M. Mallet, cité  dans ce livre

Le bombardement du 7 juillet 1944 vers 22H00.

 

    "Je me précipite dans la cage d'escalier de la maison, tente de sortir en vain, je suis projeté dans le corridor par une déflagration plus proche encore. Je veux franchir à tout prix les vingt mètres qui me séparent de la cave du bâtiment opposé où s'abritent ma femme et les enfants, en vain. La porte s'est volatilisée, les fenêtres explosent, je me fais le plus petit possible. Dix minutes interminables, quinze, aucun bombardement n'a jamais duré plus longtemps dans le quartier de la place de la Mare. Une série de déflagrations qui m'arrachent les tympans, le mur contre lequel je m'appuie cède et je me retrouve je ne sais comment sous l'escalier. Quand la fumée se dissipe, je réalise avec horreur que les garages de la rue aux Juifs ont disparu, avec les réfugiés qui s'y étaient installés. Un amas de décombres me cache l'immeuble et le refuge des miens que je crois ensevelis et je décide de ne plus bouger, seulement survivre pour aller les dégager à la première accalmie. Une demi-heure que cela dure, c'est complètement fou, des dizaines de bombes explosent simultanément à 200 m, vers le haut de la rue du Gaillon.

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 Je lève la tête et pourrais noter les immatriculations des grands avions, soutes ouvertes, qui nous assassinent. Une fusée rouge de repérage brûle devant ma porte pendant dix minutes. Déflagrations, tremblements du sol d'où les ondes me soulèvent, souffles des énormes explosions dans tous les sens, vacarme de la DCA qui redouble, j'ai vraiment à ce moment une vision de l'apocalypse.

les endroits cités au nord du château: place de la Mare, rue aux Juifs et rue du Gaillon

    Une accalmie me permet enfin de sortir. Je rassemble mes forces et me précipite, escaladant poutres et moellons vers la maison Savey... qui est encore là, derrière la montagne de gravats de la précédente que je dévale dans un nuage de cendres brûlantes et de fusains incandescents qui retombent partout. Je me retourne et constate avec effarement que ma maison n'est plus elle aussi qu'un amas de ruines où seule la cage d'escalier est encore debout ! Je parviens à l'abri et retrouve les miens... que je dois réconforter car on ne s'attendait plus à me revoir. A ce moment, le bombardement reprend de plus belle encore pendant dix minutes et, dans l'obscurité chargée, on se croirait sur un navire ballotté par les flots, en pleine tempête.

    Tout retombe, le bourdonnement s'estompe, il n'y a plus de DCA. Le silence est terrible. L'appel des emmurés vient des garages et nous parvenons avec une équipe de secours de la Défense Passive et des Equipes d'Urgence, à extraire cinq blessés dont trois enfants et le corps de leur mère. Mais nous ne pouvons plus rien pour les personnes qui sont enfouies plus profondément"

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