Colette Pomikal,

                                                          "Pourquoi lancent-ils des ballons ?'

           

                                                                                   

 

            « Vers 1 h de l'après-midi, une vague de bombardiers a surgi, lâchant leurs bombes. J'avais 12 ans, mes parents tenaient une ferme au-dessus des carrières de Fleury. J'ai demandé à mon père : "Pourquoi lancent-ils des ballons ".

Mon père a dit aussitôt : "ils bombardent Caen, quel malheur ". Dans les heures qui ont suivi, des centaines de personnes sont arrivées, affolées, cherchant dans cette foule un des leurs. Mes parents tentaient de les réconforter. Il nous fallait nourrir ces gens. Le matin et le soir, ma mère faisait une distribution gratuite de lait : un quart de litre par personne. Sous notre hangar, les bouchers abattaient les bêtes blessées par les bombes. Mon père transportait des sacs de farine à la ferme de mon oncle où se trouvait un four à pain. Les réserves alimentaires étaient entreposées dans notre écurie. Chaque jour, il y avait une distribution alimentaire. Je vois encore la table de la ferme remplie de gens. Le grenier était aménagé en salle d'accouchement ; dans la buanderie, il y avait une grande cheminée et un fourneau où les infirmières préparaient les biberons. Un matin est arrivé un bébé de six mois dont la mère avait été tuée ; je lui ai donné les vêtements de mon baigneur".

 

 

Témoignage paru dans Paroles de témoins

Propos recueillis par Nadège Orange, Michel Follorou et Willy Oriou

Caen magazine spécial 60e

 

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