Janine Hardy
« une main sur mon épaule »
« Lorsque vous quittez votre abri, vous n'avez plus rien : c'est votre passé qui disparaît d'un coup. J'ai passé la première nuit, assise sur le pressoir dans la cave du lycée Malherbe.
Façade lu Lycée Malherbe, à droite l'église Saint Etienne
Quand je suis sortie, j'ai
essayé de sauver quelques meubles de notre maison sinistrée. Elle brûlait,
j'étais choquée. Je me suis assise, effondrée, lorsque j'ai senti une main
compatissante sur mon épaule : c'était un Allemand. Il m'a prise par le bras,
m'a reconduite jusqu'à la rue Saint-Pierre et puis est reparti. Je sens encore
cette main sur mon épaule. Le lendemain, je suis venue récupérer mes deux petits
chats ; et c'est curieux, je voulais aussi arroser mes géraniums sur les
fenêtres alors que les obus tombaient de partout. Après ça s'est organisé avec
les Equipes
d'Urgence
. Mais je ne veux pas en parler, car il y en a qui ont fait
beaucoup plus que moi. Nous avons accueilli jusqu'à 10 000 personnes dans le
lycée Malherbe".
A lire : Janine HARDY, une jeune femme sous les bombes
Témoignage paru dans Paroles de témoins
Propos recueillis par Nadège Orange, Michel Follorou et Willy Oriou