JOURS TRAGIQUES A L'HOSPICE SAINT-LOUIS
Manifestement, un centre d'accueil devrait s'y improviser. Une foule toujours plus nombreuse et plus pitoyable y accourait sans arrêt.
Les religieuses faisaient face à toutes les exigences physiques et morales, servant à manger, soignant les blessés, consolant les cœurs broyés et... oubliaient de se reposer.
Mais le flot des malheureux montait toujours. II y en eut bientôt dans les couloirs, dans les caves, à la crypte, dans l'église, dans les tranchées et sous les arbres du parc.
Ces gens arrivaient, affolés, pleurant, découragés, ayant laissé sous les décombres qui une femme, qui un mari, qui toute sa famille et n'ayant sur eux que des vêtements déchirés et couverts de plâtras, ou s'ils arrivaient la nuit, drapés seulement, parfois, dans une couverture... C'était hallucinant. De toute nécessité il fallait canaliser cette foule pour lui éviter de pires misères.
La direction des Hospices et celle des Réfugiés s'en rendirent si bien compte qu'elles demandèrent aux Pères de l'Institut (Note de MLQ: l'Institut Lemonnier, rue de La Pigacière, quartier Saint-Gilles (Orphelinat Le Veneur sur certains plans de l’époque) de s'en charger.
Source. Institut Lemonnnier, rue de la Pigacière
Dès leur arrivée à Saint-Louis ceux-ci s'étaient entremis auprès de ces malheureux, au point que bientôt on recourut à eux comme à des sauveurs.
En leur confiant la responsabilité du centre d'accueil on ne faisait donc que consacrer un état de fait mais on leur permettait ainsi de se dévouer sans réticence selon l'urgence des besoins.
Le Père Gouriou, aidé de ses confrères et de quelques hommes remarquables, dont certains tragiquement frappés par le malheur, tel M. Payen, en collaboration avec les docteurs Hardré et Pinchon, M. et Mme Bouts, les internes Letrou et Lefilliatre mit sur pied une organisation digne d'éloges.
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Ce document est paru dans
Ville de Caen
Récits de la vie caennaise 6 juin-19 juillet 1944
Brochure réalisée par l’Atelier offset de la Mairie de Caen Dépôt légal : 2e trimestre 1984