Témoignage présenté dans ce livre

 

Mme Lorieux à La Maladrerie

 

« Au matin du 9 juillet, deux Panzer sont encore à La Maladrerie, l'un est derrière le mur chez Antar, l'autre dissimulé dans le talus, route de Carpiquet.

La station service Antar, au carrefour de la rue Maréchal Galliéni et rue du Général Moulin, sur la commune de Venoix. Voir un montage avec géolocalisation.

Ces chars disparaissent vers 9 heures. De très fortes explosions sont entendues, ce sont sans doute les Allemands qui font sauter les ponts de l'Orne. Puis c'est alors que nous entendons le bruit confus des rafales de mitraillettes dans les champs au nord de Saint-Germain-la-Blanche-Herbe.

    Vers 11 heures, la rue de Bayeux est totalement déserte. Des Allemands ont incendié leurs véhicules et j'avance dans une épaisse fumée noire.

 « C'est bon signe, les Canadiens ne vont pas tarder ! »

    Deux Allemands à coups de pioche enfoncent une porte. Place des Petites-Boucheries, trois Panzer veillent sur le carrefour entourés d'Allemands à plat ventre sur le trottoir, fusil mitrailleur en batterie. Je remonte la rue de Bretagne, le petit café brûle. M. Castel accourt pour me dire de rentrer car les Allemands et les Canadiens se battent à La Maladrerie. Tout à coup au croisement surgit une automitrailleuse blanche de poussière avec un grand chiffre à l'avant. En me voyant, un jeune officier canadien sort la tête et agite la main. Au moment il saute à terre, j'entends l'indicatif de la BBC et « ICI LONDRES,.. » sur le poste de radio du véhicule. Le Père Descordes, directeur de Saint-Joseph,(Institution Saint Joseph, rue des Rosiers, les bâtiments sont occupés depuis le début de l'occupation par un hôpital militaire allemand - Kriegslazarett - ; les classes seront réparties en deux endroits: une partie à la gare Saint-Martin, l'autre à l'orphelinat Saint-Vincent-de-Paul, 59 rue de Bayeux.) qui était avec nous, se précipite dans les bras du jeune lieutenant canadien, poussant un « Ah ! » et les deux hommes se serrent longuement en une accolade silencieuse. Soudain une femme éclate en sanglots derrière moi. Je ne sais pourquoi, les larmes jaillissent soudain et roulent sur toutes les joues. Très ému lui aussi, le jeune lieutenant grimpe dans son automitrailleuse :

« Rentrez chez vous car les Allemands peuvent revenir, dit-il. Si les ponts ne sont pas pris à 16 heures, il y aura un nouveau bombardement. »

Localisation des lieux cités

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