RESISTANCE
JEAN JOUVEL
Selon Jean Jouvel, 18 ans en 1940, employé - Organisation : CDLR ; Alliance ; OCM - Domicile : Caen.
«
Le 17 juin 1940, le Maire de CAEN
avait affiché un avis demandant aux garçons de plus de 17 ans de quitter la
ville. Avec des camarades de mon âge, je suis parti ... et nous sommes arrivés à
RENNES pour y rencontrer une
division de PANZER... Il ne nous restait plus qu'à
rentrer à CAEN et à commencer la lutte, ce qui fut fait dans les jours qui
suivirent... ».
C'est en ces termes que Jean JOUVEL
décrit son entrée dans la « Résistance »,
dès juin 1940. Il avait alors 18 ans. Il ajoute cette remarque : « élevé dans
une atmosphère familiale patriote, je trouvais normal de me battre contre
l'ennemi ».
Mais en cette année 1940 où une grande partie de la FRANCE est occupée par les
troupes allemandes, où la GRANDE-BRETAGNE se retrouve pratiquement seule face au
REICH qui vient de remporter successivement deux victoires éclatantes en
POLOGNE et en FRANCE, où
l'appel du 18 juin rencontre encore peu d'écho, choisir
l'action à mener qui sera la plus utile et la plus efficace n'est pas chose
facile. Constituer un groupe armé serait assurément prématuré. Procéder à des
actions de sabotage serait sans doute inutilement risqué.
Restent la diffusion de la presse clandestine et le renseignement: c'est la voie
que choisit Jean JOUVEL
.
Il rejoint tout d'abord une petite équipe probablement liée à un réseau anglais
et notamment chargée d'identifier les maisons susceptibles d'être utilisées pour
des combats de rue. Mais son « contact » disparaît après quelques mois - arrêté
par la police allemande ou parti en ANGLETERRE ou « immergé » dans une totale
clandestinité ... Jean JOUVEL semble ne l'avoir jamais su.
Il va travailler alors essentiellement avec le groupe animé à CAEN par
Robert DOUIN
beau combattant de la Première Guerre mondiale et Directeur de l'École des
Beaux-arts. Ce groupe semble avoir appartenu, plus tard, à l'Organisation
Civile et Militaire (OCM) et avoir agi en liaison avec le réseau Alliance.
Jean JOUVEL
s'était inscrit en octobre 1940 à l'École des Beaux-arts : entre le
jeune étudiant et le professeur ancien combattant, l'un et l'autre animés par le
même désir de reprendre la lutte contre l'occupant, le contact s'était vite
établi.
La première mission du groupe de Robert DOUIN s'inscrit bien dans l'état de la
guerre à l'été-automne 1940 : il s'agit de recueillir le maximum d'informations
sur les préparatifs d'embarquement des troupes allemandes à partir des côtes
françaises pour réaliser l'invasion de l'ANGLETERRE ...
Il faut imaginer, en cette fin d'été 1940, Robert DOUIN
et
Jean JOUVEL
partant,
boîte à dessin en bandoulière et rouleau de papier sous le bras, faire le
croquis des monuments anciens et des sites pittoresques de la région de CAEN -
allant en réalité relever les implantations allemandes, noter les unités
présentes sur le terrain, observer équipements et procédés de combat.
Tâche infiniment dangereuse : la moindre erreur, la moindre maladresse, et c'est
l'arrestation immédiate pour espionnage.
Mais aussi tâche très utile : Robert DOUIN et Jean JOUVEL font notamment, dès
1940-1941, des croquis précis de l'aérodrome de CARPIQUET, qui deviendra un
objectif important lors du débarquement et des combats de 1944. Ce travail
d'observation comporte des moments pittoresques, tels les efforts des chasseurs
autrichiens pour embarquer leurs mulets sur des radeaux improvisés ...
Fait mal connu, les unités allemandes peu familiarisées avec le jeu des marées
perdent alors d'assez nombreux soldats par noyade.
Avec l'évolution de la guerre, les perspectives d'un débarquement allemand en
ANGLETERRE disparaissent tandis que grandissent celles d'un débarquement allié
en FRANCE. La mission du groupe de Robert DOUIN, au sein duquel Jean JOUVEL est
maintenant un élément particulièrement actif et expérimenté, change.
Il faut désormais localiser les fortifications que
l'organisation TODT
multiplie sur les côtes françaises, relever équipements
et armements, suivre jour après jour l'implantation des unités allemandes.
Mais c'est aussi la période où la répression se fait de plus en plus
impitoyable. En octobre 1943, Jean JOUVEL apprend qu'il figure en compagnie de
Robert DOUIN sur une liste de personnes à arrêter.
L'information vient en réalité d'un attaché de préfecture qui prévenait les
résistants du département chaque fois qu'il avait connaissance d'une arrestation
imminente. Jean JOUVEL échappe au coup de filet de la police allemande mais
Robert DOUIN est arrêté : il sera fusillé à la prison de CAEN en compagnie de 73
autres résistants.
Jean JOUVEL
ne cesse pas pour autant son action au sein de la Résistance.
En contact avec plusieurs organisations, il était notamment entré en relation,
dès 1942, avec le
réseau CENTURIE. Il va désormais travailler de plus en plus pour ce dernier.
Chargé en particulier d'établir cartes et plans du littoral de la
MANCHE,
il y consacre «... des nuits puis, par la suite, des journées entières ». Il
éprouvera une grande joie en apprenant au lendemain de la guerre que le
commando KIEFFER débarqua à
OUISTREHAM
guidé par l'une des cartes qu'il avait établies lors de ses nuits de veille.
Cette période est une période difficile pour Jean JOUVEL
. Afin d'échapper au
Service du Travail Obligatoire (STO), il a plongé totalement dans la
clandestinité - ce qui veut dire ni cartes de ravitaillement, ni cartes
d'habillement, ni logement fixe, ni papiers officiels ... Il remplace ces
derniers par de faux documents établis à l'aide de cachets dérobés à la
Préfecture du
CALVADOS et dont il fait bénéficier les autres membres du réseau. Courage,
intelligence, ingéniosité ... caractérisent son action.
Avec le débarquement, son rôle change. Son groupe va s'employer à d'autres
tâches. Rassembler l'armement, tout d'abord, afin de préparer le retour dans la
lutte armée. Jean JOUVEL a évoqué ainsi l'un de ses déplacements, en plein jour,
au milieu des Allemands, avec dans la remorque de sa bicyclette, un
fusil-mitrailleur, neuf « mitraillettes », des revolvers, les munitions
correspondantes, trente kilos d'explosifs, les accessoires (détonateurs, mèches
lentes) ...
Recueillir les pilotes alliés abattus, ensuite, afin d'éviter qu'ils ne soient
faits prisonniers par les Allemands et les cacher en attendant qu'ils puissent
rejoindre les forces alliées. Avec la libération de la FRANCE, « la partie
résistance s'arrête là ... » note sobrement Jean JOUVEL
.
Il est démobilisé au titre des réseaux
FFC le 30 septembre 1944 et s'engage immédiatement pour la durée de la
guerre. Désigné pour rejoindre le
BCRA, il reçoit
une formation particulière pour être parachuté derrière les lignes allemandes.
Le retrait des troupes du
Reich
hors de FRANCE d'abord, la fin de la guerre ensuite, ne lui donneront pas la
possibilité de remplir les missions spéciales pour lesquelles son habitude de la
clandestinité et ses qualités de courage et d'intelligence le désignaient tout
particulièrement.
Il est démobilisé comme Sergent le 8 février 1946. Sergent : le grade est
honorable mais modeste.
Jean JOUVEL
n'a jamais recherché les honneurs. Patriotisme, désintéressement,
sens du devoir ont seuls guidé son action pendant les années d'occupation. Mais
son rôle a été trop important, les résultats obtenus trop éclatants pour qu'il
puisse être oublié.
Il reçoit successivement la
Médaille de la Résistance, la
Médaille Militaire
et la
Croix de Guerre avec palme, la
médaille de la France libre ... sans
oublier un témoignage de satisfaction du « peuple américain » pour sa «
contribution à la cause alliée » et son aide aux aviateurs alliés tombés en
FRANCE pendant l'Occupation.
Source: depuis effacée !
http://d0048.perso.sfr.fr/promos/p1995.html
Raymond Ruffin dans ce livre cite Jean Jouvel comme membre de la compagnie Scamaroni