La COLLABORATION
Le
Parti populaire français (PPF) est fondé en 1936 par un ancien communiste,
Jacques
Doriot
. Ce parti va connaître un certain succès avant la guerre et rassemble
quelque 300 000 adhérents en 1939, dans une orientation de plus en plus
fasciste. Une section semble avoir fonctionné à
Caen dès cette date mais cesse
toute activité avec le déclenchement de la guerre.
Le PPF réapparaît dans le Calvados, non pas à l'initiative
d'un ancien militant, mais par le fait d'un
enseignant du lycée Malherbe, André Perrault
.
Pacifiste, séduit par l'idée d'un rapprochement franco-allemand, il adhère au
PPF en septembre 1940. II s'efforce alors de redonner vie au parti en regroupant
les anciens adhérents et de nouvelles recrues. Il est aidé en cela par le
garagiste Louis Quinet, ancien
Croix de Feu
et cagoulard.
P. Vieil en est le trésorier. Le travail de mise en
place est lent, rythmé par des communiqués dans la presse.
Un communiqué du 27 février 1942 de Jean Lamaître dans la
Presse Caennaise du l'Union Populaire de la Jeunesse Française (UPJF) section
jeune du PPF
.
La fédération du
Calvados est officiellement inaugurée au début de l'année 1942. André Perrault
devient secrétaire fédéral provisoire, assisté de
Jean Boudan, employé aux Galeries Lafayette. Celui-ci devient secrétaire
fédéral en mai 1942 lorsque le bureau est définitivement mis en place, Perrault
n'étant plus chargé que de la propagande. Atteint
par la tuberculose,il bénéficia d'un congé de santé au printemps 1943. Il mit
à
profit l'occasion offerte par le
destin pour abandonner la voie de la Collaboration et s'engager dans celle du
rachat. Envoyé dans la
Creuse pour soigner sa maladie, il intégra les maquis de la région et
participa aux combats de la Libération.
Une permanence est ouverte
62 rue de Vaucelles, le 2 mai 1942, à Caen
, dans l'ancien magasin confisqué à un commerçant juif.
En septembre 1942, Jean Boudan devient responsable départemental de la
L.V.F. et
doit abandonner son poste au PPF. En fait, il place comme successeur Adolphe Villain,
instituteur au lycée Malherbe, qui n'est qu'un homme de paille.
Au sujet d'Adolphe Vilain:
En février
1943,
un
groupe
de
trois
élèves
du Lycée
Malherbe
décide
d'aller
intimider
un instituteur
du
lycée,
membre
du Parti
Populaire
Français
de
Jacques
Doriot.
En
allant
déposer
de
nuit,
à
son
domicile,
une
lettre
de menace,
l'un
des
trois
jeunes
lycéens,
qui
a emporté
avec lui
un
revolver,
tire
en direction
de
la
fenêtre
du
collaborateur.
L'affaire
prend
de l'ampleur,
police
française
et police
allemande
mènent
l'enquête
et retrouvent
les auteurs
de
cet
acte.
En mai
1943,
ils
sont
envoyés
en
camp
de concentration.
Seul
l'un
des
trois
lycéens
revient
de
l'enfer
en
1945,
après
avoir
retrouvé
par
miracle
son frère,
à
Dora,
arrêté
un
an
après
lui
pour
faits
de
résistance. Source:
.
Il s'agit de Jean
Lunois
Le 15 novembre 1942, le PPF organise, salle de la mairie, un
meeting de protestation
contre "l'agression britannique en Afrique du Nord".
La propagande s'adresse à tous les milieux mais plus
spécialement aux classes populaires. Le PPF mène alors une campagne, à l'instar
du MSR, contre les trafiquants de marché
noir et se pose en défenseur des intérêts ouvriers. Le PPF ne craint nullement
les manifestations tapageuses et les provocations. Ses militants badigeonnent
les murs et les chaussées de graffitis à la gloire de Doriot ou tentent
d'enlever les bustes de la République des mairies de plusieurs communes, se
heurtant souvent à la réprobation, voire l'hostilité ouverte de la population.
L'année 1942 est celle de l'essor pour le PPF, récupérant plusieurs dizaines de
transfuges du MSR. Des sections fonctionnent à Caen, Vire, Falaise, Saint-Sever,
Livarot et Luc-sur-Mer. Le parti compte au début de l'année 1943 plus de 200
militants, le second parti après le RNP.
Mais le PPF sombre peu à peu dans le déclin. Des doutes assaillent les militants
sur la voie poursuivie et, face aux événements nationaux et internationaux,
certains désertent. Il est de surcroît rongé par des dissensions internes. En
avril 1943, Adolphe Villain et Jean Boudan sont exclus et la direction est
confiée à un coiffeur caennais Henri Neveu,
un homme totalement dépourvu
d'envergure, dépassé à la fois par ses fonctions et les événements. En janvier
1944, le PPF accueille dans ses rangs Georges Daragon
,
l'ancien animateur du
MSR
qui avait cessé toute activité depuis plusieurs mois. Sa désignation immédiate
comme secrétaire fédéral adjoint semble donner un second souffle
au parti. Mais l'arrestation de Daragon par les Allemands en février, pour des
causes mal définies, ruine tout espoir de redressement.
Le dimanche 7 février 1943, une messe à Saint Jean pour les
morts du PPF engagés dans la LVF
attire moins
de trente personnes.
Le 4 juillet 1943, congrès départemental du PPF
à Caen
.
Le PPF poursuit inexorablement son déclin. Il ne compte plus qu'une cinquantaine de membres, pour le Calvados, en mai 1944.
Perrault
sera condamné à 5 ans de travaux forcés;
Neveu 5
ans de prison et Villain acquitté et seulement condamné à la dégradation
nationale (Note de MLQ: je me souviens qu'il était prof à
Saint Jo à la fin des années 50)
Sources :
QUELLIEN Jean, Opinions et comportements politiques dans le Calvados sous l'occupation allemande, Caen, PUC, 2001, 512 pages.
Cédric Neveu