrières Pochiet par 2 puits, le plus grand est surmonté d’une grue utilisée pour l’extraction des pierres, il a 3 m de côté ; l’autre beaucoup plus étroit muni d’une échelle de fer était utilisé par les réfugiés.

    Naturellement dès le 6 juin, bien qu’elles soient de toutes les plus éloignées de Caen, elles accueillent une centaine de réfugiés, elles en abriteront plus de 450 par la suite.

    Les hôtes des carrières sont recensés, un service de main-d’œuvre est organisé, des responsables sont nommés, un conseil de sécurité et de discipline (avec Mrs Huré, directeur de l'usine à gaz, Chapron, Gauthier et Fabien) assiste M. Pochiet. Un voleur est condamné à l’expulsion. La carrière est divisée en deux îlots avec à leur tête: Mrs Marie et Archambault. Il y a plus, comprenant- et ils sont les seuls à l’avoir compris en temps opportun – que moins on parlera d’eux plus ils seront tranquilles, ils interdisent purement et simplement à leurs ressortissants de sortir de leurs trous. La carrière à deux issues, un planton se tient en permanence à l’entrée de chacune d’elles, pour monter sur le plateau ou gagner par des dédales obscurs les coteaux, il faut exhiber un laisser passer du PC, cette mesure est décidée le 14 juin au reçu de l’ordre d’évacuation qui reste lettre morte.

    "Photo Damien Butaeye", dans le passage gardé vers les Coteaux est encore visible l'inscription: "ne pas laisser passer personne"

    L'abattage du bétail abandonné ou blessé est effectué par M. Genaudeau. Un contrôle médical sévère avec Sœur Saint-Maurice de la Miséricorde complète cette organisation, une naissance est enregistrée le 15 juillet (le bébé 70 ans après), l’infirmerie improvisée ; aucun mort, aucun blessé, bien que souvent bombardée la voûte de 20 m d’épaisseur résista. La messe est dite chaque dimanche par le curé de Fleury-sur-Orne , l'abbé Saussaye.

    La libération fut sans histoire, les Canadiens apparurent dans l’après-midi du 19 juillet

    A la fin juillet, quand les réfugiés sont expulsés par les Britanniques, ils remettent au RG :450 kg de beurre, 550 kg de farine, 25 caisses de biscuits, 100 kg de haricots, 10 Kg de sel et 25 kg de café !

                                                                                                                                                                            RETOUR SOMMAIRE

    2-11-4 Les carrières des Coteaux

    Ce fut le 6 juin dans l’après-midi, une ruée vers les grottes des Coteaux (certains témoignages indiquent le nombre de 16), sur la droite de la route d’Harcourt et dominant la vallée de l’Orne, qui servaient pour la plupart de champignonnières.

    Source. Les coteaux de Fleury

     

    Entrée d'une carrière coteau de Fleury.

    Les portes de gré ou de force s’ouvrent, chacun s’y installe où il veut et comme il veut, aucune organisation n’y fonctionna jamais, aucun contrôle non plus.

    "Photo Credit: Canada. Dept. of National Defence / Library and Archives Canada" Réfugiés à l’entrée d’une carrière de Fleury-sur-Orne

    Les seuls chiffres disponibles sont ceux du Centre d’Accueil de Fleury-sur-Orne : environ 12 000 portions à chaque repas avant l’évacuation du 14 juin (ce qui ne signifie pas 12 000 réfugiés dans les carrières, beaucoup de réfugiés ne faisaient que passer) puis 3 500 à 5 500 soit une population moyenne de 2 500 à 4 000 personnes compte tenu des resquillages.

    Le 6 juin, les premiers réfugiés sont dirigés vers le centre de ravitaillement général dirigé par Mme Villez qui fonctionne à la Mairie École du village de Fleury-sur-Orne, responsable M. Marie, chef de bureau à la Préfecture, envoyé par le préfet pour y organiser l’accueil des réfugiés. Les vivres proviennent de réquisitions et des récupérations.

    Le 13 juin, les ordres d’évacuation sont transmis aux réfugiés, plusieurs milliers s’en vont, pas tous, les partants sont aussitôt remplacés par les Caennais de la rive gauche qui ont reçu le même ordre et qui ne savent pas où aller ! Le 17 juin, le PC et les cuisines sont déménagés à la ferme Betton, il faut aller chercher l’eau avec un tonneau à la ferme Chaussain chemin long et dangereux souvent sous les bombes. Le pain est cuit à Fleury par les boulangers Laforge et Decroisre.

    "Photo Archives départementales du Calvados" Un autel ou une tombe provisoire.

    Les carrières fermèrent quand les Waffen-SS ordonnent l’évacuation les 15 et 17 juillet.

                                                                                                                                                                                RETOUR SOMMAIRE

    2-12 Les carrières de la rive gauche

    On peut citer :

    Localisation des carrières

    -les carrières Saint-Julien:

     Sur les hauteurs du Gaillon, entre la rue du Magasin-à-Poudre et la rue Bosnières, existe une faille dans le coteau calcaire qui permettait, autrefois, d'extraire latéralement la pierre, en creusant des galeries plus ou moins longues. Après la désaffectation des carrières, le terrain avoisinant, bâti de pavillons, donna naissance à un quartier nouveau connu sous le nom des Carrières Saint-Julien. Un certain nombre de ces pavillons étaient construits contre la falaise même, à l'entrée des galeries creusées dans le coteau et servant de caves. Celles-ci constituèrent des abris naturels excellents où se réfugièrent lés habitants du quartier des jours durant.

    -celle du N°18 avec comme responsable, chef d'abri, M. Robert Carabie, le puits est rue Haldot. 116 réfugiés à la date du 10 juin;

    -on peut citer également:  l'abri Robineau,  l'abri Primois, l'abri Laousse,  l'abri Bonheur, l'abri Thomas,  l'abri Proisy et l'abri Marie.

    "Carte postale Delassalle" Les carrières Saint-Julien, voir le front de taille en haut à droite.

    -les souterrains de Moulin au Roy sur les hauteurs de Saint-Gilles, dirigée par M. Roncin.

    Le Moulin au Roy vu de la rue du XXè siècle.

    -les grottes de la ferme de Mr et Mme De Cooman, rue des Jardins non loin du Jardin des Plantes. Les trois abris de la ferme sont réservés aux vieillards et mères et enfants, tous les autres réfugiés dorment au pied des rochers, allongés sur de la paille. Le 29 juin, les réfugiés sont évacués de force par les Allemands qui réquisitionnent les abris. lire ici deux témoignages.

    -la carrière Kaskoreff à la Maladrerie aménagée en centre d’accueil par M. Boulvain directeur de la Société des Pépinières de Caen. Accès par deux puits de 22 et 18 mètres avec une échelle verticale, l'un des puits est équipé d'une nacelle avec un treuil manuel. A partir du 16 juin : 250 personnes avec 52 enfants, 500 personnes venaient régulièrement y passer la nuit. Le ravitaillement des enfants est assuré par M. Boyer et l'abbé Leneveu, celui des adultes par M. Pellan. Libération par les Canadiens le 9 juillet à 11H30.

    "Source, photo du Service des carrières de la Ville de Caen", un des puits utilisé par les réfugiés, l'échelle a été construite à l'aide de voies Decauville. Localisation de l'entrée de nos jours.

    Photo collection François Robinard. Photo de 1946, l'emprise de la carrière Kaskoreff, à droite le cercle jaune indique la pépinière. Zoom.

    Lire: le témoignage de M. Boulvain,  de M. Monzein à la date du 4 juillet et celui de M. René Morin.

    -la carrière de la Maladrerie, en fait sur la commune de Venoix, située à l'angle des rues Général Moulin et Marechal Galliéni,  environ 50 personnes, puits d'accès de 27 m équipé d'une échelle et d'un treuil.

    Lire 4 témoignages concernant cette carrière : Mme Lavieille,  Mme Nelly Quidot, de M. Roger Berlinguez et de M. Gérard Mangnan. Il s’agit de la carrière du Bowling dans ce livre édité en 2009

    "Source, photo Archives Municipales de Caen", l'échelle métallique utilisée par les réfugiés.

    Localisation de l'entrée de la carrière située à l'angle des rues Général Moulin et Maréchal Galliéni.

    Source collection François Robinard sur les indications de Louisette Berlinguez-Gimonet. On voit bien les deux piles bétonnées qui soutenaient les madriers d'assise du treuil (les deux autres sont (ou étaient) à l'intérieur du hangar. On ne peut donc les voir et l'espace entre deux est comblé par des pierres de taille de plus petites dimensions. Pour plus de détails voir ici les photos du repérage.

    -la Glacière au carrefour de la rue d'Authie et de la rue de Jersey, 50 personnes environ, libération par les Canadiens le 9 juillet. Le 15 juillet deux photographes anglais les sergents Jim Mapham et Bert Hardy y effectuent un reportage qui sera publié par le journal Illustrated le 5 août sous le titre: "La cave à bière de Caen vivra dans l'histoire". Lire un témoignage.

    Photos de la Glacière Saint Paul

    Source

    Source.

    Photo ville de Caen. De nos jours.

                                                                                                                                                                                 RETOUR SOMMAIRE

    3-Les Etablissements de Santé

    3-1 La Miséricorde

    Communauté de la Miséricorde. Source

    Le 6 juin à 16h30 mise hors service de la salle d’opération

    A 17h30 les docteurs Morice et Martin qui avaient opéré jusqu’alors informent le docteur Jean Cayla, qu’après le second bombardement de la clinique, celle-ci n’était plus utilisable. Ils furent priés de rejoindre aussitôt le Bon-Sauveur avec leur équipe chirurgicale.

    A 23h00 arrivée du PS n° 1 situé de l’autre côté de la rue des Carmes dans le vieux pensionnat Saint-Jean au n°5 qui évacue à la Miséricorde

    Le 7 juin à 02h20 écrasement de la Miséricorde : le dispensaire transformé en hôpital complémentaire, la clinique principale et l’autre clinique rue des Carmes ; 171 victimes dont 72 morts. Lire témoignages.   Liste du personnel sanitaire décédé.

    Les cliniques Saint-Joseph (ou clinique des Oblates) et Saint-Pierre sont anéanties.

    A la clinique Saint-Martin,

    dès le 6 juin , les blessés y arrivent par leurs propres moyens. Le personnel sanitaire y est très réduit : quelques infirmières, des bénévoles et un interne en médecine faisant office de médecin, M. Jean-Marie Toutain. La clinique, abîmée dans sa structure, dispose encore de ses instruments, le 11 juin le stock pharmaceutique est épuisé, M. Toutain se rend au BS et dresse sur le toit une croix rouge. 100 bouches sont à nourrit, la Mère Supérieure se rend près de Falaise dans une ferme et le bétail est abattu par exemple à l'imprimerie Ozanne rue des Rosiers. Les Equipiers d'Urgence s'occupent du ravitaillement. Le 21 juin , un médecin SS réquisitionne des matelas pour son hôpital de campagne, malgré les menaces l'ordre d'évacuation du 29 juin n'est pas respecté. Elle accueille jusqu’au 15 juillet date de l'évacuation sur Bayeux des victimes civiles et militaires.

                                                                                                                                                                                RETOUR SOMMAIRE

    3-2 Poste Sanitaire n° 1

     

     

     

    Situé dans l’ancien pensionnat Saint-Jean, 5 rue des Carmes de l’autre côté de la Miséricorde

    Le 6 juin à 07h00 le chef M. Louis Asseline, ses 2 adjoints (MM. Brazard et Goupil) et le personnel médical arrivent peu à peu. Dans la matinée les premiers blessés venant de Lébisey, les autres après le bombardement de 13h30. Les bombardements de 16h30 et 17h00 ébranlent l’édifice, dans la soirée arrivent les blessés et les malades de la clinique des Oblates (ou clinique Saint Joseph N°11 rue de l'Engannerie) fuyant les incendies. Vers 23h00 le chef de poste décide de transférer tous les malades et les blessés à la Miséricorde devant la menace du feu.

     

     

     

     

    « Archives départementales du Calvados » Poste de secours bombardé à Caen par les forces alliées. Photographie de propagande allemande.

     

     

     

    Après le bombardement de 02h30, tout le quartier est en ruines et en feu, c’est l’ordre de repli vers le PS n° 2 place Blot, le passage vers le quai Vendeuvre est impraticable vu la hauteur des ruines, le trajet se fera non sans mal par la rue Saint-Jean, la rue Saint-Louis, la rue Sadi-Carnot, la place Gambetta, le boulevard Bertrand, les Tribunaux, la place Saint-Martin, les fossés Saint-Julien, la rue Desmoueux et enfin la place Blot.

    lire le témoignage de M. Bernard Goupil

                                                                                                                                                                           

     

     

     

     

     

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    3-3 Poste Sanitaire n° 2

    Le 6 juin tout le monde est à son poste sous les ordres de M. Rolland, 7 à 8 médecins, autant d’infirmières et 40 brancardiers.

    Document présenté page 24 de ce livre avec l'aimable autorisation de l'auteur, une partie des membres du PS N°2

    L’immeuble Lhermitte au 2 de la place Blot est encadré par les bombes à 13h30 mais il n’est pas touché, les morts et les blessés affluent, ils sont dirigés vers le Bon-Sauveur ; l’après-midi le jardin reçoit des bombes, le bombardement de 02h30 l’épargne.

    Le 7, les allemands installent une ligne de défense, place Blot et donnent l’ordre aux habitants restés aux alentours d’évacuer. Après un premier déménagement prévu à la Société Normande d’Alimentation (SNA) rue Saint-Gabriel, annulé car les allemands y installent une batterie d’artillerie, le repli se fait à 16h00 avec le matériel vers le Bon-Sauveur où étant refoulé vers le Lycée Malherbe au réfectoire, le même jour le docteur Jean Cayla crée l’hôpital complémentaire du Lycée Malherbe avec le personnel des deux PS n°1 et 2.

    témoignage d'un équipier de la Défense passive  affecté au PS N°2

     

     

     

                                                                                                                                                                                       

     

     

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    3-4 Poste Sanitaire n° 3

     

    Le 6 juin à 07h30, la majeure partie de l’équipe se trouve à son poste :

    Les premières victimes n’arrivent que dans l’après-midi : 14 morts et 22 blessés.

    Du 6 juin au 15 août, 85 morts ont été amenés au PS 1 455 blessés et malades dont 33 soldats Britanniques et Canadiens y ont reçu des soins. Les morts ont été inhumés pour la plupart au cimetière de Vaucelles. Les blessés graves (il n’y avait pas d’installation chirurgicale) –selon le plan prévu- transportés au Bon-Sauveur par la passerelle puis par le pont du tortillard ; les allemands ayant interdit le passage de l’Orne aux ambulances, le passage se faisait par brancardage manuel entre les deux rives. Après la libération de la rive gauche, l’évacuation se fera à Giel (Orne) via Saint-Sylvain ; en tout 400 blessés furent ainsi transférés.

    Lire le témoignage de Mr Chapel

                                                                                                                                                                                   RETOUR SOMMAIRE

    3-5 Hôpitaux de repli organisés par le docteur Cayla

    Dès le 8 juin, le docteur Jean Cayla propose comme repli pour la rive droite en prévision d’une rupture totale des ponts entre les rives droite et gauche de Caen : l’envoi d’une équipe chirurgicale mobile pour la rive droite à Boulon (à 17 km de Caen sur la route de Thury-Harcourt)

    Réponse du SIPEG (Service Interministériel de Protection contre les Événements de Guerre, service créé par décret du 12 février 1943, délégué général: Jean Lacombe préfet hors cadre) : l’orphelinat de Giel (Orne) à l’ouest d’Argentan.

    Carte Jean Secardin à partir de celle de la page 200 du livre: Ambulancières en Normandie Cherbourg-Caen:1944 de Cécile Armagnac , Editions du Moulin Vieux, 1994.

    Distance : Caen-Giel-Courteilles 66 km en passant par Saint Sylvain (à 22 km de Caen) Les ambulances avaient ordre de ne pas aller plus loin que cette localité afin de ménager le matériel !

    Le 7 juillet, deux médecins sur trois du PS n°3 reçoivent l'ordre de se replier sur Giel: les docteurs Guesdon et Fontaine; le docteur Friley reste seul à Sainte-Thérèse. A partir du 9 juillet, date de la libération de la rive gauche de Caen, le PS n°3 envoya ses blessés à Giel via Saint Sylvain. (témoignage de Mlle Heiniger, ambulancière)

    Rappelons également que le 11 juillet, des ambulances venues de Giel évacuèrent 85 blessés de « l’hôpital » des Petits Sœurs des Pauvres boulevard Lyautey.

    Cet hôpital de campagne de Giel était installé dans l’orphelinat depuis juin avec les docteurs Regnier et Levaux, deux internes, des bénévoles et des sœurs de la clinique d’Argentan. Il fût libéré le 18 août.

     

    Orphelinat de Giel transformé en hôpital par la Croix Rouge, voir à droite la croix sur le toit

                                                                                                                                                                            RETOUR SOMMAIRE


    3-5-1 à Truttemer-le-Grand (Calvados) au sud-est de Vire
    Distance : Caen-Truttemer 73 km
    Truttemer reçoit également tous les services médicaux de Vire depuis l’anéantissement de la ville le 6 juin au soir. L’hôpital Charles Canu, la clinique Ambroise Paré et le poste de secours de la Miséricorde y sont repliés.
    Le château,

    les deux écoles

    et la salle paroissiale sont réquisitionnés. Le docteur Couppey dirige cet hôpital de campagne avec ses confrères Rousses et Tesnière. Le chirurgien Darnis les rejoint et pratique 450 opérations dans des conditions difficiles. Il faut assurer les soins exigés par plus de 1500 blessés.

    Caen envoie des secours : une ambulance et l'équipe médicale des docteurs Lacroix et Lebars. Des médicaments arrivent également de Paris envoyés par une association charitable qui en assure le transport dans une Juvaquatre Renault. Un groupe électrogène y fut installé par M. Trouvay, ingénieur à l'hôpital de Caen, à la demande du docteur Jean Cayla, à la mi-juin, pour l'alimentation électrique d'un poste de radiographie.

    La maison où les docteurs étaient hébergés:

    Cette antenne hospitalière va fonctionner jusqu'au 6 août


    3-5-2 à Guerquesalles (Orne) au sud de Vimoutiers au château de Vimer
    Distance : Caen-Guerquesalles 63 km


    Le château de Vimer, propriétaires le Comte et la Comtesse de Touchet, sert déjà depuis le 14 juin après-midi comme hôpital de repli pour celui de Vimoutiers entièrement détruit par un bombardement aérien; le docteur Boullard y opère les blessés du bombardement de Vimoutiers dans des conditions plus que précaires avec comme seul antiseptique du Calvados avant de recevoir des renforts organisés par l’infirmière-major Mme de Liencourt.

    L'équipe médicale du château de Vimer.

    Le château fut équipé par la Croix-Rouge (Mme de Vieil-Castelle).Un groupe électrogène y fut installé par M. Trouvay, ingénieur à l'hôpital de Caen, à la demande du docteur Jean Cayla.

                                                                                                                                                                            RETOUR SOMMAIRE

    3-6 Le Bon-Sauveur

     

     

     

     

    Il représente une superficie de 10 hectares, une ville dans la ville, qui en 1939 comptait 1 800 âmes dont 1 250 malades et 120 religieuses. En juillet 42, les allemands évacuent l’hôpital psychiatrique, ne laissant qu’un centre pour les urgences. En août 42, l’hôpital civil de Saint-Gilles, transformé en Kriegslazarett par l’occupant, vient s’y réfugier.

    Le 6 juin 44, quelques bâtiments, près de la rue Saint-Ouen sont réservés en cas de bombardement à recevoir les victimes des « événements de guerre » c’est le Centre d’Accueil municipal du Bon Sauveur.(voir 2-4)

    Organisation :

    Direction du service de santé par les docteurs Jean Cayla et Marcel Digeon et pour le secteur administratif M. Célestin Leroyer. Citons également comme collaboratrices de la direction sanitaire: le docteur Lucie Solente, Mlle Denise Noblet et Mme Luc secrétaires.

    Intendante, Mme Leroux.

     

     

     

     

     

    L'entrée du Bon Sauveur par une allée donnant sur la rue de l'Abbatiale

     

    Photos Herbaltablet en 2009.

    AGRANDISSEMENT                  AGRANDISSEMENT                      AGRANDISSEMENT

              Le centre de triage dans le « grand pavillon » dirigé par les docteurs Villey et Bonnet

              Le bloc opératoire à 200 m, au pavillon du Sacré-Cœur (avec un étage, un rez-de-chaussée et un sous-sol) avec 3 salles d’opérations (1 à chaque niveau), 2 groupes électrogènes pour l’alimentation électrique

              Une salle de radiographie dirigée par le docteur Simon avec le radiologue Marcel Charon.

              Pour les plâtres : le docteur Dastugue

              Transfusion sanguine : le docteur Henri Le Rasle

              Au pavillon Sainte-Camille, les docteurs Morice et Lacroix pour les blessés de première urgence

              Le service de biologie médicale : le docteur Lebailly

              Docteur Porin responsable de la lutte contre les maladies contagieuses et parasitaires

              Service stérilisation : Mlle Hofer et 4 infirmiers

              La pharmacie dirigée par les internes Jean Lepoultier et  Jean Benoist

              La maternité installée au sous-sol du triage avec Mlles Lydia Targowla , Rouat et Marie Perrot (80 naissances)

              Le responsable des brancardiers (130 hommes) M. Pigeon, agent de la DP

              Une équipe spéciale, dirigée par Pierre Buisson avec le concours de 6 agents de police pour la récupération dans les décombres des pharmacies sinistrées des médicaments ayant pu échapper à la destruction

              Le service de contrôle des entrées et des sorties des blessés et des morts et les liaisons avec les familles dirigé par M. Max Maurin, délégué régional à la famille avec son équipe.

    Et bien sûr le dévouement de toutes les religieuses. Un fait parmi d’autres :

    Le docteur Digeon va avec un chauffeur et deux brancardiers à l’usine Froger-Gosselin de Saint-Rémy-sur-Orne pourtant gardée par les Allemands et grâce à la complicité d’un ouvrier revient avec le camion bâché rempli de coton et de pansements.

    Quelques chiffres :

                Le premier jour du débarquement le docteur Guibé opéra durant 20 heures consécutives !

                Les salles d’opération fonctionnaient selon les horaires suivants :

                Du 6 juin au 15 août : 2 300 opérations

                Le maximum fut atteint le 20 juin avec 826 blessés hospitalisés

                De mi-juin au 9 juillet : 23 blessés graves par jour en moyenne, 1 390 blessés, 178 morts et 71 naissances

                A la mi-juin : 820 lits, 550 blessés et 270 patients en médecine et maternité

    Fin juin des évacuations sont organisées vers Mortagne-au-Perche et Giel dans l’Orne ainsi qu’à Bayeux.

    L’après-midi du 9 juillet : 618 blessés dont 6 Allemands et 12 Britanniques que les libérateurs canadiens transportent à l’hôpital général militaire de Douvres.

    L'évacuation des blessés s'organise avec des transports sanitaires des Alliés, dès le 9 juillet: 35 vers Douvres, le 16:70 enfants de la pouponnière à Sainte-Croix-Grand-Tonne sous l'autorité de Mlle Maunoury, le 17: 48 tuberculeux vers l'hôpital Pasteur à Cherbourg,

     65 malades mentaux.  80 sourds et muets vers le grand séminaire de Bayeux.

    Photo présentée page 7 de ce livre. Le grand séminaire de Bayeux transformé fin juillet 1944 en hôpital militaire Robert Lion

    Un groupe d'une cinquantaine de sourds, garçons et filles, quitte l'Institution pour un périple vers Bayeux, un camp de toiles à Cussy, le château d'Amblie, le Bon Sauveur de Pont L'Abbé, retour à Caen le 1 septembre 1944

    Une anecdote parmi tant d’autres, dans la nuit du 13 au 14 juillet, un obus allemand traverse la salle d’opération du pavillon du Sacré-Cœur faisant 2 morts: le blessé en cours d'intervention et M. Furon, brancardier du triage ainsi que 3 blessés (le docteur Maugeais, le radiologue Marcel Charon qui décédera de ses blessures le 21 septembre 1944 et un interne), 42 minutes après la destruction la salle d’opération est réinstallée.

    426 personnes y travaillent dont 31 médecins, 22 internes, 114 infirmiers et élèves infirmiers ainsi que 46 personnes de la Croix-Rouge Française (CRF), 130 brancardiers, 83 aides-soignantes et les religieuses.

    Il y eut environ 620 décès, 71 naissances, 2 300 opérations chirurgicales.

    Lire le témoignage de deux brancardiers du BS

                                                                                                                                                                                      RETOUR SOMMAIRE

    3-7 L’hôpital complémentaire du Lycée Malherbe

    Il est crée le 7 juin avec le personnel des PS n° 1 et 2 repliés au réfectoire du Lycée.

            Responsable administratif : M. Rolland

            Médecin-chef : docteur Lemarinier assisté es docteurs Delpérier et Warcollier.

            Au triage : docteur Golse

            A la transfusion sanguine : docteur Rousselot

            A l’ophtalmologie : docteur Quermonne

            A la dermato-vénérologie : docteur Hissard

            A la pharmacie : Docteur Pierre Danjou

    Lire ici l'affectation du Dr Paul James

     

    L’hôpital complémentaire remplit deux offices, il reçoit :

    -les blessés

    -les malades et les vieillards

    Les malades s’installent dans les dortoirs du premier étage et les vieillards (une centaine) impotents et grabataires au second.

    A la mi-juin : 330 lits avec un effectif de 210 personnes dont : 12 médecins, 2 chirurgiens-dentistes, 2 pharmaciens, 32 infirmières, 26 aides infirmières et secouristes et 57 membres des Equipes d’Urgence de la Croix-Rouge Française.

    Les blessés amenés par les ambulancières, les agents de la DP, les garçons des Equipes d’Urgence et Nationales à travers la cour du Lycée, sont examinés, aussitôt, par le docteur Golse. Les cas de première urgence sont immédiatement dirigés sur les salles d’opérations du Bon­Sauveur. Si nécessaire, le docteur Rousselot fait une transfusion de sang. Les blessés de deuxième et troisième urgences restent à l’hôpital complémentaire où ils sont nettoyés, pansés, soignés jusqu’à ce que les chirurgiens puissent s’occuper d’eux.

    Entrée de la cour du Lycée Malherbe place Guillouard (ou Place du Parc) deux sentinelles allemandes en faction. Remarquez sur les piliers du portail des pancartes

    HÔPITAL

                                    COMPLÉMENTAIRE

                                            DU LYCÉE

                                MALHERBE

    La photo a donc été prise avant le 9 juillet et quelques jours après le 7 juin (le temps de faire les pancartes !)

    Cet hôpital servit d’annexe en quelque sorte au Bon­Sauveur, finalement au total 500 lits seront occupés jusqu’à la fermeture, mi-juillet, commandée par les bombardements allemands suivant l’arrivée des alliés rive gauche, entre temps les malades les moins graves furent évacués à l'hôpital des coteaux fin juin sur ordre du docteur Cayla.  Une équipe médicale resta au Lycée.

    "Photo allemande. Archives du Calvados" Dans la salle du réfectoire du Lycée Malherbe. Voir ici le repérage. Les blessés sont allongés sur les tables du réfectoire.

    Avec une annexe pour les contagieux, 111 malades reçus du 18 juin au 9 juillet: diphtéries, angines, scarlatines, rougeoles, affections broncho-pulmonaires et gastro-intestinales dont 2 typhoïdes (docteur Vigot) établie de l’autre côté de l’impasse Saint-Benoît dans les locaux de l’École Normale d’Institutrices.

    Ecole Normale de Filles, impasse Saint Benoît

                                                                                                                                                                                    RETOUR SOMMAIRE

    3-8 Le Préventorium de Fleury-sur-Orne.

    A 1500 m de Fleury, sur la route de Saint-André-sur-Orne près de la voie ferrée s’élève le manoir Sainte-Croix que l’on appelle encore « Le Préventorium » parce qu’il y a encore une dizaine d’année une aile servait de préventorium en effet. Il était à la veille de la guerre la propriété de M. René Jacob.

    Au début des hostilités, l’aile du manoir qui avait servi de Préventorium fut réquisitionnée par le Service de Santé. Une position de repli pour la pouponnière de l’Hôpital Civil y fut aménagée et confiée au docteur Clot. L’organisation comprenant une grande salle d’accueil au rez-de-chaussée et deux dortoirs de 30 lits aux étages. Il s’y ajoutait quelques salles secondaires.

       

    Photos présentées dans Fleury sous l'occupation 50ème anniversaire de l'été de la libération, mairie de Fleury-sur-Orne, 1994. A gauche la Croix-Rouge sur le toit. A droite devant le préventorium: en blanc le docteur Clot à gauche casqué le RP Prigent.

    Il va de soi que ces prévisions ne résistèrent pas aux événements. Dès le 6 juin, les réfugiés affluent et s’installent dans les dépendances. Le docteur Clot réclame en vain une équipe médicale à Caen. Il envoie les grands blessés au Bon­Sauveur et ne garde que les légers. En quelques jours toute une organisation est mise en place et tout le manoir est investi ; 300 paillasses allemandes sont récupérées à la Mairie de Fleury-sur-Orne. Avec le docteur Clot, six religieuses de Saint-Louis et plusieurs infirmières bénévoles, deux d’entre-elles Mme Henriette Campain et Mlle Antoinette Jacob seront tuées par un obus le 20 juillet.

    La pharmacie est assurée par Mlle Françoise Clara.

    La maternité est dirigée par Mlle Mériel sage-femme : 18 naissances durant la bataille.

    Au début 60 bébés, 84 malades et blessés et 10 femmes à la maternité. Le transport des blessés graves vers le Bon­Sauveur est fait par des automobilistes bénévoles et courageux.

    Les jours d’affluence 2 000 personnes à nourrir. La boulangerie se fait au four de la ferme Bernard.

    Le 10 juin, arrivée de 330 vieillards de Caen répartis dans les fermes Villey et Vivien, ils repartiront ensuite vers Bourguébus et l’hôpital des Coteaux.

    Vers le 12 juin, 380 enfants de Saint-Louis arrivent à leur tour, les dépendances sont évacuées par les réfugiés, mais il en restera toujours. Quant aux enfants ils repartiront vers Sées (Orne) début juillet.

    Le 15 juin le RP Prigent peint une immense Croix-Rouge sur le toit du grand bâtiment et sur un grand drap fixé sur le toit du manoir et la pelouse.

    Des Waffen-SS installent autour du manoir 17 pièces de Flak , 7 lance-grenades et raflent 120 bêtes.

    Le 29 juin, arrive de Caen l’ordre d’évacuation, 400 vieillards sont conduits vers Trun dans des véhicules de toute sorte ramassés dans les fermes du voisinage. Les enfants sont conduits aux carrières de Fleury-sur-Orne jusqu’au 5 juillet date de leur évacuation (217 entassés dans 4 autocars) emmenés par Mme Pidoux, assistante sociale.

    Le 6 juillet, des obus tombent sur le manoir, il ne reste plus qu’une quinzaine de personnes.

    La libération le 20 juillet à 08h00 par deux soldats Canadiens.

                                                                                                                                                                                RETOUR SOMMAIRE

    3-9 Hôpital des Coteaux à Fleury-sur-Orne

    Photo PAC prise le 1 août 1944

    Avant de parler de ce dramatique lieu, il faut indiquer que le 16 mai 44, il n’y a plus à Caen aucun vieillard dans les hôpitaux, hospices ou maisons de refuge publics ou privés ; ils avaient été évacués dans la semaine précédente sur ordre exprès.

    Le 29 juin, les Allemands ordonnent impérativement aux Caennais de la rive gauche d’évacuer les quartiers de la périphérie dont 526 vieillards abandonnés par leur famille depuis le 6 juin. A savoir :

    L’évacuation doit se faire en deux temps aux carrières de Fleury puis dans le département de l’Orne ; mais le transit ne se fera jamais !

    Les carrières des Coteaux étaient numérotées : la 3 pour Saint-Louis, la 4 (avec M. Lemarchand chirurgien-dentiste et deux religieuses de La Providence de Sées pour le Lycée Malherbe et le Bon­Sauveur et 3 bis pour une annexe.

    Ordre de départ le 29 juin à 16h30 à Saint-Louis, premier départ à 18h30 dans des camions du service de nettoiement, les chargements arrivent jusqu’à 20h00 avec 6 religieuses (la Mère supérieure de Saint-Louis, Sœur Gaillard et les Sœurs: Refuveille, Messageon, Martin, Mayolet et Veloutre) et les R.P. Gouriou et Faudet de l'Institut Lemonnier, en présence des docteurs Jean Cayla et Maquère. Brancardage vers la carrière 3 jusqu’à 23h00 par des Équipiers d’Urgence (une équipe de 12 volontaires dirigés par Jean Cadic) . De la paille souillée sur le sol, d’autres couchent à même le sol gluant et glacé, tous n’ont pas de couvertures.

    Le lendemain matin arrive par camion les évacués du Lycée Malherbe sans accompagnement ! Ils sont débarqués sur l’herbe mouillée et y resteront jusqu’à 18h00 (les occupants des grottes -la carrière 4- ne voulant pas laisser leur place)

    Le 2 juillet, du matériel est ramené de Saint-Louis (150 lits, sommiers, paillasses, couvertures, draps, une pharmacie et 2 t de conserves et produits alimentaires)

    M. Trouvay installe un petit groupe électrogène dans la carrière 3, la cuisine provient de la ferme Betton, du personnel arrive en renfort : des Sœurs de Saint-Louis et 3 infirmières envoyées par Mme Saule: Mlles Horel, Mutel et Dabosville. Le père Faudet, le 8 juillet, prend en main l’organisation, il crée une salle 3bis entre les grottes 3 et 4, les soins sont dispensés sous la direction du docteur Maquère, de Bretteville-sur-Odon, avec le docteur Bories et les internes Morin et Bellamy, de nouvelles infirmières de la Croix-Rouge Française arrivent ainsi que des volontaires hommes et femmes venus des carrières voisines (le nom de Jeanne Coret est cité). Le ravitaillement vient de la ferme Betton pour la viande et le pain, le reste incombe à M. André Bernard, agriculteur.

    A partir du 9 juillet, par suite de l’évacuation du Préventorium et de l’hospice des Petites Sœurs des Pauvres, l’hôpital des Coteaux fut le seul Poste de Secours dans cette partie de la banlieue caennaise, de nombreux blessés y furent amenés et transportés ensuite sur Giel (Orne).

    Photos collection Jean-Pierre Benamou avec son aimable autorisation; photos prises après la libération du 19 juillet. La cuisine,  remarquer l'éclairage avec une ampoule alimentée par le groupe électrogène installé par M. Trouvay.

    Dans la nuit du 13 au 14 juillet, le père Faudet va récupérer à Louvigny des blessés abandonnés lors de l’évacuation du village ordonné par les allemands.

    P

    Photo collection Jean-Pierre Benamou avec son aimable autorisation; photos prises après la libération du 19 juillet. Des vieillards, des réfugiés et des religieuses, remarquer l'éclairage avec une ampoule alimentée par le groupe électrogène installé par M. Trouvay.

    A partir du 14 juillet ce sont les Waffen-SS qui exigent l’évacuation, mais comment ? Les allemands quittent les grottes le 19 juillet à 04h00. La libération n’améliora guère les conditions de vie de ces malheureux.

     

    Elevage de poules et de lapins

    L’évacuation n’eu lieu que les 26 et 27 juillet vers Amblie et Villiers-le-Sec, il ne restait plus que les religieuses et 2 pères.

    Il y eût 47 décès à l’hôpital des Coteaux, inhumés au cimetière de Fleury jusqu’au 8 juillet, puis dans la carrière même à cause des bombardements incessants. En janvier 1945, une polémique fut provoquée par une lettre à la presse un architecte caennais, M. Morice, dénonce avec émotion l'abandon dans lequel sont laissés nos morts dans les carrières de Fleury. Victimes des événements de juin juillet, trente corps, dont certains non identifiés, reposent depuis sept mois à fleur de terre et sans cercueils dans la carrière n° 3. Des mains pieuses ont façonné une petite croix portant au crayon-encre le nom des défunts. Ces tombes voisinent avec les champs de champignons et sont constamment détrempées par les infiltrations d'eau. Navrant spectacle pour les familles dans l'obligation d'explorer cette carrière pour en exhumer un être cher. Et le lecteur qui se fait l'interprète de ces familles pose diverses questions, notamment sur le fait que ces corps n'aient pas été exhumés et transférés dans le cimetière de Fleury. Pourquoi ces victimes n'ont-elles jamais été déclarées à la mairie de Fleury ? Pourquoi leurs noms n'ont-ils jamais été transmis à la presse ? Les corps furent relevés et inhumés le 13 juin 1945.

                                                                                                                                                                                    RETOUR SOMMAIRE

    4-La Croix-Rouge Française (CRF)

    Délégué départemental M. de Clermont-Tonnerre, adjointe Mme de Vieil-Castel

    PC au 85 rue Caponière (Ecole Jeanne d’Arc)

    C’est la CRF qui organise :

            - les relais sur la route de l’exode : Caen, Bourguébus, Trun

            -les hôpitaux de repli de Truttemer-le-Grand et du château de Vimer

    Dépend de la CRF :

            -les Equipes d’Urgence (EU), responsable M. Adeline

            -les Ambulancières, responsable Mlle Denise Brouzet

            -le Service de l’Enfance et des services annexes, Mme Clément-Brédiger, avocate (blessée le 15 juillet au cours d’un bombardement)

            -les Infirmières (une vingtaine) détachées dans les PS et les hôpitaux.

    Le 24 juin, le PC déménage et s’installe dans les cellules du pavillon Sainte-Marguerite du Bon­Sauveur.

    Le 3 juillet, visite du directeur général M. de Rohan-Chabot et du médecin-inspecteur général Boidé, dirigeants de la Croix-Rouge Française . Ils viennent de Paris pour se rendre compte de la situation à Caen. Ils inspectent le Bon-Sauveur, Saint-Etienne et le Lycée Malherbe. Ils félicitent les personnels pour le travail accompli et prodiguent leurs encouragements pour celui qui reste à faire ...

                                                                                                                                                                                RETOUR SOMMAIRE

    4-1 Les Équipes d’Urgence (E.U.)

    Organisées en juin 43 par Mme de Viel-Castel avec le concours du Service de Santé

    Le PC était au 85 rue Caponière, responsable M. Adeline, chirurgien-dentiste

    Effectif à la veille du 6 juin, 100 à 200 membres volontaires garçons et filles, recrutés principalement dans les milieux universitaires. Les départs furent nombreux les 6 et 7 juin, mais de nouveaux volontaires assurent un effectif moyen de 90 membres, plusieurs sections furent créées :

            -l’équipe des étudiants des facultés avec Gilles Rivière

            -celle des lycéens Sainte Marie avec J. Renault, étudiant en lettres et professeur de 5e.

            -celle des lycéens Malherbe avec René Streiff et Jean Cadic.

    Les E.U. sont chargés du ravitaillement du C.A. du Lycée Malherbe avec:  l'équipe des Treize, treize gaillards résolus. Elle dispose d'une voiture et d'un cheval, celui-ci adopte l'uniforme et ses flancs s'ornent d'une magnifique croix rouge . L'équipe fait des expéditions, souvent très périlleuses, à Caen et dans les environs, elle va jusqu'à Clinchamps pour y chercher des pommes de terre qu'elle doit déterrer dans un champ, sous une pluie d'obus. Les tubercules arrachés, il faut les mettre en sac, les charger sur la voiture et, quand tout est prêt pour partir, s'en voir prendre la moitié par des S. S. goguenards ! 

    Le 29 juin un camion est criblé de balles pendant la tournée de lait, l'équipier Petit est sérieusement blessé à la jambe.     

    Un autre groupe, commandé par Gourvenec, assure également l'approvisionnement. Il se spécialise dans les raids à long rayon d'action. Montés dans un corbillard abandonné par ses propriétaires et réquisitionné par la Croix-Rouge , les « Sept » s'en vont, même sous les tirs d'artillerie, jusqu'à Mondeville, Colombelles, Carpiquet et Verson.

    Localisation des communes citées

     Une troisième équipe assure le service d'intendance. Elle classe les vivres, sitôt leur arrivée, les range et les sort des réserves au fur et à mesure des besoins. Elle est dirigée par Daniel Anne.     

    Une quatrième équipe, celle de Lucien Chesnais et d'Henri Louvel, se charge du ravitaillement en eau de l'établissement. Et ce n'est pas là un petit problème car les cuisines réclament de 15 000 à 18 000 litres d'eau par jour. Il faut aller chercher cette eau dans les rares maisons où se trouvent des puits ou des pompes. Le 7 de la rue de Bretagne alimentera longtemps le centre. Par la suite, quand le puits sera tari il faudra aller chercher l'eau rue Saint-Martin et même rue de Falaise! Bien souvent cette corvée s'effectue au péril de la vie de ceux qui l'entreprennent!

    Une équipe de la Faculté se charge plus particulièrement de la tournée de lait. Un camion, muni de deux drapeaux tricolores et portant la croix rouge très apparente fait, chaque matin le circuit des localités qui entourent Caen, y collecte le lait qu'il apporte au Lycée. Là, il est pasteurisé par un médecin qui l’achemine vers la pouponnière et l’hôpital complémentaire.

    Photos collection André Heintz présentées page 183 et 184 du livre: Juno Beach Les Canadiens dans la bataille de Guy Chrétien.

    Équipiers d'Urgence au Lycée Malherbe sur un plateau et rue de l'Académie avec une voiture à bras.

    "Photo ECPA Coll. Musée Mémorial de Bayeux" Des jeunes des Equipes d'Urgence, rue Saint-Pierre, le matin du 6 juin.

            -du Bon Sauveur

    Parmi eux 5 routiers scouts de France qui sont venus de Paris les aider.

    Photo collection André Heintz, présentée page 51 du livre: La vie quotidienne des étudiants à Caen de 1939 à 1955, Presses Universitaires de Caen, 1994. Une des rares photos des Équipiers d'Urgence en poste au Bon­Sauveur. On reconnaît sur ce cliché : Michel Royer, André Leclercq, Michel Huart, Marie Repussard, MM. Eudes, Boisroux, Lefrançois et Micheline Koebel.

     

    Photos collection André Heintz présentées page 184 du livre: Juno Beach Les Canadiens dans la bataille de Guy Chrétien.

    Internes du Bon Sauveur.

            -des Petites Sœurs des Pauvres avec Gilbert Detolle (le fils aîné du maire)

     

     

     

     

    Le PC fut déménagé dans un petit local du Lycée Malherbe au bout de la cuisine, au rez-de-chaussée, avec entrée côte impasse Saint-Benoît.

     

     

     

     

     

            -de l'hôpital des Coteaux à Fleury sur Orne avec Jean Cadic.

    Chaque jour un voyage à Saint-Sylvain (16 km) pour aller chercher du lait avec un gazo des « Courriers Normands » baptisé « Le Furet » peint en blanc. François Cadie et Maurice Cauchard iront  jusqu’au Mans le 20 juin pour ramener 1 400 kg de tabac. Le reste du temps il ramassait les blessés et les malades sur la route de l’évacuation.

    Photo collection André Heintz présentée page 183 du livre: Juno Beach Les Canadiens dans la bataille de Guy Chrétien.

    Des Equipiers d'Urgence devant le camion de la Croix Rouge: P. TIRARD, Ch. FAVRIEL, J. AULOMBARD, L. SAVARY, FAIGNANT, assis : BEDEL, J. COCHARD

    Cette photo est présentée page 366 de ce livre avec la légende suivante:"L'épopée du camion de la Croix-Rouge de Bayeux:Le 17 juin, un ancien de Tilly, malgré sa blessure, traversa les lignes, gagna Bayeux et demanda à la Croix Rouge de venir secourir les blessés de l'école du Sacré-Cœur. Un camion de la Défense passive et sept volontaires (dont Jean Aulombard, futur notaire à Balleroy de 1955 à 1980, 21 ans en 1944 et un autre Bayeusain, M. Jean Guérin) essayèrent à deux reprises d'approcher Tilly, sans succès, les Allemands occupant toujours le terrain. Le 18 juin, enfin, ils parvinrent à pénétrer dans la cour de l'école et à charger les pauvres blessés. Au moment où ils repartaient vers Bayeux, les Allemands qui avaient repris le village leurs interdisent le passage, les repoussant vers l'arrière, le chauffeur essaya bien par Cristot, Le Mesnil-Patry de franchir les lignes, mais hélas rien à faire. C'est finalement à Flers et Caen que ces braves volontaires terminèrent leur voyage en ayant rencontré des difficultés de toutes sortes, mais heureux d'avoir rempli leur mission. Ils laissèrent les blessés à l'hôpital du Bon Sauveur. Ce camion, parti pour deux heures, revint un mois après !"

    Les équipes féminines; dirigées par Chantal Nobecourt, s’occupaient plus spécialement de la "biberonnerie" (150 à 200 enfants), du nettoyage et du blanchissage.

    8 membres sont morts au champ d’honneur dont:

    -Robert Auvray, brûlé vif au 6 de la rue du Pont-Saint-Jacques le 15 juin   ,

    -André Chambon dans le bombardement de La Miséricorde le 7 juin ,

    -Denise Olive par un obus allemand au Lycée Malherbe le 15 juillet ,  une rue lui rend hommage.

    -Pierre Favier tué par un éclat de vitre aux Galeries Lafayette à l'âge de 14 ans, le 12 juin

    Source page 124 de ce livre

    "Photo Streiff" Le  cercueil de Pierre Favier recouvert du drapeau de la troupe Vikings des Eclaireurs de France.

    « Archives Municipales de Caen ». Sur les ruines de la clinique de la Miséricorde, trois croix blanches ont rappelé longtemps le sacrifice des Equipiers d’Urgence et Nationaux.

    Lire les témoignages de plusieurs Equipiers d'Urgence: M. Charles Macary, M. Jean-Marie Girault, M. André Heintz, un anonyme,

                                                                                                                                                                              RETOUR SOMMAIRE

    4-2 Les Ambulancières

    PC au 85 rue Caponière

    Elles sont 9:

     Mlles Jacqueline Chollet, Durand, Dammon (ou Dammeau), Hélène Gillet, Jacqueline Heiniger, Hérilier, Pueh, de Rosny (ou Mme la baronne de Basny), et de Veye (ou de Veyre) avec chacune une voiture dont 5 ambulances, responsable Mlle Denise Brouzet (parfois orthographiée à tort Broussais) disparue en mission le 9 ou 14 août à La Chapelle-Biche près de Flers dans l’Orne, après avoir été prisonnière des Allemands.

    Chaque ambulancière était escortée par deux brancardiers des EU.

    Le 7 juin, Mlle Jacqueline Heiniger et Mlle Jacqueline Chollet récupèrent  5 parachutistes Anglais et un soldat Allemand  tous blessés (transportés depuis Troarn en voiture particulière) de l'hospice des Petites Sœurs des Pauvres vers le PS n°3 puis vers la Passerelle (l'Allemand décède dans l'ambulance) pour le Bon-Sauveur.

    Le 24 juin, Mlle Gillet évacue, sous un feu d’enfer, 20 enfants réfugiés à Cahagnes vers Bois-Halbout.

    Le 28 juin, Mme de Basny traverse les lignes entre le tir des chars pour ramener des blessés d'Avenay.

    Elles avaient pour mission fondamentale d’aller chercher sur les lieux des bombardements les victimes et de les transporter dans les hôpitaux.

    Ambulance  fourgonnette Amilcar Compound agencée en véhicule de première intervention pour la Croix Rouge Française. Source Cote: 13 Num 5590. © Arch. dép. Manche / CG50

    Mlle Marie-Thérèse Hérilier est tuée, à 20 ans, dans la nuit du 7 juin (selon une autre source le 6 juin en début d'après-midi) par une bombe qui pulvérise son ambulance à l’entrée du pont de Vaucelles .

    Mlle Jacqueline Heiniger avec sa Matford à trois brancards

     

     

     

     

    Photo présentée page 182 du livre: Ambulancières en Normandie, Cherbourg-Caen:1944 de Cécile Armagnac, Editions du Moulin Vieux, 1994.  Remarquez à droite le bâtiment du PS n°3.

     

     

     

     

     

     

     

    et Mlle Jacqueline Chollet avec sa Renault à cinq brancards affectées au PS n°3 font la navette jusqu’à la passerelle de l’Orne.

    AGRANDISSEMENT

    Carte présentée page 194 du livre: Ambulancières en Normandie, Cherbourg-Caen:1944 de Cécile Armagnac, Éditions du Moulin Vieux, 1994.

    Après le 9 juillet, les Canadiens participent à l'évacuation des blessés, ici rue de Bretagne avec des hommes de la DP (casque blanc Adrian)

                                                                                                                                                                                    RETOUR SOMMAIRE

    4-3 Le Service de l’Enfance

    Responsable Mme Clément-Brédiger

    Dès le 9 juin, elle crée :

            -une pouponnière avec stérilisation et distribution de lait (Mlles Hubert et Nobécourt)

            -un service de lavage de linges enfantins dans la rivière Orne (Mlle Yvonne Maurin)

            -une équipe de récupération et de restauration (Mme Favier)

            -un service de laines et tricots (Mme Adeline)

            -une annexe de soins d’hygiène pour les femmes (Mlle Besnier)

            -une "biberonnerie" au Bon­Sauveur (Mme Martinet)

            -un ouvroir au Lycée Malherbe (Mmes Detolle, Grandsard et Corret)

                                                                                                                                                                                        RETOUR SOMMAIRE

    5-Les Équipes Nationales

    Formées à l'été 1943 pour les jeunes entre 13 et 25 ans sur proposition du Commissariat à la Jeunesse, elles furent constituées dans le Calvados dès début octobre 43.

    Au 5 juin 1944: 363 permanents et 450 temporaires (dont 118 Caennais). Le plan d’alerte est prêt, mais seul le groupe SOS (45 garçons commandés par le chef Jean Leherpeur) avait fait ses preuves à Rouen du 18 au 22 avril 1944.

    Ils sont requis pour des travaux de déblaiement en «  cas de coup dur »

    Siège 3 rue Pasteur au second étage en face du Lycée de Jeunes Filles. Les responsables sont: Mlles Eloy et Hochard, Mr et Mme Genevois, Mrs Leherpeur, Vercel et Favier.

    Le 6 juin :

        - dès 05h00 des estafettes sont mises à la disposition des hôpitaux 

        - à 06h30 mobilisation du groupe sanitaire et des centres d’accueil 

        - à 10h30 déménagement de la délégation vers les abris du Lycée de Jeunes Filles de la rue Pasteur

        -11h00 le groupe SOS (déblaiement et feu) part pour Lebisey.

    Pendant toute la bataille ils aident les pompiers, déblayent les ruines pour sauver les survivants, souvent avec l’aide des E.U.  Ils sont pratiquement seuls pour lutter contre l'incendie. Ils sont parvenus à récupérer deux motopompes, l'une au pont de la Fonderie, l'autre  à Saint-Gilles. Mais Ie 10 juin, les Allemands, sous la menace de leurs revolvers, Ieur réquisitionnent l'une des deux pompes. '

    Photo prise dans le bas de la rue de Bayeux.  Voir ici

    Les tâches se répartissent ainsi :

  • Le poste de secours du Lycée Pasteur (garçons et filles)
  • Pompiers auxiliaires
  • SOS (déblaiement et feu) 45 équipiers avec Jean Leherpeur.
  • Service du matériel et de la récupération
  • Évacuation des sinistrés vers Trun via Bourguébus
  • Exhumation
  • Secouristes volants
  • Agents de transmission dans le département . Courrier
  • Hôpital du Bon Sauveur (garçons et filles)
  • Effectif moyen durant la bataille : 84 équipiers, dont 14 tués et 13 blessés, pour: 318 blessés dégagés et 675 morts exhumés, ce qui fait que chaque membre a en moyenne sauvé 4 personnes et retiré des décombres 8 cadavres !

    La dissolution des E.N. est publiée au J.O. le 21 septembre 1944, elles sont transformées en Service civique de la jeunesse.

                                                                                                                                   "Photo allemande. Archives du Calvados"

                                                                                                                                                                                RETOUR SOMMAIRE

    6-Le Ravitaillement Général (R.G.)

    Son activité était d’approvisionner Caen soit par voie normale d’achat par réquisition, soit par récupération dans les entrepôts abandonnés ou sinistrés (pâtes, conserves, riz, sel, sucre, etc…) et d’organiser les répartitions de ces vivres entre les Caennais.

    Le vieil hôtel au 7 rue Saint-Louis qui abritait les services du RG fut anéanti dans la nuit du 6 au 7 juin.

    L'hôtel de Piédoue au 7 rue Saint Louis

    Le PC fut transféré au Lycée Malherbe dans les salles 7, 8, 10, 11 et 12 au 1er étage et vers le 12 juin, le RG réorganisé par son directeur M. Pierre Callé et son adjoint M. Lebret repris son activité ; plusieurs de ses membres furent tués dans leur activité.

    Distribution de produits réquisitionnés par un membre de la Défense Passive

    La population passe de 60 000 à 24 000 (chiffres approximatifs) fin juin,  28 000 selon ce recensement au 15 juin ;  la population de la rive gauche libérée tombe à moins de 9 000 après le 9 juillet.

    La rive droite qui avait son autonomie à peu près complète était sous les ordres de M. André qui après recensement constitua 12 groupes d’approvisionnement disséminés dans les différents quartiers de Vaucelles.

    La rive gauche avec Mrs Michaut, Le Guen, Bellanger et Mlle Gadie fut divisée en 13 secteurs de 250 à 4 000 personnes, puis regroupés en 4 secteurs à partir du 29 juin.

    Quelques exemples :

    Farine et pain

    Transport de sacs de nourriture dans une rue encombrée de gravats

    Le seul apport extérieur qui fut enregistré est de 6 t de blé reçues de Damville (Eure) sur ordre de Vichy. La ration fut de 100g/personne/jour. Quelques boulangeries restèrent ouvertes durant toute la bataille.

    Aux moulins Lemanissier (ou moulin de Calix), 3 avenue Victor Hugo, 51 t de farine furent récupérées et stockées au Lycée Malherbe, 23 t furent également récupérées dans les différentes boulangeries bombardées ce qui permit la fabrication de 97 t de pain. 59 t de céréales stockées à la Coopérative des Producteurs de Blé: 88, Bd Maréchal Lyautey furent distribuées jusqu’à Bourguébus pour les évacués. 27 t de farine furent fabriquées par un moulin du boulevard Lyautey remis en état à l’aide d’un tracteur agricole.

    Photo Collection Jean-Pierre Benamou, avec son aimable autorisation

    Source film British Movietone News. Des réfugiés devant un portail (FERME APRES MIDI), corvée d'eau (EAU NON POTABLE)

    Source film British Movietone News. Des réfugiés font la queue pour une distributions de vivres.

    La viande

    Elle ne manquera jamais. Un parc avait été aménagé dans les dépendances du Bon­Sauveur. Dès le 15 juin, 14 boucheries et 4 charcuteries étaient ouvertes dans les quartiers non sinistrés. Des volontaires aidés des E.U. et des E.N. ramassaient le bétail errant dans la campagne.

    L’eau

     

    L’eau distribuée à Caen venant des sources de Moulines au-delà de Bretteville-sur-Laize (à 23 km)

     La canalisation principale suivait la route de Falaise et traversait l’Orne au pont des Abattoirs. Dès la nuit du 6 au 7 juin la rive gauche n’avait plus d’eau potable. Le système D se mit en place par des corvées organisées et la réouverture de puits particuliers, désaffectés depuis longtemps. La rive droite fut plus ou moins alimentée jusqu’au 11 juillet, grâce à M. Coudère agent de la DP, date à laquelle les Allemands firent sauter les installations de Moulines. Ensuite il fallu aller à Mondeville avec un tonneau.

     « On allait chercher l'eau de l'autre côté de l'Orne, du côte de la rue de Falaise », se souvient Robert Carreau.
    « Nous avions déniché une tonne cubique blanche, une arroseuse municipale. On l'avait reconvertie, en peinturlurant dessus une grande croix rouge ...
    ». Les Allemands, le doigt sur la gâchette, et les ponts sur l'Orne détruits, il reste à Robert Carreau et à ses amis Henri Louvel, François Brunet et Lucien Chesnais, chauffeur de l'arroseuse, à franchir une passerelle réservée aux bicyclettes, passerelle légère qu'empruntent quand même les chars allemands. « Entre les tanks ennemis et l'aviation alliée qui s'acharnait à détruire coûte que coûte ce dernier lien entre rive droite et rive gauche, notre corvée d'eau devenait plus que périlleuseSource.

     

     

     

     

     

     

    Le vin ne manqua jamais, de très grandes quantités furent récupérées dans les entrepôts ( 20 000 litres en un seul endroit) et livrées au R.G.

    Le lait, le beurre et les fromages ne manquèrent pas non plus. Certains Caennais affirmaient avoir été saturés de Livarot à en être dégoûtés pour le reste de leurs jours !

    Le 21 juin, un camion des E.U. va chercher à Lisieux 3 tonnes de lait condensé.

    A la Société Normande d’Alimentation (SNA) 85 t de sucre sont découverts : 45 t pour les Équipiers et 40 t pour les Waffen-SS !

    Une seule chose reste difficile à trouver les légumes verts.

                                                                                                                                                                                RETOUR SOMMAIRE

    7- La police de Sécurité

    Créée le 9 juin par le préfet Michel Cacaud , décret cosigné par le Kampfkommandant de la place.

    Caen est divisé en 7 secteurs :

    500 hommes dont 376 anciens combattants, munis d’un brassard portant l’inscription « Police de Sécurité » avec un numéro d’ordre et une carte rédigée en allemand et en français. Ils peuvent circuler à bicyclette après l'heure du couvre-feu, et à porter un gourdin . Le PC s’installe dans la chapelle Halbout à Saint-Etienne, les délinquants sont emmenés au Commissariat de police établi au champ de course, dirigé par M. Bouton.

    Elle effectuera 250 arrestations environ, mais les plus grands pilleurs étaient les Waffen-SS et même la Felgendarmerie allemande n’y pouvait rien…

                                                                                                                                                                                    RETOUR SOMMAIRE

    8- Le Secours National

    Les bureaux au 9 place Saint-Sauveur, avec Mr Lecomte (il sera blessé le 8 juillet) et son adjoint M. Lemenorel, l’entrepôt rue Sainte-Anne : 20 à 25 tonnes de vivres (conserves, lait condensé, chocolat, pain d’épice et autres), vêtements et chaussures.

    Lors du bombardement du 6 juin à 13h30 l’entrepôt est anéanti et le feu se déclare aussitôt dans les ruines. M Bellamy, délégué à la propagande, avec le concours des EU récupère le jour même et le lendemain 7 à 8 tonnes de marchandises qu’il transporte place Saint-Sauveur pour être aussitôt distribuées aux sinistrés.

    Dans la nuit du 8 au 9 juin, un obus de 380 mm détruit l’immeuble de la place Saint-Sauveur. Le PC est déménagé à la Chambre des Notaires, place Guillouard.

    Le Secours National se réorganise avec 6 employés, un camion de 6 t est mis à sa disposition ; mission : prospection des ruines et des magasins abandonnés. Il y a de la concurrence et des accrochages avec les Waffen-SS. Des tissus sont récupérés chez Delaunay, 13 000 paires de chaussures récupérées et distribuées. Un entrepôt est établi à l’Université.

    Le siège central de Paris envoya 2 camions à Caen !

    Des ateliers de réfection et de confection sont créés dans les salles de l’Université, rue aux Namps, mais ils sont incendiés par le bombardement dans la nuit du 7 au 8 juillet.

     

    Source film British Movietone News. Roulante du Secours National  et un agent de la DP à côté d'un panneau d'informations pour le ravitaillement du 12 au 14 juillet.

     

    Cet organisme vichyste devient après la libération « l’Entraide Française pour la Libération » et avec des hommes nouveaux continuera son action. Sur ordre de François Coulet , Mrs Lecomte, Gruet et de la Hougue sont démis de leurs fonctions le 22 juillet et remplacés par M. Legrand, avoué à la Cour d'appel de Caen promu nouveau délégué régional, M. Pierre Bouts, assureur, délégué adjoint et M. Bellamy, secrétaire général.

    Liberté de Normandie du 16 et 17 juillet 1944

                                                                                                                                                                                    RETOUR SOMMAIRE

    9- L’évacuation de Caen

    La fuite après les bombardements dans ce film à partir de 01:41 et au début de celui-ci

    Le préfet Michel Cacaud nomme M. Marie assisté de M. Chavatte pour organiser le repli des sinistrés sur les routes de l’Orne et leur hébergement dans les départements du sud.

      

                                                                                  La gare du Tramway                                                                     Place de l'Ancienne Boucherie

    Exodes des Caennais. Photos présentées pages 40 et 41 du livre: La bataille de Caen de Jean-Pierre Benamou, Éditions Heimdal, 1988.

    Exodes des Caennais. Photos présentées pages 36 du livre: La bataille de Caen de Jean-Pierre Benamou, Éditions Heimdal, 1988." avec l'aimable autorisation de Jean-Pierre Benamou".  La place Foch, des réfugiés quittent la ville le 6 juin en fin d'après-midi, dans le fond l'hôtel Malherbe le siège de la Feldkommandantur 723. Vous noterez que tous les soldats allemands n'étaient pas molilisés au front !

    Première information :

    Le 8 juin des affiches sont apposées dans les Centres d’Accueil :

    « Habitants de Caen,

    En présence des meurtriers bombardements qui endeuillent Caen, quartier par quartier, et qui sont susceptibles de se renouveler, nous conseillons aux habitants de Caen, qui ne sont pas retenus par aucune charge officielle ou administrative, de se disperser.

    Nous nous inclinons avec émotion devant les deuils et les souffrances de la population ;

    Le préfet : Michel Cacaud ; le maire : André Detolle »

    Photos présentées pages 38 et 41 du livre: La bataille de Caen de Jean-Pierre Benamou, Éditions Heimdal, 1988. A gauche, devant le 92 rue Caponière.

    . 

     Source: page 95 et 102 de ce livre

    A gauche: capture d'écran à 3:53 de ce film. Rue Sadi Carnot. De nos jours. A droite: capture d'écran à 2:07 de ce film devant la bijouterie-joaillerie Delaplace au 66 rue Saint Pierre.

    Seconde information

    Le 10 juin dans un message destiné aux alliés et signé de M. Detolle, maire de Caen . Pour ne pas bombarder la route d’évacuation des Caennais vers Trun, Bourguébus, Saint-Sylvain et Vendeuvre.

    Ensuite les évacués sont dispersés selon trois itinéraires possibles:

    -Exmes, Le Merlerault, Courtomer, Sainte-Scolasse-sur-Sarthe.

    -Almenêches, Chailloué, Aunou-sur-Orne,

    -Fresnay-le-Samson, Le Sap, Monnai, Villers-en-Ouche, La Ferté-Frênel.

    Les circuits de dispersion des réfugiés à partir de Trun.

    Ensuite c'est la Mayenne (Château-Gontier, Sainte-Suzanne, Courberie, Gorron,...), la Sarthe et la Vienne !

    Troisième information, sur relance allemande, l’ordre d’évacuation du 13 juin :

    « Le Préfet et le maire de Caen avertissent que, par ordre des autorités allemandes, la population de Caen doit quitter la ville, à partir de 5 heures du matin, le mercredi 14 juin, pour gagner Trun dans l’Orne »

    Il est formel pour les carrières de Fleury, un grand départ a lieu le 14 juin, environ 12 000 personnes par la petite route sinueuse qui va vers Bras au delà de la route de Falaise.

    Dans plusieurs quartiers de Caen les allemands contraignent, revolver et mitraillette au poing, la population à s’en aller.

    Quatrième information c’est l’ordre d’évacuation du 29 juin, ainsi rédigé :

    « Le général commandant la place de Caen nous a transmis un avis d’évacuation totale de la ville de Caen, pour éviter à la population les graves dangers que comportent les opérations militaires.

    Les habitants de La Maladrerie et des quartiers situés au nord des rues de Bayeux, de Saint-Martin, des Fossés Saint-Julien, de Geôle… sont invités à quitter Caen aujourd’hui même. Au cours de la journée de demain, tous les habitants de la ville devront évacuer.

    Les habitants devront se diriger sur les carrières de Fleury pour de là gagner la zone d’évacuation prévue, par Bourguébus, Saint-Sylvain, Barou-en-Auge et Trun. »

    D’autre part, les consignes suivantes sont données aux chefs des Centres d’Accueil le 1 juillet :

    « Doivent quitter le Centre d’Accueil :

    les fonctionnaires ainsi que leurs familles qui ne sont pas déclarés strictement indispensables par leur Chef de service.

    Les personnes sinistrées qui ne sont pas retenues à Caen par une mission de service.

    Les personnes qui ont leur domicile principal ou une résidence secondaire en dehors de la ville.

    Les personnes étrangères à la ville de Caen.

    Toutes les personnes ci-dessus désignées doivent évacuer conformément aux avis déjà donnés.

    La situation des stocks alimentaires ne permet plus aux centres d’Accueil de les héberger et elles ne doivent plus compter sur l’aide du Ravitaillement Général.

    Il est précisé que l’itinéraire d’évacuation par Bourguébus, Saint-Sylvain, Vendeuvre, Jort, Barou-en-Auge et Trun, assure aux évacués dans les circonstances actuelles le maximum de sécurité.

    Sur cet itinéraire des centres d’accueil ont été organisés et permettent aux évacués de trouver sur place le ravitaillement qui leur est nécessaire. Un service de transport est organisé entre Caen et Saint-Sylvain.

    Pour tous renseignements concernant l’évacuation et l’acheminement vers le lieu de refuge, s’adresser au Service des réfugiés (couloir des classes au Lycée Malherbe)

    Signatures : M. Cacaud, Préfet du Calvados M. Detolle, Maire de Caen « 

    Note sur Saint-Sylvain, L’exode des Bas-Normands au cours de l’été 1944 de Valérie Laisney-Launey, Doctorante Université de Caen au colloque international, 25-27 mars 2004 Les populations civiles face au débarquement et à la bataille de Normandie :

    « Saint-Sylvain où les premiers caennais affluent dès le 8 juin, met rapidement en place les structures de l’accueil. Le ravitaillement est assuré par trois personnes dans l’ancienne colonie de vacances transformée en cuisine centrale. Le poste de secours est assuré à l’école des filles par une infirmière de la Croix-Rouge Française assistée de deux jeunes filles du village. Pour l’hébergement, la salle paroissiale est aménagée sommairement ; des locaux sont réquisitionnés chez les particuliers. L’organisation fonctionne efficacement grâce à la solidarité : les cultivateurs fournissent les bêtes à tour de rôle, des équipes se forment spontanément pour éplucher les légumes ; un bureau distribue les secours en espèces. Mais la ligne de front avance ; le 18 juillet, Saint-Sylvain est bombardée (12 morts dont 6 réfugiés). Le lendemain, l’ordre d’évacuer est donné, l’accueil des réfugiés prend fin alors que la population connaît à son tour l’exode. »

    Le docteur Lecharpentier met en place un poste de transfert avec M. Pelluet, pharmacien à Bretteville-sur-Laize, les blessés sont évacués à Giel par le docteur Galmot. 45 000 réfugiés caennais transitent par Saint-Sylvain.

    Fin juin, 5 ou 6 camions du Groupe de Transport organisé par les Ponts et Chaussées sont affectés au transport des évacués. Ils les conduisent jusqu’à Saint-Sylvain sur la route de l’exode. Au-delà, si leur état de santé ne leur permet pas de poursuivre à pied, les évacués sont transportés par des relais hippomobiles organisés par les paysans. En outre, un camion part chaque après-midi du Lycée Malherbe et suit la route de l’exil jusqu’à Trun. Il a pour mission de relever les traînards. Il revient à Caen dans la matinée du lendemain.

    Une prime de 750 F est distribuée au Lycée par le service départemental des réfugiés qui délivre également des autorisations de départ.

    Dans ce livre un avis d'évacuation des Archives Municipales de Caen , reproduit ci-dessous:

    PREFECTURE DU CALVADOS

    .Cabinet du Préfet

                                                                AVIS

    Nous avons donné le pressant conseil à tous ceux qui ne sont retenus par auoune charge administrative ou officielle de se disperser.

    Ce conseil dicté par les épreuves douloureuses subies par la Ville de Caen et qui peuvent se renouveler à tout moment puisque nous sommes dans la zone des oombats, n'a pas été suffisamment écouté.

    L'autorité d'occupation peut, d'un!moment à l'autre, intimer l'ordre d'évacuer dans un délai ts court, et les opérations militaires peuvent rendre cette' évacuation plus pénible encore qu'aujourd'hui.

    Par ailleurs, les stocks de denrées et notamment de farine ne permettent pas de faire vivre des milliers de personnes dans les murs de Caen.

    Nous n'avons pas le droit d'ajouter à vos souffrances,  le martyre de la< faim.

    Nous avons la devoir de parler sans ambiguité et de vous dire, n'ignorant pas que l'éloignement de votre cité vous est trés pénible :

    Il faut partir

    Les Chefs des différents Oentres d'accueil reçoivent ainsi l'ordre de diriger immédiatement les sinistrés et réfugiés sur TRUN~, par BOURGUEBUS et MORTEAUX COULIBOEUF, étant entendu <que partiront les derniers : les servioes d'administration, de police, de sécurité et de santé ; ceux de la  D.P. (notamment les auxiliaires requis pour le déblaiement) ; les organismes de transport et les spécialistes indispensnbles au ravitaillement de la population.

    Sur cet itinéraire, des centres d'accueil ont été organisés et ont déjà fonctionné.

    D'autre pert, la cessation de la èdistribution des vivres$dans chaque ­secteur de ravitaillement étant prévue dans un délai trés court, l'évacuation des différents quartiers de Caen doit commencer immédiatement, et se poursuivre sans interruption. Messieurs les Chefs de secteurs reçoivent l'ordre de faire pour leurs ressortissants ce que les Chefs des Centres d'accueil doivent exécutar pour les leurs.

    LE PREFET:                                                                      LE MAIRE:

            Michel  C A C A U D                                                           André D E T O L L E

    Après le bombardement du 7 juillet, la Feldkommandantur, alors repliée aux environs de Vimoutiers dans l’Orne envoie un nouvel ordre d’évacuation totale, il sera remis au préfet le 9 à midi, par le gendarme Lemperière, alors que les Anglo-Canadiens entrent dans Caen !

    On estime qu’à cette date il reste environ 18 000 personnes à Caen sur une population de 60 000 au début de la guerre.

    Du 11 au 18 juillet, l'évacuation d'environ 8 000 à 10 000 Caennais est organisée par les Civil Affairs après l'autorisation de la Field Security vers: Bayeux, Amblie, Ducy-Sainte-Marguerite, Sainte-Croix-Grand-Tonne et dans la Manche des camps à  Fontenay-sur-Mer et Cavigny.

    Dans ce livre page 312:

    Selon La Presse Cherbourgeoise, dans la nuit du 20 au 21 juillet, huit cents Caennais, transportés à bord d'une quarantaine de camions, arrivent dans le Val de Saire. Trois cents trouvent refuge à Barfleur, autant à Quettehou, deux cent quatre-vingt-cinq à Montfarville et à Saint-Vaast-la-Hougue, une dizaine à Carneville, un peu partout dans les deux cantons. Trois cent vingt, dans un état lamentable, sont accueillis à la Communauté Notre Dame de Saint-Pierre-Église où leur nombre diminuera peu à peu, « les plus intéressants trouvant chambre et couvert dans des maisons de Saint-Pierre et des environs. » Odette Legaigneux se souvient qu'ils ont été très nombreux à Barfleur. Ils étaient venus en camions, conduits par les Américains. Un certain nombre à qui on allait porter la soupe logeait dans les baraques en bois que les Allemands avaient construites dans le jardin de la maison située au n° 35 de la rue Saint-Thomas. Je m'occupais du dispensaire avec le Dr Babin et sœur Marie Martha qui était infirmière. Il y en a qui étaient dans un état épouvantable!

    Au 19 juillet, un rapport de la préfecture indique que 4 300 personnes restent à Caen.

     

        

    Evacuation des réfugiés sur le parvis de Saint Etienne.

    Film départ de réfugiés le 15 juillet (à partir de 02:00) voir également le début de ce film.

    Source film British Movietone News. Des camions de réfugiés devant le 74 rue de Bayeux. De nos jours. Noter à droite le camion au gazogène.

                                                                                                                                                                                RETOUR SOMMAIRE

    10- Les cimetières provisoires

    Dans les carrières de Fleury-sur-Orne les premiers morts de l’hôpital des Coteaux sont enterrés au cimetière communal ; les autres, en raison des bombardements, dans le fond d’une galerie. Il y eût 47 décès. Les corps sont relevés après les combats pour être inhumés dans le cimetière municipal.

    A Caen :

    Rue des Carmes, des cercueils attendent leur triste fardeau.

    Un cimetière provisoire dans le parc entre l’hospice Saint-Louis et l’hôpital civil, une cinquantaine de tombes

    Un dans les jardins du Lycée Malherbe

    Source dans ce livre .

    Source film British Movietone News. Des tombes dans les jardins du Lycée Malherbe.

    Un dans la Prairie derrière les tribunes du Champ de Course.

    Cimetière provisoire de la Prairie

    Un dans les jardins du Bon Sauveur (une fosse commune dans la cour du pavillon Notre Dame des Anges avec 245 morts)

    A gauche: photo "collections du Mémorial de Caen", source: page 49 de ce livre. A droite: "Photo Jean Quellien" source: page 80 de ce livre.

    Le convoi est sur la place Guillouard derrière la statue la façade du Lycée Malherbe et l’église Saint Etienne

    Un au Sépulcre, pour les quartiers Saint-Gilles et le Vaugueux. Témoignage de ma mère, après le bombardement du vendredi soir 7 juillet, « les tombes des tués du 6 juin qui étaient au pied du Sépulcre avaient été retournées si bien que des cinq corps des P… nous n’avons retrouvé que quelques habits qui ont permis de savoir que c’était eux »

    Au Centre d’Accueil des Petites Sœurs des Pauvres les victimes des bombardements sont inhumés deux par deux au cimetière de Vaucelles juste en face.

    Tombes provisoires de victimes dans la cour arrière de la Banque de France. Il s’agit de Mme Bavay, femme du directeur de la Banque de France et de M Haillard, caissier et son épouse. Ces personnes étaient mortes ensevelies par le bombardement du 7 juin vers 03H30.

    Ci-dessous extrait de ce site  Vendredi 23 juin. Les corps de Mme Bavay et de M. et Mme Haillard sont enfin dégagés, mis en bière et déposés dans une fosse dans le jardin. L’équipe de déblaiement a remué tout l’abri mais n’a trouvé aucune trace du corps de la domestique de M. Haillard, seuls son sac et des papiers ont été retirés. Dans le jardin, M. et Mme Haillard ont d’abord été inhumés provisoirement, enveloppés de sacs de billets, faute de cercueil. Plus tard, le corps de M. Haillard étant presque entièrement calciné, les quelques ossements trouvés ont été mis dans le même cercueil que le corps de Mme Haillard.

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    Aujourd'hui, encore, la mémoire de cette période tragique continue à être honorée à Caen par le nom de nombreuses rues, de plaques commémoratives et de monuments, dont:

    Prière sur les ruines d'Anna Quinquaud, rue de la Délivrande (que les Caennais appellent le Calvaire Saint-Pierre)

    et  le carré des victimes civiles au cimetière Saint-Gabriel.

    Voir également le site de Philippe Corvé, liste non exhaustive.

    Depuis 1994, le « parloir» des moines de l'hôtel de ville porte le nom de salle Joseph Poirier .

    Sur la plaque:

    « Salle Joseph Poirier, 1900-1990. Maire-adjoint de Caen, directeur de la Défense passive. Dans cette salle, à compter du 6 juin 1944 et durant la bataille de Caen, il exerce ses responsabilités avec un courage et une efficacité remarquables. Le 9 juillet, jour de la libération de la rive gauche, il accueillit les Alliés sur la place du lycée. »

    Photo Ouest-France, 9 juillet 2009 devant le cimetière Saint Gabriel

     

                                                                                                                                                                                    RETOUR SOMMAIRE

    Bibliographie:

    Remerciements :

     

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