DEUX VICTIMES A SAINT ETIENNE

Témoignage de M. LEDOUBLET, âgé de 20 ans en 1944.

 

 

            Au moment du Débarquement, j'habitais dans le quartier Saint-Gilles.  Nous avons été chassés de chez nous par les Allemands, avec des voisins et leurs 4 enfants. Où aller ? Nous nous rendîmes à Saint-Etienne

 

Le Lycée Malherbe et à droite l'église Saint-Etienne

 

, où un endroit devant la grille du chœur nous a été donné. Là, la vie était toute autre. Chaque famille limitait son territoire avec des chaises.

 

Réfugiés dans un chapelle latérale de l'église Saint Etienne

Nous étions 1 500 réfugiés.

            Je m'étais mis à la disposition de la Croix Rouge.

            Le 9 juillet, nous sommes libérés par les Canadiens, qui sont venus nous parler dans l'Eglise. Nous étions libérés, et la majorité des occupants pensaient que pour nous la guerre était finie. L'armée a mis des camions à notre disposition pour nous évacuer, mais personne n'a bougé, à quelques exceptions près ; nous sommes donc restés dans l'église. Tout s'est bien passé jusqu'au 14 juillet.

            Vers 6 heures du matin, un obus toucha l'église juste au-dessus de nos têtes et ce fut la catastrophe. Mes deux sœurs Odette, 18 ans, et Denise, 13 ans, on été tuées . Ma mère a eu une jambe cassée et une blessure à la tête. Moi, qui étai entre mes sœurs et M. CHATELAIN (Note de MLQ : M. Chatelain, était mon grand oncle,  gravement blessé il perdit une jambe) , n'ai eu que quelques égratignures.

            Mes sœurs ont été ensevelies à l'endroit où se trouve aujourd'hui le parking de la police municipale.(Note de MLQ: le parking du personnel municipal sur la gauche quand vous faites face à l'hôtel de Ville face à la bibliothèque. C'était alors les jardins du Lycée où furent enterrées les premières victimes. Après la guerre cet endroit fut le siège du MRU puis du Lycée de filles)

            Suite à ce drame, les réfugiés sont partis au plus vite. Ma famille est partie à Sainte-Croix-Grand-Tonne, sauf ma mère qui était au Bon-Sauveur. Elle m'a demandé où étaient ses filles. Je n'ai rien dit...

 

 

Témoignage paru en juin 1994 dans la brochure

                                                                            ECLATS DE MEMOIRE

TEMOIGNAGES INEDITS SUR LA BATAILLE DE CAEN
recueillis et présentés

par Bernard GOULEY et Estelle de COURCY
par la Paroisse Saint-Etienne-de-Caen
et l’Association des Amis de l'Abbatiale Saint-Etienne

 Reproduit avec leur aimable autorisation

 

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