Témoignages paru dans ce livre

Les Petits Séminaristes sont chassés du petit séminaire, rue du Général Moulin à La Maladrerie, par les Allemands le matin du 6 juin 1944,

Petit séminaire (Institution Saint Paul) , rue du Général Moulin

ils se réfugient à l'Institution Sainte Marie située rue de l'Oratoire près de Monoprix.

L'un d'eux, D. L. après avoir décrit leur exode matinal, poursuit :

« Hélas ! quelques heures après notre arrivée, des avions américains arrivent et lancent leurs bombes.

Pendant peut-être vingt secondes je n'ai pas eu connaissance de ce qui arrivait. Je pensais seulement que j'allais mourir, et je me préparais. Le Bon Dieu ne voulut pas de moi !

Après un peu d'accalmie et quand la poussière fut retombée, je me sentis coincé... Regardant autour de moi, je ne voyais que des ruines. Des camarades, des abbés, étaient ensevelis. Moi, je ne l'étais que jusqu'à la poitrine.

Alors ce fut l'affaire de 5 à 10 minutes... Comment ? Sous un établissement de trois étages, n'ai-je pas entièrement disparu ? Un camarade m'a dit après, que je courais dans tous les sens, ce qui m'a sûrement sauvé (moi... et quelques autres).

Hélas ! Six de mes camarades (dont deux de Mézidon) étaient tués ; ce que j'appris par la suite...

Une fois dégagé, je fus conduit chez un médecin qui me donna les premiers soins ».

 

 

 

 

Une bombe vient de tomber rue de l’Oratoire  éventrant les toits, arrachant portes et volets. Encore sous le choc, les habitants commencent seulement à sortir dans la rue. Non loin dans la même rue, deux autres bombes ont touché le collège Sainte-Marie, tuant une religieuse et six élèves du Petit Séminaire arrivés le matin même de La Maladrerie. Peu de temps après, l’incendie des établissements proches de Monoprix et des Nouvelles Galeries gagne le collège Sainte-Marie et le ravage entièrement.

 

 

 

 

 

Le jeune garçon fut ensuite « récupéré » par un professeur du Petit Séminaire et après avoir passé la nuit infernale du 6 au 7 juin dans une tranchée, fut avec d'autres petits séminaristes et professeurs rescapés dirigés sur Eterville et Evrecy.

Un autre Petit Séminariste le jeune R. L.B.... se rendit rue Saint-Laurent où il retrouva ses parents dans la matinée.

Après avoir aidé ceux-ci à réunir le plus possible de vivre - il fallait « faire la queue » durant une heure et demie pour obtenir 500 grammes de pain ! - le jeune homme raconte :

« A la maison, je n'ai plus qu'à attendre et à regarder les passants (dont beaucoup sont des gens venant de la gare qui vient d'être bombardée).

« Vers 10 h, le Père Corbet ( directeur par intérim du Petit Séminaire) passe rue Saint-Laurent, devant notre porte. Il marche à grands pas, ne regardant personne et portant en même temps qu'une sorte de mallette, son inséparable parapluie. Je le salue et tente de lui parler ; mais rien à faire: je pense qu'il file en vitesse pour prendre le train ».

Après avoir passé le reste de la matinée à « tuer le temps » en compagnie de l'un de ses amis, le jeune homme assistera épouvanté au premier bombardement au cours duquel disparurent plusieurs de ses condisciples du Petit-Séminaire. Puis il partit se réfugier avec ses parents dans le jardin qu'ils possédaient à La Maladrerie où la cabane à outils les accueillit. Il écrit notamment :

« Au jardin, nous avions le spectacle de la ville que l'on bombardait et des réfugiés qui se rendaient à l'Abbaye d'Ardenne.

« En passant, une femme me dit :« Je viens d'être entièrement sinistrée », et elle me montra un cadre (de 60 sur 50 cm environ) :« C'est tout ce que j'ai pu sauver », me précisa-t-elle, « l'objet le plus cher !» J'avais devant les yeux la photo d'un jeune homme de 18 ans. La femme me dit : « C'est Paul Colette , mon fils, celui qui a tiré sur Laval... ».

Pendant la soirée et une partie de la nuit, comme beaucoup de Caennais résidant à la périphérie, le jeune garçon assista aux autres bombardements et regarda flamber la ville.

 

Voir d'autres témoignages d'élèves du Petit Séminaire:

http://sgmcaen.free.fr/temoignage-letondot.htm

http://sgmcaen.free.fr/temoignage-antoine-magonette.htm

http://sgmcaen.free.fr/temoignage-lefevre.htm

 

 

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