Journal d'un Caennais

(EXTRAITS)

        Voici quelques extraits d'un journal rédigé, avec un véritable humour parfois, par un jeune magistrat, M. Paul Monzein. Du fait de ses fonctions, M. Monzein était bien placé pour connaître certaines particularités d'une situation qui, souvent, demeurait mystérieuse pour beaucoup. Son esprit alerte et primesautier donc extrêmement français - lui permet de laisser parfois filtrer un sourire à travers son récit de sang et de larmes. Qui songerait à l'en blâmer ? (1).

 

        Mardi 6 juin. - Il n'y a vraiment pas moyen de dormir... 3 heures du matin; le bruit d'une violente canonnade me réveille. C'est un sourd grondement sur la côte. Le bruit part de l'ouest et se déplace vers l'est. Je me réveille souvent. Chaque fois le bruit est le même. Les avions bourdonnent. Vers 6 heures, le ronflement des moteurs augmente d'intensité. Mon voisin de chambre se lève bruyamment et peste contre les Anglais qui l'empêchent de dormir. J'en suis réduit à me lever, le vacarme est tel que le sommeil m'a fui...

        Sept heures du matin. Je sors. Course immédiate à la boulangerie la plus proche. Déjà les gens font la queue, on ne donne qu'un pain par personne. J'en ai un. Je vole à l'épicerie, chez la buraliste qui me propose le tabac de deux mois... Je rentre dans ma chambre, il est à peine 7 heures. Je prépare mes bagages en prévision d'une évacuation d'urgence. Deux valises, l'une restera au Palais, l'autre me suivra; il faut partager les risques... Dans ma serviette, mon appareil de photo, des espadrilles et un pull over. Ce qu'il faudra abandonner à la dernière extrémité. Je vais au Palais... Personne.

 

Le Tribunal de Caen

 

        Huit heures. Je suis à l'ouverture de la Société générale. Les ­bureaux ouvriront-ils? Tout le personnel n'est pas là. L'aviation est de plus en plus active. On ne voit pas d'appareils : le plafond est trop bas. La salle des coffres est fermée. J'attends dans le grand hall vitré. Bruit de bombes qui explosent. Ce n'est pas très loin. 2, 3, peut-être 4 kilomètres... (J'apprendrai à midi qu'il s'agissait de Lebisey et que quatre-vingts personnes étaient sous les décombres).

 

 

Vers 8 h. 30, je puis enfin retirer quelque argent.

        Neuf heures. Second bombardement. Direction de Harcourt.

        Midi. Des affiches dans les rues : les restaurants sont fermés... Elle est bien bonne...

        Des avions volent sur la ville, dans les nuages...

        Devant l'église Saint-Jean des banderoles de papier d'étain, tombent du ciel...

        Je me hâte. Je veux arriver chez M. Pérès (Procureur de la République) avant 1 heure et demie, l'heure du communiqué. J'arrive presque à temps. On annonce un débarquement sur la côte normande et dans le nord...

 

9 H 17 : Le communiqué n°1 est publié : " URGENT, URGENT. Juin 6, 1944, communiqué n°1 du SHAEF : Sous le commandement du général EISENHOWER, des forces navales alliées, appuyées par de puissantes forces aériennes, ont commencé le débarquement des armées alliées ce matin sur la côte du nord de la France".

 

         Nous buvons le champagne. C'est la première nouvelle sérieuse. Et  l'on fête aussi la confirmation des Mlles Pérès. Soudain les bombes  sifflent. Des éclatements. Les murs tremblent. Nous nous plaçons contre les murs. Je me précipite vers la porte vitrée pour établir un courant d'air et éviter les projections de verre. Une bombe a éclaté, tout près, la terre et des morceaux de bois tombent devant moi. Nous sortons dans la rue. Une maison très voisine, à une dizaine de mètres, est par terre. Les bombes continuent à tomber. Avec un homme j'entreprends de sortir les personnes prises sous les  décombres. Nous sortons trois personnes indemnes ... La Défense Passive arrive. Je reviens boire mon champagne...

        Le bombardement a touché la rue Saint-Jean, la place Courtonne, la rue de Geôle, la place de la Mare. Monoprix est en feu...

        Vers 4 h. 30, les bombardiers. Des quadrimoteurs... Ils volent  bas. Pas d'Allemands dans la ville, pas de D.C.A. Du couloir nous examinons les évolutions des escadrilles. Les bombes tombent tout  près. Troisième vague... Je suis en observation sous le porche dans la cour. Elle passera au-dessus de nous. Je vois les bombes se détacher. « C'est pour nous ». « Ça doit tomber derrière nous « 

        Nous nous accroupissons. Le bruit de la chute des bombes s'amplifie. Un grand fracas, les murs tremblent, des vitres volent. Nous étions à la limite de la zone atteinte. C'était du gros calibre. Je vois tomber des tracts.

 

 

Il faut sans délai évacuer la ville qui sera bombardée de nouveau.

A 6 heures, je quitte la ville pour aller dormir à la campagne. Où? On verra bien...

Des convois de troupes nous croisent, en route vers le sud. Dans un camion militaire, une femme... Mauvais présage pour les Allemands. J'ai vu cela... en 1940.

L'aviation survole sans arrêt; elle est partout. Partout elle bombarde; partout elle mitraille. Des colonnes de fumée dans toutes les directions marquent les résultats de ses attaques. Pas un, avion allemand. La route est pleine de réfugiés, partis à l'aventure. Notre troupe s'augmente... Les uns veulent s'arrêter en plein champ. Je suis d'avis qu'il faut atteindre un petit bourg. Nous traversons Maltot, jugé dangereux à cause de la troupe. Nous arrivons à Vieux (Note de MLQ: à 12 km au Sud-ouest de Caen) et cherchons un gîte. Nous échouons finalement dans une maison abandonnée par les Allemands. Des châlits, de la paille... Peut-on souhaiter mieux? Et puis les gens sont sympathiques. A la guerre comme à la guerre... Nous partageons nos provisions. « Récupérons » ce que les Allemands ont abandonné dans une fuite trop rapide et brûlons la photo de Hitler... Au loin, Caen brûle... J'ai sommeil... Bonne nuit!

Mercredi 7 juin. - Hier soir nous avions décidé de constituer une garde pendant la nuit pour surveiller le passage des avions, voir si des Allemands ne venaient pas s'installer dans le bourg et, le cas échéant nous prévenir de l'arrivée des Anglais.

Trois heures du matin. L'homme de garde nous réveille. Alerte... Nous sortons. Le ciel est embrasé de multiples fusées qui tombent lentement. Les avions s'éloignent puis reviennent. Le ciel est illuminé. Lorsque des fusées s'éteignent, d'autres succèdent... La D.C.A. tire. Nous suivons des yeux les balles traçantes... Un bombardier est touché. Etoile lumineuse il continue sa course, devient comète... Il nous semble voir se détacher des parachutes... La trajectoire s'infléchit; une grande lueur; l'appareil a explosé en touchant le sol. Des voix, proches... Nous nous couchons dans la haie pour éviter de nous faire repérer. Il fait aussi clair qu'en plein jour...

Mais je dois rejoindre mon poste à Caen. Je pars...

Je rentre après avoir fait un tour en ville. Dans le lointain j'entends un combat de chars... Trois avions allemands... Des chasseurs anglais surgissent de toutes parts. Crépitement des mitrailleuses. En une minute j'en vois tomber deux en flammes J'apprendrai dans quelques instants que le troisième a eu le même sort.

Onze heures du soir. Nous sommes couchés. Des coups sont frappés à la porte. Nouveaux coups. Il faut ouvrir, ce doit être quelque réfugié. Nous ouvrons. Un officier allemand accompagné de cinq ou six hommes... Ils parlent en allemand, nous répondons en français. L'officier cherche sa route. Il possède une carte Michelin. Ses questions ne trouvent pas d'écho. Nous répétons inlassablement, stupides : « Nous venir Caen... Boum... Boum ». Finalement il nous dit : « Ici Vieux... » Avec un large sourire je réponds :« Ya ». Il reprend : « Avenay? » (Note de MLQ: à 2 km à l'Ouest de Vieux) Signes évasifs... Je prends la carte et lui montre le nom du pays. « Ya ». Il est évident que le trajet sur la carte ne l'intéresse guère... Je m'obstine à lui désigner les deux noms : Vieux... Avenay. Il me conduit sur le seuil de la porte. D'un geste vague je désigne la moitié de l'horizon. Encore un qui emportera dans son esprit l'idée que le Français moyen est fort peu intelligent.

Pour moi je suis fixé : la tenue des soldats indiquait qu'ils venaient de combattre. Six hommes avec un officier, en route vers le sud, égarés, trente-six heures après l'attaque, la lutte doit être âpre. Je fais part de mes observations aux réfugiés. Joie...

Nous nous rendormons.

 

Samedi 10 juin. - La vie s'organise tant bien, que mal.

 

Dimanche 11 juin. - A 10 heures il n'y a encore personne au Palais de Justice. Bonne occasion pour nous permettre de faire une visite de la ville...

L'église Notre-Dame de Froide-Rue est touchée; rue Saint-Pierre, des immeubles ont souffert. Le moignon de flèche de l'église Saint-Pierre fait peine à voir; la nef a souffert aussi. (Note de MLQ: la flèche est tombée le 9 juin à 02H00 atteinte par un obus de 406 mm du cuirassé HMS Rodney)

 

 

 Sur le chemin de la place Courtonne un cratère gigantesque. Tout est ruines entre le port et la rue Saint-Jean. On ne peut même plus distinguer où étaient les rues... Dans le bassin un bateau a coulé. Dans le canal, les Allemands tentent de renflouer un cargo qui est échoué et brûle...

 

 

Des obus éclatent du côté de la route de Ouistreham.

La rue Saint-Jean n'est qu'un chaos de pierres, de poutres et de ferrailles. Quelques rares personnes cherchent dans les décombres. Rue Gabriel-Dupont, sur le bord d'un immense cratère, deux cadavres, déchiquetés... Devant la Feldkommandantur, au pied du Monument aux Morts de 1914-1918, intact au milieu des ruines, six soldats allemands ont été enterrés : Feldkommandantur 723 - Gefallen für Grossdeutschland - den 6-6-44.

 

A droite avec un drapeau l'hôtel Malherbe siège de la Feldkommandantur 723

 

Des bombes ont détruit la façade de la mairie.

 

Huit heures trente du soir. Du second étage d'une maison voisine nous voyons de la fumée dans la région d'Authie. On entend la canonnade et la mitrailleuse. C'est signe qu'ils avancent. La ville est couverte de fumée. L'aviation alliée ne fait que de rares apparitions. Dormirons-nous cette nuit?

Dix heures trente. La mitrailleuse semble plus proche...

 

Lundi 12 juin. - La journée est marquée dès le début de la matinée par une intense activité aérienne. De grosses formations de bombardiers passent au-dessus de nous. Une intense D.C.A. les accueille. Nous descendons à la tranchée où la famille Perès nous rejoint.

Le soir, bruit d'une bataille de chars.

A 9 heures et demie, une longue file de réfugiés passe sur la route; les Allemands viennent d'ordonner l'évacuation d'Hérouville (Note de MLQ: à 4 km au Nord-est de Caen). Sur des voitures attelées, sur des voitures à bras les gens ont entassé ce qu'ils avaient de plus précieux. Nouvel exode! C'est leur tour aujourd'hui. Demain, peut-être, ce sera le nôtre

 

Mardi 13 juin. - Dans la nuit, vers 2 h. 30, des fusées s'allument dans le ciel. Immédiatement nous rejoignons la tranchée. Pendant vingt minutes des avions déversent leurs bombes sur la ville : Rue Basse, rue Gémare, rue de Geôle, place de la République, Fossés Saint-Julien... Les incendies illuminent le ciel...

Tout revient au calme. Nous nous endormons et ne nous réveillerons qu'à 10 heures sonnées.

Le soir, à 9 heures et demie, de grosses formations de bombardiers lâchent leurs bombes sur des agglomérations proches de Caen : Maltot, Vieux, direction de Fleury et au delà.

Avant de nous coucher nous constatons que la ville brûle toujours...

 

Mercredi 14 juin.  Lever à 9 h. 30. Caen continue à brûler. L'extrémité de la rue Saint-Pierre, la rue Saint-Jean sont en flammes.

Alors que nous montions chez Chapron (Avocat. Chef de cabinet du Préfet du Calvados après la libération), à midi, à hauteur de l'Ecole normale (Note de MLQ: au 168 rue Caponière le siège de l'Etat Major de la Luftwaffe pour la région),

 

Une sentinelle allemande à l'entrée du 168 rue Caponière

 

des obus éclatent, très proches... Si nous ne nous étions guère occupés de leur sifflement pendant la matinée, l'alarme est donnée... Nous courons le long des murs pour arriver à la tranchée. Nous l'atteignons juste à temps. Le bombardement continue pendant une vingtaine de minutes. Là-haut un, avion règle le tir... Un éclat sonne sur la tôle qui recouvre la tranchée. Quand nous sortons nous trouvons dans la cour de nombreux éclats de projectiles. A 100 mètres de là. Mme Grieux et M. Grieux (Avoué) ont été tués. La maison du Premier Président est touchée. Le Nice caennais a reçu plusieurs obus.

Il n'y a eu que peu d'aviation. On ne parle presque plus de nouvelles militaires. On attend de voir pour croire. Pourtant un petit espoir : on se battrait à Feuguerolles-sur-Orne (Note de MLQ: à 11 km au Sud-ouest de Caen). Caen serait aux trois quarts encerclé.

La soirée est sans histoire. Je joue aux échecs... et je perds.

 

Jeudi 15 juin.    Rien à signaler pendant la nuit.

On a l'impression qu'il y a moins de troupes dans Caen. Partiraient-ils?

Le théâtre et la gendarmerie brûlent, incendiés par les Allemands...

 

          Le théâtre                                          La Gendarmerie

 

Les nouvelles se font rares. Les gens se montrent plus circonspects pour les diffuser. N'a-t-on pas arrêté et sans doute fusillé des personnes coupables d'avoir écouté la T.S.F. anglaise?

Les Allemands pillent. Il est vrai que cela n'est pas nouveau puisque, il y a une huitaine, après avoir fracturé une succursale de la Société Normande d'Alimentation (Note de MLQ: rue Saint Gabriel), ils l'ont vidée et se sont enivrés au point d'oublier une baïonnette et une mitraillette...

Vendredi 16 juin. - Durant la nuit une violente canonnade s’est déchaînée. Elle s'est poursuivie pendant la matinée. Les batteries se répondent inlassablement. Il est évident, nous semble-t-il, que c'est assez près. Un charretier nous dit que la route de Bayeux est pilonnée par l'artillerie. A l'Hôpital du Bon-Sauveur, Chapron apprend qu'Evrecy, (Note de MLQ: à 15 km au Sud-Ouest de Caen) bombardé par l'aviation, serait rasé. On parle de quatre cents morts pour une population de cinq cents habitants (Note de MLQ: en fait 62 soit 13.51% de victimes civiles par rapport à la population, soit la commune la plus durement éprouvée du Calvados) .

Au début de l'après-midi nous voyons le conducteur d'un camion, automobile qui a fait 100 kilomètres (Note de MLQ: au lieu de 30) de Bayeux à Caen, entre les lignes, avec des blessés. Tilly-sur-Seulles (Note de MLQ: à 20 km à l'Ouest de Caen) aurait été le siège de violents combats.

Je vais faire un tour dans les ruines. Place Saint-Pierre, rue Saint-Pierre, boulevard des Alliés. Devant le théâtre, un entonnoir gigantesque. Au fond la voûte de l'Odon a été crevée, l'eau filtre à travers les pierres.

 

Les arbres sont déchiquetés; ceux qui restent ont leurs feuilles couvertes de poussière et de cendre. Tout est uniformément gris...

Lundi 26 juin. - Ce matin, aussitôt levés, nous sommes montés dans le grenier d'une maison voisine pour voir le tir des batteries anglaises à la lisière de Caen. Les obus tombaient entre l'Abbaye d’Ardenne et le Moulin au Roi. Serait-ce l'annonce de l'attaque?...

Mardi 27 juin. - A 5 h. 45, la canonnade gronde, nourrie, plus proche qu'à l'ordinaire. Elle dure une heure environ. Le combat semble s'être déplacé vers le sud.

Je ne puis dormir et me lève à une heure inaccoutumée.

Je pars pour Verson...(Note de MLQ: à 8 km à l'Ouest de Caen)

La route a un peu souffert à la sortie de La Maladrerie (Note de MLQ: quartier Nord-ouest de Caen). Sur la route canons antichars en batterie. Un avion pique et lâche ses bombes à 200 mètres sur ma gauche. Plus loin un autre pique sur moi. Un Allemand sauterait dans le fossé... je reste sur la route... à une centaine de mètres l'avion se redresse sans avoir mitraillé : il m'a identifié comme un civil. J'ai eu chaud.

Mercredi 28 juin. - Une heure quinze. Boum, badaboum...réveil en, fanfare. On se précipite à la tranchée que l'on quitte au bout d'un quart d'heure.

 3 heures, des fusées dans le ciel, des avions : nouveau réveil, il faut aller aux abris. Nous inspectons le ciel, les fusées paraissent lointaines et, en dépit des avions qui survolent, nous retournons au lit. Ceux qui étaient entrés dans la tranchée nous rejoignent rapidement. Une demi-heure plus tard, nouveau réveil, des fusées dans la région de Colombelles (Note de MLQ: à 6 km au Nord-est de Caen). Encore une fois nous ne nous laissons pas ensevelir dans la tranchée et regagnons nos matelas...

Quatre heures trente, les obus éclatent, de plus en plus proches, semble-t-il. (Caserne Delorge et rue Damozanne). Cette fois nous ne nous faisons pas tirer l'oreille pour descendre à la tranchée. Au reste il doit y avoir dés fusants qui éclatent à proximité car nous entendons les éclats tomber autour de nous. Une vingtaine de minutes plus tard nous pouvons nous coucher et trouver un sommeil réparateur.

        Quelques instants plus tard de nouveaux obus nous font sortir encore une fois. Je veux aller voir au fond du jardin où j'ai l'impression que des obus ont dû tomber auparavant. Mais les éclatements se précisent et, ventre à terre, je retourne à la tranchée.

Furieux de voir qu'il n'était rien tombé dans les environs immédiats du hangar, nous décidons de nous lever par la suite lorsque le bâtiment aura été réduit en cendres. C'est pourquoi nous ne savons rien du bombardement de 6 heures moins le quart qui s'est passé sans que nous ayons daigné rejoindre ceux qui étaient partis à la tranchée.

Neuf heures trente. Le bruit du canon devient intolérable et nous force à nous lever. Vraiment ces Anglais n'ont aucune correction... Après nous avoir empêché de dormir une partie de la nuit, ils pourraient au moins avoir la pudeur de nous laisser faire la grasse matinée. Au reste nous sommes fermement décidés à prendre des mesures exceptionnelles pour la nuit suivante que nous prévoyons devoir être orageuse...

En ville, les panneaux indicateurs allemands disparaissent peu  à peu : bon signe!

Jeudi 29 juin. - Ce matin un communiqué nous a annoncé la prise de plusieurs villages à quelques kilomètres de Caen.

A 2 heures, nous prenons une paire de jumelles et, d'un grand immeuble que les Allemands viennent d'évacuer, nous allons examiner la position... Un salut correct à la sentinelle en passant...

Une batterie tire entre Bretteville-sur-Odon, Verson, Fontaine-Étoupefour (Note de MLQ: au Sud-ouest de Caen). Sur le terrain de Carpiquet un char...               

On parle, en ville, d'une évacuation de Caen : le Préfet serait en discussion. Sur un avis des Allemands, il aurait pris peur et ordonnerait l'évacuation. L'itinéraire proposé passerait par Bourguébus et Trun...

                Le soir, à 6 h. 30, l'ordre d'évacuation est affiché en ville.

« Le général commandant la place de Caen nous a transmis un avis d’évacuation totale de la ville de Caen, pour éviter à la population  les graves dangers que comportent les opérations militaires.

Les habitants de La Maladrerie et des quartiers situés au nord des rues de Bayeux, de Saint-Martin, des Fossés Saint-Julien, de Geôle… sont invités à quitter Caen aujourd’hui même. Au cours de la journée de demain, tous les habitants de la ville devront évacuer.

Les habitants devront se diriger sur les carrières de Fleury pour de là gagner la zone d’évacuation prévue, par Bourguébus, Saint-Sylvain, Barou-en-Auge et Trun. »

        Nous essayons de voir le Premier Président. Il est absent de chez lui. Nous le rencontrons dans la rue. Il ne sait rien de précis. Dans la rue les gens s'interrogent : que faites-vous? et vous? Dans l'après-midi les Allemands ont fait évacuer Bretteville-sur-Odon...(Note de MLQ: à 5 km au Sud-ouest de Caen). On dit que les services de police et les magistrats resteront... La perspective de partir sur les routes mitraillées n'est guère engageante...

Dix heures quarante-cinq. Des SS , portant sur la manche l'indication « Adolf Hitler », arrivent et s'installent à côté du garage avec un poste de T.S.F. Ils ne sont point désagréables et nous donnent quelques détails sur la composition d'une division blindée. Ils nous affirment que la division « Adolf Hitler » est la première du monde et... tirent un coup de fusil en l'air pour nous montrer qu'ils possèdent des balles traçantes...(Note de MLQ: beaucoup de cadres de cette division ont été versés dans la 12.SS-Panzer-Division "Hitlerjugend" à sa formation et ont gardé leur bande de manche de la 1.SS Leibstandarte SS Adolf Hitler (LSSAH) il est peu probable que des Waffen SS de la LSSAH aient été à Caen le 29 juin)

 

Un blindé de reconnaissance SdKfz 231 8 Rad schwerer Panzerspähwagen dans les ruines du quartier du Marché au Bois (il n'en reste rien de nos jours) entre l’église Saint-Pierre en arrière plan  et le Château de Caen. Remarquer l'emblème de la Division à gauche du capot .

 

Vendredi 30 juin. - A 1 heure du matin l'officier qui commande le poste de radio vient rejoindre ses hommes en voiture.

2 heures. Il tombe quelques gouttes de pluie. Les radios viennent s'installer dans le hangar. Entre deux airs un speaker annonce en français que l'on se bat dans le Massif Central. L'artillerie allemande bombarderait avec des pièces de 105. Des bombardiers participeraient aux opérations. Les Allemands expliquent que les Anglais seraient près de l'Abbaye d'Ardenne, à 200 mètres derrières Carpiquet, entre Verson et Bretteville-sur-Odon. Ils nous donnent d'autres indications sur l'arrivée de renforts allemands. Nous jugeons ces renseignements comme des plus fantaisistes... Au loin le canon gronde. Le ciel s'embrase au départ des coups. Parfois des fusées illuminent, des tirs de D.C.A. rayent le ciel...

Le combat paraît moins proche de Caen. Nous sommes sans nouvelles précises. Le communiqué allemand parlait d'un débarquement dans la région de Cabourg...(Note de MLQ: sur la côte à 24 km u Nord-est de Caen)

Il faut se méfier de ce que l'on raconte. Un exemple : Lundi matin on m'assure que les Anglais auraient évacué Sainte-Honorine-la-Chardonne (Note de MLQ: commune de l'Orne ?). Le communiqué dément cette nouvelle.

Il est sûr que les Allemands ont de lourdes pertes. Deux fois déjà certains d'entre eux se sont arrêtés pour cueillir des fleurs dans le jardin, expliquant : 25 - 18 kamarads kapout...

 

Mardi 4 juillet. - Si je n'ai pris aucune note entre le 30 juin et le 4 juillet c'est, tout simplement, parce qu'il n'y avait pas d'événement notable.

Aujourd'hui, c'est différend, il y a du nouveau...

4 h. 55. Un violent tir d'artillerie se déclenche sur nous. De la tranchée nous entendons le sifflement des obus. Nous sommes encadrés : trois obus, 30 - 100 - 100 mètres Le tir ne cessera qu'après 11 heures. Lorsque le jour se lève nous allons voir une maison touchée par un obus à une cinquantaine de mètres de l'abri. Il n'y a pas de victime.

Dès 2 heures de l'après-midi je suis envoyé en estafette pour explorer les carrières de La Maladrerie... Ces carrières me paraissent offrir un refuge sûr... Elles s'étendent sur plusieurs centaines de mètres sous la ville, à la limite de Caen et de La Maladrerie. On y accède par deux puits munis d'échelles. L'un d'eux est même, luxe inouï, desservi par un treuil. Les personnes sujettes au vertige montent dans la benne et descendent, mollement balancées au bout du filin. Si les dieux sont favorables, elles arrivent au fond après quelques minutes. Si les Dieux incléments font éclater des fusants, elles font un stage à mi-course jusqu'au moment où la disparition du danger permet aux servants du treuil de reprendre leurs fonctions.

Au fond du trou, le nouvel arrivant voit surgir de l'ombre des troglodytes que le prennent par la main et l'entraînent vers les profondeurs. Il s'enfonce dans l'obscurité froide et croise des gens qui, parfaitement accoutumés, marchent avec assurance. Des piliers énormes, des monceaux de cailloux. Cinq cents personnes campent là... Le « chef de la carrière » fait preuve d'un grand dévouement. Nous sommes à une trentaine de mètres d'un des puits. Une lampe pigeon assure, à elle seule, l'éclairage. Nos matelas, nos couvertures, des vivres et la cave nous ont suivis autant qu'ils n'auront pas !

Quelques volailles, des lapins attendront là-haut, à l'air libre, l'instant où ils se retrouveront dans la casserole. (Note de MLQ: vu la description il s'agit de la carrière Kaskoreff, lire témoignage de M. Boulvain)

 

Mercredi 5 juillet. - La nuit a été bonne et calme. Nous sommes à 14 mètres sous terre. Dans une quasi obscurité. Un peu d'humidité... On entend les mitrailleuses tirer du haut de La Maladrerie.

 

Vendredi 7 juillet.Le soir, à 9 h. 30, je monte à l'échelle pour sortir du puits. Deux hommes, accoudés à la balustrade s`exclament « Oh, c'est merveilleux... c'est inouï... c'est formidable.. oh, que c'est beau! » Je hâte mon ascension. On entend le ronflement des avions, le crépitement des mitrailleuses, les explosions des bombes... Alors que je vais atteindre les derniers barreaux ­deux cris « N... de D..., c'est sur nous... »

Je n'en demande pas plus et redescends avec une rapidité accrue du fait que mes deux gaillards ont escaladé la balustrade et risquent de me monter sur les doigts.

Arrivé au fonds du puits, je demande quelques explications et j'apprends que des avions de bombardement pilonnent, sur les coteaux voisins, des militaires allemands.

Au reste, toute demande d'explications devient superflue, car  les bombes tombent maintenant sur la carrière. Quelques personnes courageuses se risquent jusqu'au sommet de l'échelle et rapportent que les avions passent en files ininterrompues. Il est impossible de les dénombrer. Ils sont cinq cents, huit cents, peut-être mille… Des quadrimoteurs... Ils volent très bas...

Dans la carrière, un peu d'affolement. On sent le souffle des bombes qui explosent. Le sol tremble... Les gens se précipitent dans ­les salles jugées les plus sûres.

Le bombardement dure plus d'une demi-heure. Je sors du < trou ». La rue des Longchamps est en l'air. Le quartier Saint-Julien paraît en feu...

 

Samedi 8 juillet. - La nuit a été à peu près tranquille. J'ai dormi comme un bienheureux. Ce matin le bruit des bombardiers m'a réveillé. Les éclatements des bombes ont suivi très rapidement. Le sol de la carrière a tremblé.., et je me suis rendormi.

Je me réveille vers 11 heures. Je remonte à la surface. Des bombes sont tombées juste au-dessus de nos têtes. Dans une salle une couche de calcaire, épaisse de 1 mètre, s'est effondrée...

Vers 2 heures, je décide de me rendre au Palais. Après le passage à niveau, bruit terrifiant. Réflexe : je m'abrite dans l'embrasure d'une porte.

Bientôt ce bruit est identifié. Il s'agit d'une « grande seringue » - traduisez lance-grenades - qui tire par dessus nos têtes. Sa portée serait de 2.000 mètres au maximum. Cet engin doit se trouver -dans la Haie-Vigné : nous sommes donc à moins de 1.500 mètres des lignes.

A 4 heures, je veux rentrer à la carrière. Je suis arrêté avant le passage à niveau de la rue de Bayeux par un Feldwebel qui inspecte le tournant avec ses jumelles. Seraient-ils là?

Bruit de la bataille de chars très proche.

 

Dimanche 9 juillet. - Dès 9 heures du matin, je suis au Palais. Les combats paraissent s'être rapprochés.

A 10 heures, je reviens au Bon-Sauveur. Je n'ai rien à faire, je resterai donc at home... Presque plus de troupes dans la rue; quelques sections de combat.

Entre midi et 2 heures, coups de feu dans la rue.

3 heures : les Anglais sont là. La nouvelle se propage comme une traînée de poudre... Une cigarette anglaise : preuve de l'authenticité de la nouvelle... Calvados...

Interdiction de sortir du  Bon-Sauveur avant 5 heures. A 5 heures, je reviens aux carrières : Canadiens; cigarettes, chocolat, thé... Le soir, nous buvons le champagne, les Canadiens parlent presque tous un savoureux vieux français...

Nous sommes libérés...

 

Vendredi 14 juillet. Nous étions habitués à recevoir des obus, mais vraiment, cette nuit, les limites permises ont été dépassées...

Dès 11 heures du soir une salve est tombée sur le Bon-Sauveur. Un obus est tombé dans la rue Saint-Ouen, contiguë au dortoir Saint-Michel. Nous cherchons les victimes. Dans notre dortoir, qui n'est autre que le bureau, on sent la poudre... Au second étage, des éclats ont traversé le toit, une vieille femme est blessée à la tête. J'aide à la descendre et à la soigner.

Discussions interminables avec les femmes affolées qui encombrent les couloirs et les escaliers, s'obstinant à ne vouloir pas rejoindre leur lit...

Deux heures du matin, nouvelles rafales toutes proches. Il faut nettoyer le réfectoire pour y installer les personnes qui ne veulent plus rester aux étages...

Quatre heures du matin, nouvelle alerte... Pendant toute la nuit les obus ne cessent de tomber sur la ville : Rue Caponière, rue de Bayeux, rue Guillaume, place des Petites-Boucheries...

Chez moi, deux obus superposés, l'un au premier, l'autre au second. L'église Saint-Etienne est atteinte, des pierres sont tombées de la voûte, il y aurait des morts et des blessés.(Note de MLQ: lire ce témoignage) Quinze points de chute dans l'hôpital.

Evacuation massive dans la journée. Des camions canadiens assurent le transport des réfugiés vers Bayeux, Amblie...(Note de MLQ: à 18 km au Nord-Ouest de Caen)

 

 

Ce matin, à 4 heures, on entendait très fort le tir des mitrailleuses. Des Allemands seraient venus jusqu'à Venoix.

La journée s'est signalée par le nombre des fusants sur là ville... Quatre-vingts victimes...

 

Samedi 15 juillet. - La nuit a été aussi agitée que celle de la veille... Après bien des fausses alertes (obus tombés dans des services qui n'étaient pas sous notre surveillance), vers 4 heures du matin, un obus incendiaire met le feu au pavillon Saint-Lazare (Note de MLQ: un pavillon du Bon-Sauveur). Service d'ordre, aide aux sinistrés qui sauvent leurs affaires...

Le feu menace le pavillon de chirurgie des filles. Il faut l'évacuer. Recherche de brancards. On descend des blessés, le bras ou la jambe plâtré... des amputés de fraîche date. Il faut aller vite, on coupe les ficelles des appareils maintenant les fractures... La salle est libre, vide... Le feu s'attaque au bâtiment neuf; je deviens pompier.

On comptera quarante-deux points de chute dans l'hôpital.

On ne craint plus de retour offensif des Allemands qui doivent  être à 6 kilomètres de la ville.

Le Palais (Note de MLQ: le Palais de Justice, pour les Caennais: les Tribunaux) a durement écopé. Il a merveilleusement résisté, mais les murs ont quelques trous...

 

 

Pour la première fois depuis le débarquement j'ai fait une « grande toilette » et suis allé « au coiffeur »! Mais parfaitement ! ,Ils étaient là! A l'intérieur du Lycée, dans une cour d'honneur, rangés dans la galerie, au nombre de quatre ou cinq, je ne dirai pas attendant leurs clientèle car c'est la clientèle qui attendait...

 

 

Nos figaros ont transporté là ce qui reste de leurs salons sinistrés : quelques tondeuses, des rasoirs, des blaireaux... et ils rasent gratis... Ils se mettent gracieusement au service de ceux qui, sinistrés comme eux, ont tout perdu. Bel exemple de solidarité. Sera-t-il compris?

 

Lundi 17 juillet. - Je dispose de plus de temps libre. Profitons-en... pour fixer quelques souvenirs :

En ville le nombre des civils a diminué dans de notables proportions. Combien en reste-t-il? Peut-être trois ou quatre mille.

L'armée a installé des points d'eau potable « pour les civiles » (sic). Mesure prudente, la typhoïde commençait à faire des ravages. On travaillerait à rétablir les canalisations d'eau. La lumière et le gaz ne pourront nous être rendus avant longtemps.

Au « centre », notre vie est peu changée. Pourtant le centre a perdu toute son activité. On ne voit plus la queue devant la cuisine. On ne rencontre plus tel haut fonctionnaire sa gamelle et son quart à la main, attendant son tour...

Chacun peut s'asseoir à la table du réfectoire.

Les dortoirs ont été abandonnés. Maintenant tout le monde loge en « cabanon ». Les privilégiés, je ne suis pas du nombre, occupent les cabanons aux portes doublées de fer, réservées en période normale aux fous furieux !... Par terre, des matelas, quelques couvertures. Cinq, six... dix personnes par pièce. Deux grandes distractions : la chasse aux puces, la chasse aux moustiques.

 

Mardi 18 Juillet. -Cinq heures quarante-cinq. Je ne peux plus dormir dans cette cave du centre de triage qui sent l'éther. Je passe à côté de la salle d'opérations et remonte au grand jour.

Dans le ciel, les bombardiers passent. Ils lâchent leurs bombes  sur les coteaux de Fleury. Pendant trois heures, impression de malaise pour tous les Caennais. Les vagues se succèdent sans interruption. Ils vont par groupes de six, de vingt-quatre, de cinquante et lâchent leurs torpilles inlassablement. Le sol vibre; la fumée et la poussière font un rideau opaque. A 200 mètres vers le sud on ne voit plus rien. La voiture T.S.F.

 

 

nous apprendra que8.000 tonnes de bombes ont été déversées de l'autre côté de l'Orne.  Vaucelles sera dégagé et Fleury-sur-Orne (Note de MLQ: à 5 km au Sud de Caen) pris aux Allemands. De ce côté, leurs observatoires ne règleront plus le tir sur la ville.

 

Mercredi 26 juillet. - Cette nuit, à 2 heures du matin, alors que je dormais bien tranquillement dans mon lit, j'ai entendu le bourdonnement des avions allemands, puis le sifflement des bombes et des éclatements tout proches. C'est la place Fontette (Note de MLQ: la place des Tribunaux, celle de la photo ci-dessus) qui a été touchée. Nous descendons... Un convoi est arrêté devant la porte... La place Fontette est pleine de poussière et de fumée. Les fusées jettent une lueur brutale qui découpe des ombres mouvantes sur le sol de la rue... Nous sommes seuls... En rasant les murs, après nous être arrêtés sous un porche, nous arrivons au Centre d'Accueil du Lycée.

 

 

L'obscurité est totale. Les avions rôdent toujours... Nous tombons dans une salle où des militaires canadiens sont penchés sur un soldat étendu à terre. Ils demandent du secours; c'est inutile : le soldat a été tué place Guillouard.

 

Lundi 14 août. - Je suis à l'hôpital, seul dans une salle de contagieux... inculpé de présomption de diphtérie... les charges me paraissent bien insuffisantes... Je prends mon mal en patience. Une cornette blanche s'approche de mon lit :

« Comment allez-vous?

- Bien, ma sœur, je dors.

-Vous n'avez pas peur?

- Oh non! ma sœur.

 - Bon! »

Les pas feutrés s'éloignent vers d'autres malades.

Le canon, tonne sans arrêt. Les Allemands sont encore de l'autre côté de l'Orne, à 4 kilomètres de Caen... Des avions allemands viennent encore survoler la ville et lâcher leurs bombes. J'ignore quels sont les points de chute.

 

Mercredi 16 août. - Le prélèvement a été négatif. Une délégation du Centre m'apporte des douceurs. Quels chics types ! Seul le danger révèle les caractères droits et forts.

Je quitte l'hôpital... La journée d'hier a paru calme. Les nouvelles sont bonnes; les Allemands se replieraient sur Troarn... (Note de MLQ: à 15 km à l'Est de Caen). Nous ne recevons enfin plus d'obus. Les nouvelles de l'extérieur et notamment de l'avance américaine laissent présumer que cette fois c'est bien pour nous la « Libération ».

 

                                                                                                                             Paul MONZEIN

 

 (1) « Ces extraits, nous écrit l’auteur, proviennent d'un journal qui n'a pas été rédigé en vue d'une publication. C'est une rédaction hâtive, au jour le jour, des notes de premier jet destinées à fixer des souvenirs personnels. Le lecteur en comprendra et en excusera les défauts d'autant que, pour conserver toute sa valeur au document, je n'y ai apporté aucune correction. »

M. Monzein, substitut du procureur près le tribunal de Caen avit passé sa thèse le 14 juin 1941 .

M. Monzein, depuis lors, a publié chez Flammarion, à Paris, un intéressant volume consacré aux événements de Caen : A la Charnière...

Témoignage paru dans: Journal d’un Caennais (Paul Monzein) Bataille de Normandie de René Horval, Tome 1, Editions de « Notre Temps », 1947.

 

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