Témoignage paru dans ce livre.

    Une jeune femme de trente-quatre ans, Mme Renée Dossin, habitait à Caen, rue de Falaise. Son mari, requis pour le S.T.O. depuis février 1943, avait dû la laisser seule avec ses deux enfants: Jean-Claude, sept ans, et Daniel, quatre ans. Après avoir tremblé durant les premiers bombardements, elle se décide le 6 juin, vers 14 h 30, alors qu'une pluie de bombes s'abat à nouveau sur la ville, à se réfugier dans une tranchée proche. Une vingtaine de personnes s'y trouvent déjà rassemblées. Après une courte accalmie, l'enfer se déchaîne à nouveau vers 16 h 15, et soudain c'est le drame. L'un des engins explosifs touche de plein fouet l'abri précaire, creusant un énorme cratère dans lequel se trouvent ensevelis la plupart des gens regroupés là. Sous la violence de l'impact, trois femmes et deux hommes âgés qui se trouvaient à l'une des extrémités de la tranchée sont projetés à plusieurs dizaines de mètres, et, parmi eux, Renée Dossin, blessée et inconsciente. Recueillie par les Equipes d'Urgence, elle est évacuée sur l'hôpital du Bon-Sauveur. Elle sera ensuite dirigée vers Bayeux. Profondément traumatisée, elle ne reprendra ses esprits que deux mois plus tard pour constater que, si elle est sauve, ses deux enfants ont péri.(Note de MLQ: aucun Dossin dans la liste des victimes civiles de la Basse-Normandie ?)

Au début du mois de septembre, elle revient à Caen mais elle ne pourra retrouver sa maison sous le chaos des ruines amoncelées dans ce qui était la rue de Falaise. Pour Mme Dossin, commence alors une longue errance qui, d'asiles en maisons de repos, l'emmènera près de Courseulles.

Récit de Mme Dossin fait à M. Raymond Ruffin en 1976, confirmé par sa belle-sœur Mme Montail, qui, pendant plus de trente ans, lui offrit une généreuse hospitalité.

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