LA GUERRE EN TANDEM

Madame Gilberte LANCELOT est actuellement retirée dans une maison de retraite de Caen.

Ses souvenirs, cinquante ans après, sont simples, apaisés...

 

 

            C’est sur un tandem auquel nous avions accroché une petite remorque, que nous sommes partis, mon mari et moi. Je devrais dire moi et mon mari car, malade, il ne pouvait que pédaler en second.

            Sinistrés dès le premier jour, sans aucun ravitaillement dans le quartier, choqués par le bombardement, nous avons décidé de nous réfugier chez des parents au Mesnil Oger, près de Thury-Harcourt, emmenant toutes les affaires que nous pouvions faire tenir dans la remorque.

            Au bout de quelques jours, l'état de santé de mon mari s'est aggravé. Il avait besoin d'un pneumothorax. Nous avons donc décidé de revenir à Caen, malgré l'interdiction des autorités qui ne voulaient pas que les réfugiés reviennent dans une ville où les conditions de vie étaient déjà si difficiles.

            Nous avons pu trouver un abri dans une épicerie près du Bon Sauveur. Mon mari a eu beaucoup de peine à se faire soigner car les médecins se consacraient en priorité aux blessés : il y en avait tellement !

            Mon frère et ma belle-sœur, qui avaient du fuir la Demi-Lune (Note de MLQ; quartier de Caen rive droite en haut de la rue d'Auge) , étaient réfugiés à Saint-Etienne.

             Nous y passions souvent. C'était à la fois triste à cause de la misère matérielle qui régnait dans l'église, et rempli d'espérance et de foi. On s'y sentait protégé.

 

 

Témoignage paru en juin 1994 dans la brochure

                                                                                                   ECLATS DE MEMOIRE

TEMOIGNAGES INEDITS SUR LA BATAILLE DE CAEN
recueillis et présentés

par Bernard GOULEY et Estelle de COURCY
par la Paroisse Saint-Etienne-de-Caen
et l’Association des Amis de l'Abbatiale Saint-Etienne

 Reproduit avec leur aimable autorisation

 

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