Témoignage paru dans ce livre page 263 .

 

 

La valeur d'une tranchée est bien illustrée par le témoignage de Réjane Leproust, qui, avec sa mère, ses deux sœurs et son frère, se réfugie dans une tranchée creusée dans leur jardin à Caen, peu après 21 heures le vendredi 7 juillet 1944, il fait encore jour. Sa mère, profitant d'une pause dans les bombardements terrestres, a fait une lessive pour la première fois depuis des semaines, puis l'a étendue. Le grand-père de Réjane, qui a creusé la tranchée, justement, le 6 juin, les rejoint bientôt. Les voisins feront de même. ils arrivent juste à temps, avant le plus grand bombardement que la ville ait connu jusqu'alors. L'attaque durera plus de 40 minutes ... pendant lesquelles les voisins prient à voix toujours plus haute, tandis que la confiance de Réjane se transforme en une grande peur pour sa vie et celle de sa famille. En sortant, ils trouvent deux énormes entonnoirs juste à côté de la tranchée. Le jardin, ses murs emportés par le souffle, n'est plus qu'une masse de terre et de gravats. Cinq maisons du quartier sont complètement effondrées; celle des Leproust a perdu son toit et ses murs intérieurs, les meubles et le reste du contenu sont brisés. La lessive, bien entendu, a été emportée. Et pourtant, ni les Leproust ni leurs voisins n'ont de victime à déplorer ni même un blessé .

 

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