RESISTANCE

Le sabotage du RNP par les jeunes du Front national

 

    Dans le courant de l'année 1943 se constitue à Caen, autour de Roger Câtel (16 ans en 1940, étudiant en EPS - Organisation : Front national - Domicile : Caen) et Jean-Pierre Voidies ,, un petit groupe de Résistance, en grande partie composé de jeunes. Parmi eux, des camarades de leur quartier comme Bernard Boulot et Bernard Duval , des lycéens tels que Claude Lunois et Jean-Paul Mérouze. Agissant d'abord de façon autonome, le groupe sera plus tard rattaché au Front national. Sa première activité consistera à faire des relevés des défenses allemandes sur la côte, entre Ouistreham et Arromanches, et à distribuer des tracts.

    Au début de l'année 1944, Jean-Pierre Voidies , qui brûle de faire un coup d'éclat, décide de saboter l'action du RNP , parti de collaboration bien implanté sur la place de Caen. Pour ce faire, il adhère à la section jeunes du RNP , les  Jeunesses Nationales Populaires (JNP) ; ce qui lui permet de fréquenter le local de cette organisation et notamment le bureau du chef départemental, Marceau Degardin . Il y repère une volumineuse serviette qu'il décide de subtiliser; ce qu'il fera un dimanche de janvier après avoir dérobé la clé du local au 14 bis rue Ecuyère (à la place d'un magasin de bonneterie précédemment tenu par un israélite).

    La fameuse serviette contient la liste des adhérents du RNP, des bulletins d'engagement dans la milice du RNP , des notes confidentielles sur des personnes suspectées de gaullisme, divers papiers et enfin le tampon de Degardin . Dès lors, Voidies et ses amis passent à l'action. Des lettres, pompeusement signées "Mouvements Unis de la Résistance", sont adressées aux personnes suspectées pour les mettre en garde. D'autres sont envoyées aux membres du RNP avec des menaces de châtiment pour trahison.

    Jean-Pierre Voidies se débarrasse de la serviette dans un égout et disperse les dossiers chez deux lycéens de sa classe: le fils de la surveillante générale du lycée de filles et le fils d'un professeur de lettres du lycée Malherbe.

    Le 25 janvier 1944, une séance de cinéma devant être organisée au cinéma Eden, au cours de laquelle était prévue la projection du film anti-anglais: "Le président Krüger"   ; Jean-Pierre Voidies fait parvenir la veille au directeur de l'établissement, M. Le Boyteux, une lettre lui demandant d'annuler la séance, signée Degardin et revêtue de son tampon. Sans méfiance, l'homme renverra les bobines à Paris, au grand dam des responsables du RNP.

    Là ne s'arrêtent pas les canulars. Toujours avec la signature et le cachet de Degardin, des avis sont envoyés à la presse, invitant à venir assister à la messe en mémoire de miliciens du RNP décédés... et en fait toujours bien vivants.

    Mais ces facéties n'auront qu'un temps. Alertée, la Gestapo porte ses soupçons sur un membre des Jeunesses nationales populaires , totalement étranger à l'affaire, mais qui malheureusement fréquentait certains des membres du groupe dont il connaissait les idées. Le 23 février 1944, Mérouze, Lunois et Voidies sont arrêtés, conduits au siège de la Gestapo où ils sont sauvagement battus et tortures plusieurs jours durant par la bande à Hervé. Bien qu'étrangers à l'affaire du vol des documents de Degardin , Boulot et Duval sont à leur tour appréhendés dans les jours suivants. Tous seront déportés.

 

 Sources:

 Archives de Jean Quellien

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