La COLLABORATION
Le RNP
Le
Rassemblement national populaire est constitué à Paris
le 1er février 1941 par
Marcel Déat
(ancien socialiste exclu de la SFIO en
1933), Jean Goy (député de Falaise) et
Eugène Deloncle
(ancien chef de
l'organisation terroriste la
Cagoule et fondateur en septembre 1940 du Mouvement
social révolutionnaire, le M.S.R.).
Dans le Calvados, une section du
RNP
est mise en place à
Caen dès le 6 février 1941, à l'initiative de
Ludovic Zoretti
, Marie Langlois
et
Marceau Degardin
,
anciens militants de la gauche socialiste et syndicaliste. Son premier
siège sera situé à la Maison du peuple,
dans les anciens locaux de la CGT au 28 rue Saint Pierre
.
Pendant quelques mois, l'activité de l'organisation est
paralysée par les conflits internes entre ses deux principales composantes, les
membres du MSR (le plus souvent recrutés parmi les anciens cagoulards locaux)
s'efforçant d'évincer Zoretti et ses proches à qui ils n'ont pas pardonné leur
rôle à l'époque du
Front populaire. A l'automne 1941, la rupture au niveau
national entre Déat et Deloncle clarifie la situation avec le retrait du MSR. A
la tête du RNP
du Calvados, désormais plus homogène politiquement, Roger
Chaulanges, comptable à la
S.M.N., succède alors à Zoretti
qui s'est retiré dans la région d'Antibes. Le 15 décembre 1941, le RNP
déménage au 1er étage du 31 rue des
Carmélites.
.
En novembre 1942,
Roger Chaulanges (il obtint
une
" providentielle
"
mutation
pour
les bureaux
de la SMN
à Paris;
ce
qui lui
permit
de
se
retirer de
la
Collaboration
sur
la pointe
des pieds).
sera lui-même remplacé par Marceau Degardin
qui restera à la tête de l'organisation jusqu'en mai 1944.
Lorsque Marcel Déat
,
nouvellement
promu ministre
du
Travail,
le désigne comme chargé
de mission
auprès
de
son cabinet,
le RNP
s'écroule
immédiatement
et
cesse
toute
activité
dans
le
Calvados.
Fort de huit sections, le RNP
fut, par ses effectifs, le
principal mouvement de collaboration du département : entre 1941 et 1944, il
recruta environ 330 adhérents. Il disposait de plusieurs organisations
satellites plus ou moins actives telles que les Jeunesses nationales populaires
(JNP),
le Front social du travail, le Centre paysan, l'Union de l'Enseignement... et
contrôlait par ailleurs le Comité ouvrier de secours immédiat (C.O.S.I.).
L'action du RNP fut principalement tournée vers la propagande, par voie
d'affiches, de tracts, de conférences organisées dans les principales villes du
département, souvent accompagnées de projections de films tels que Le
Jeune hitlérien"
, Le
juif Süss"
, La Libre Amérique ou
Le président Krüger"
.
Le 2 mars 1943, inauguration de la nouvelle
permanence du RNP
au
14 bis rue Ecuyère à la place d'un magasin de bonneterie précédemment tenu par
un israélite. Les Jeunesses Nationales Populaires (JNP)
émanation du RNP
y
dispose d'un foyerqui est inauguré le 12 septembre 1943 en présence de membres
de la Kommandantur;
Toutefois, certains des membres du RNP
, dont Henry Thuiller,
chef de la section de
Dives-Cabourg ou Louis Laplanche, chef de la section de
Trouville, sombrèrent dans la collaboration policière en devenant des
auxiliaires très précieux de la Gestapo de Caen. Leur activité fanatique
provoqua l'arrestation de plusieurs dizaines de résistants et de patriotes.
Au début de l'année 1944, le RNP
fut victime d’une
infiltration de jeunes résistants du
Front national qui parvinrent à
désorganiser en partie son action et obligèrent Marceau Degardin à dissoudre les
Jeunesses nationales populaires
au sein desquelles s'étaient glissés les
perturbateurs.
Le dernier communiqué parait le 3 juin 1944.
Sources:
QUELLIEN Jean, Opinions et comportements politiques dans le Calvados sous 1'occupation allemande, Caen, PUC, 2001. 512 pages.