Les Civil Affairs (Affaires Civiles)

Le colonel écossais Usher  est responsable des Civil Affairs Det. 201 (les officiers des Civils Affairs règlent les problèmes qui surgissent entre les armées alliées et les civils)

Officier des Gordons Highlanders de la 15th (Scottish) ID .
Responsable du Civil Affairs Det.201pour Caen du 9 juillet à septembre 1944.

Il dépend du Brigadier Richard Maurice Hull Lewis, Senior Civil Affairs Officer de la 2nd Army à la tête du British Civil Affairs Detachment qui a comme interlocuteur le commandant Pierre Laroque qui dépend de François Coulet ,commissaire de la République à Bayeux.

Le soldat en kilt à droite serait le colonel Usher ? peu probable à mon avis; agrandissement de cette photo.


Il est remplacé par le Civil Affairs Det. 309 avec comme responsable le major Helmuth son ancien assistant.

Voici ce qu’en dit Mr Joseph Poirier maire-adjoint et directeur de la Défense Passive dans son livre : pages 56 et 57 de La Bataille de Caen vue au jour le jour 6 juin-15 août 1944.
"Le Colonel Usher, chef des « Civil Affairs » qui a sous ses ordres le major Helmuth, le premier officier britannique entré dans CAEN, est un Higlander portant le kilt traditionnel. Homme charmant, d'une courtoisie, d'une finesse et d'une amabilité sans égales, il ne sait que faire pour m’être agréable. A notre première réunion à son bureau, je trouve à ma place, à la droite de la sienne un énorme cigare: « Comme ceux de Churchill » me dit-il. Sa Jeep pratique, mais combien inconfortable, vient me chercher et me ramène. II est gai, souriant, infatigable. C'est à peine s'il dort 3 ou 4 heures par nuit. A tous moments, on le rencontre le kilt au vent et la pipe à la bouche. Très matinal, il fait au petit jour sa longue marche à pied. C'est, bien entendu, un ancien combattant de 1914-1918 et il en a tant vu qu'il professe, lui aussi, un mépris absolu du danger. Son adjoint le colonel H... est un américain du Texas. "

Une rue Colonel Usher, entre la rue de La Délivrande et l'Université, lui rend hommage (nom donné de son vivant) il est décédé en 1981. 

Autres membres: le major L. J. Massey , André Heintz sera son interprète, le major Biddle (américain), le major Helmuth.(parfois orthographié Hellmuth), le lieutenant-colonel Scarlett, le colonel Fremantle, le major Twist chargé du bureau des réclamations et des locations, les capitaines Wilson et Gwin membres de la délégation aux réfugiés.

On peut citer également le capitaine Fitzgerald de l'Intelligence Security (en français le Renseignement) présent dès le 9 juillet.

Le dépôt et le cantonnement des Civils Affairs étaient dans l'Ecole de Dressage place de Courseulles (qui deviendra Place du Canada) future caserne des pompiers. Les cadres, Colonel Usher et autres étaient logés à une centaine de mètres, 3 et 5 rue d'Hastings au pied de l'Eglise St Nicolas.

Montage, le 3 rue d'Hastings en haut capture d'un film canadien en bas Street view Google.

Un dépôt de matériel de première urgence fut aussi mis en place dans la nef (désaffectée depuis longtemps) de cette église : literie, vaisselle, matériel d'éclairage et sanitaire etc...
 Cette disposition des lieux explique également l'établissement d'une caserne de pompiers à la place de l'école de dressage. Le rôle des Civils Affairs étant en tout premier lieu de rétablir un centre de secours avec véhicules, ils le firent tout naturellement à cet endroit.

Dix autres officiers, la moitié britannique, l’autre moitié américains font également partie de ce service chargé uniquement des affaires françaises. Les uns sont proposés au ravitaillement, d’autres aux réfugiés, au déblaiement, aux travaux publics, à l’hygiène, la police, etc …Des officiers français débarqués d’Angleterre font la liaison entre les Alliés et les autorités locales.. Toutes les réunions, tous les entretiens  sont empreints d’une cordialité exquise. On sent chez les Anglais, comme chez les Américains, un désir immense de soulager nos misères et de nous venir en aide.(selon Joseph Poirier)

Au petit séminaire de La Maladrerie,

Petit séminaire (Institution Saint Paul) , rue du Général Moulin

les Affaires Civiles Canadiennes avec le Major Arthur Reid, autres membres: Major Neil Pattuto,  Major Mowat, Major J. Elly et Cpt Demun.

 

Sous les ordres du Brigadier William Basil Wedd, Deputy Director of Civil Affairs 1st Canadian Army et du colonel G.P. Handerson au QG de la 1st Canadian Army à Amblie.

Lire l'arrivée des officiers des Civil Affairs le 9 juillet, témoignages de Joseph Poirier et d'André Heintz.

En septembre le Det. 201 du colonel Usher laisse la place au Det. 309 du Major Helmuth,.

Liste du Det.309:

Major E J W Hellmuth, Cpt G W Kelly, Cpt O C Dale, Cpt J F Hyckmann, Major L Massey, Major Kaplan, Cpt J M Wilson, Cpt RG Eliot III, Cpt J F Van Brocklin et Cpt Patchett.

Actions des Civil  Affairs  à Caen

Voir ici en plan plus large chez Allison Collection.

Léonard Gille (casque blanc); le préfet Pierre Daure (chapeau) avec des membres de Civils Affairs.

"Source photo IWM" photo présentée page 336 de ce livre.  Le préfet Pierre Daure à gauche (coupé), Léonard Gille (casque blanc) avec des membres des Civils Affairs, le soldat à droite porte l'insigne de la 2nd Army  .

Devant un magasin Société Normande d'Alimentation (SNA) au N° 141 rue d'Auge. De nos jours.

"Source photo IWM" photo présentée page 336 de ce livre. Le préfet Pierre Daure à droite (chapeau), Léonard Gille (casque blanc) avec des membres des Civils Affairs dans les ruines de Caen le 10 juillet.

"Source photo PAC" photo présentée page 301 de ce livre. Les responsables de l'administration provisoire de Caen parcourent les ruines en compagnie de membres des Civil Affairs.

Le premier acte d'Usher est de s'occuper des réfugiés. Du 11 au 18 juillet, l'évacuation d'environ 8 000 à 10 000 Caennais est organisée par les Civil Affairs après l'autorisation de la Field Security vers: Bayeux, Amblie, Ducy-Sainte-Marguerite, Sainte-Croix-Grand-Tonne et dans la Manche des camps à: Fontenay-sur-Mer et Cavigny.

 

« Archives départementales du Calvados ». Evacuation des réfugiés sur le parvis de Saint-Etienne.

La question du ravitaillement reste préoccupante. La distribution est laissée aux Français, tandis que les C.A. fournissent la farine et du riz. 28 000 rations cédées aux populations civiles sont distribuées dès le 10 juillet. La ration de pain reste cependant de 100 grammes par jour (la fourniture de farine étant réduite).- Des tournées de ramassage pour la distribution du lait écrémé s'organisent. Le Comité de la Police et de la Sécurité a fort à faire. Dès le 11 juillet, des points de contrôle de la circulation sont installés et la population fait l'objet de contrôles d'identité.

Le 13 juillet, le général Montgomery fait ainsi savoir que « des barrages sont constitués pour examiner les cartes d'identités de la population afin de dépister les agents de l'Allemagne demeurés en liberté et les soldats allemands habillés en civil qui pourraient se trouver encore dans certains quartiers de la ville ».

Pour le Comité de l'hygiène et sanitaire l'action première est de rétablir la circulation de l'eau. Les sapeurs britanniques établissent un couple des points d'eau à la Prairie et rue du Carel.

"Photos IWM" Source pages 450et 49 de ce livre.

La 8e section de forage des Royal Engineers du Lt Alexander Kerr Pringle a effectué un forage de 73 m à Vaucelles pour un débit de 13.6 m3/h

L'assainissement de l'eau est assuré à l'aide de chlorure de chaux et d'eau de javel, aux propriétés désinfectantes.

"Photo IWM" Source page 46 de ce livre.

Une génératrice électrique assure le pompage de l'eau dans les quartiers élevés  et le système d'égout, très moderne à Caen est à nouveau opérationnel dès que la fourniture en eau est assurée.

 Le risque d'une épidémie provient aussi du bétail, laissé à l'abandon, des chiens qui peuvent être atteints par la rage . Les corps des Caennais, dont certains sont encore ensevelis sous les décombres, posent également un problème. On évalue à 600 ces cadavres emmurés que bien peu osent récupérer par peur « des bombes à retardement, des bâtiments menaçant en ruine, du bombardement ennemi « 

p010032 Conseil Régional de Basse-Normandie / Archives Nationales du CANADA
Des membres de la DP (casque Adrian peint en blanc) et un civil sortent sur un brancard un cadavre des décombres d'un immeuble détruit après un bombardement, sous les yeux d'un soldat Canadien ou Britannique (insigne de manche illisible).
Les immeubles aux alentours ont été fortement touchés.

Les autres victimes, sans sépulture par manque de bois, sont provisoirement enterrées dans des fosses communes puisque «le danger que présente l'ensevelissement de corps dans un cimetière battu par le feu de l'ennemi permet difficilement de recruter le personnel nécessaire ».

Le Colonel Usher offre par ailleurs l'assistance de ses services pour fournir une main-d’œuvre de complément, main-d’œuvre recrutée parmi les civils français volontaires.

 Les C.A. tentent de réorganiser le corps des sapeurs pompiers. De nouvelles pompes anti-incendie, des camions Dodge et Bedford et un renfort de 800 hommes sont acheminés depuis Arromanches, le 31 juillet. L'« Army Fire Service », service de protection canadien, épaule la brigade des sapeurs du lieutenant Gervaise au cours d'un incendie déclaré le 9 août, rue de la Motte. Le Comité de Libération tient aussitôt à «adresser ses vifs remerciements pour la promptitude de l'intervention du service et pour le bon travail fourni par ses hommes (. .. ) ».

Source film British Movietone News. Les Alliés filment les pompiers caennais avec leur pauvre matériel.

"Photo IWM" Source page 91 de ce livre. Des pompiers à l'exercice place du Théâtre

 Le Major Massey s'emploie aussi à reformer les équipes de la Défense Passive, surmenée. Un nouveau règlement est ainsi établi. Les AC se chargent également du déminage.

Autant pour les Caennais que pour leurs libérateurs, les actions entreprises par les Affaires Civiles sont d'éclatants succès.  Le préfet Daure adresse ses plus profonds sentiments de gratitude, et ceux de la population, à tous les officiers, sous-officiers et simples soldats servant aux AC. :

 « - Vous avez, dit-il, partagé les peines, dangers et espoirs [de la ville] ; il n'est presque aucune des besognes d'urgence, de protection ou de charité à laquelle vous n'ayez collaboré (. .. ), qu'il s'agisse d'évacuer les réfugiés ou les blessés, d'assurer le ravitaillement, d'organiser la D.P. ou sanitaire, de déblayer les ruines (. .. ) et de raffermir le moral d'une population affreusement éprouvée « 

Le Colonel Usher, chargé des sports à l'Université d'Édimbourg avant-guerre, ne se limite pas à son rôle d'officier des A.C. puisqu'ému par le sort des Caennais, il met sur pied, en septembre 1944,  avec son ami et collègue le professeur John Orr resté en Écosse,  la comtesse Rosebery, Sir John Fraser et Stuart Forsyth un Comité d'Entraide Edimbourg-Caen. Ce sont ainsi peu à peu quelques centaines de caisses chargées de vêtements, de couvertures et d'objets de première nécessité, parfois même des friandises qui sont entreposées et distribuées aux sinistrés dans l'église Saint-Nicolas.

En Janvier 1945, le responsable serait le Wing Commander Arthur W. Eaton.

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Dans ce document Léon Dumis cite le Colonel Will Blood ( nous pensons à une erreur ?)

Source: ce site

Source: ce mémoire.

            De la guerre à la liberté, Hors série, Juin 2004, Liberté, Le Bonhomme Libre.

            L'eau à la source de la victoire Normandie 1944 de Guillaume Tixier, Orep Editions, 2014.

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