Le Carmel de l'avenue Georges Clemenceau

 

Source. Le Carmel. De nos jours.   Localisation. L'entrée du Carmel au 8 rue du Clos Beaumois.

 

Source: dossier dommages de guerre, référence : 923W564.

Ce travail a été exécuté par un Expert-Réalisateur de Catégorie « K », afin de déterminer la créance définitive de l’Etablissement en question, suivant les dires de la loi du 28 octobre 1946.

D’après les dires des responsables de ce Monastère l’ensemble des dommages provient, en général, des origines suivantes :

En juin 1940, l’armée allemande faisait son entrée en ville, la maison du concierge fut ainsi réquisitionnée pour un poste de DCA.(Note de MLQ un poste de Flak)

Le concierge et sa famille se replièrent au Tour du Carmel, c’est-à-dire dans la partie public du Monastère : la chambre et la salle des étrangers.

Le 6 juin 1944, à la suite des évènements militaires, les Religieuses se réfugient dans la cave, où viennent les rejoindre : l’aumônier, le concierge et sa famille, ainsi que les Sœurs tourières.

Le mercredi 7, bombardements d’avions. Trois bombes tombent dans l’enceinte du monastère : une, tout près du logement des Sœurs tourières, une autre anéantit le mur, sur l’avenue Clemenceau, près de la maison du concierge et la troisième un mur de clôture du côté de la prairie.

De ce fait, les Allemands entrent dans le Monastère profitant de l‘absence des Sœurs tourières, ils s’installent dans leur maison car, par suite des bombes tombées toutes les ouvertures étaient béantes.

Cependant, les Sœurs décident de ne pas abandonner leurs locaux et s’organisent dans la cave, bien que Monsieur Baudoin architecte, venu inspecter le refuge, ne croit pas à sa solidité.

Il s'agit de M. Henri Bauduin (confirmation de cette visite par son fils Philippe)

Dans cet extrait page 196 de ce livre  on retrouve le nom de M. Henri Bauduin  chargé d'éteindre les incendies à l'explosif car il n'y avait plus d'eau. En qualité d'architecte il savait ou placer les charges pour souffler le feu.

Le mercredi 21, un aumônier allemand vient visiter ses soldats et, ayant appris la présence des Religieuses, il demande la Mère Prieure et lui conseille de partir, par suite du danger.

Le vendredi 23, un Père salésien, envoyé par l'hospice Saint Louis vient chercher les Sœurs car l’administration s’étant réunie le matin, et les caves de de l'hospice étant plus sûres avait décidé de réunir dedans le plus de monde possible,  ce qui fait que les Religieuses partent, le mardi 27, pour l'hospice Saint Louis, emportant chacune, une couverture et un petit sac, avec quelques objets indispensables.

Il s'agit du père Gouriou,directeur de l'Institut Lemonnier, nommé directeur du Centre d'Accueil de l’hospice Saint-Louis Hôtel Dieu. Voir ci-dessus la référence aux Carmèlites pour le Centre d'accuiel de Saint Louis.

Plan de localisation: Institut Lemonnier, rue de la Pigacière; le Carmel et l'hospice Saint Louis Hôtel Dieu

Photo aérienne RAF du 15 juin 1944,  des trous de bombes sont visibles dans le parc entre l'hospice Saint Louis et l'hôpital civil Clemenceau.

A part cela, occupation de tout le Monastère par les Allemands, pose de mines, autour des bâtiments et dans le petit bois, installations de pièces d’artillerie dans les dépendances.

Le soir du vendredi 7 juillet vers 9h30 passages d’avions en grand nombre et le bombardement commence puis, vers le matin, nouveaux bombardements intenses qui durent environ 1 heure et dont les effets furent terribles pour le Carmel car de nombreuses destructions y surviennent.

Le plus important bombardement sur Caen le 7 juillet à 22H00 suivi à 04H20 le 8 juillet d'un bombardement naval en appui pour le début de Operation CHARNWOOD

Le dimanche 9, les Allemands mettent le feu à la tour de DCA en face de l’entrée du Carmel et, une voiture brûlant dans la cour, communique le feu à un tilleul.

Photo aérienne IGN de 1946, localisation des fondations de 3 tours de Flak de la 1.Batterie leichte Flak-Abteilung  996  dans le clos Herbert, celle de droite est juste devant l'entrée du Carmel.

Source DR. La tour de Flak devant le Carmel.

On entend sans cesse le canon et les mitrailleuses mais la ville se remplit peu à peu, d’Anglais si bien que, le 10 juillet les Sœurs décident d’aller au Carmel pour se rendre compte des dommages et examiner ces conditions d’habitabilité, afin de s‘y réinstaller rapidement.

A l’arrivée, elle trouve :

-        - La moitié de la conciergerie détruite par une bombe,

-        - Le Tour est très ébranlé, à la rigueur habitable, mais tout le mobilier est brisé ou emmené par les occupants

-         - dans la première cave, sous le chœur, les Allemands y ont fait un dortoir mais, à hauteur du fruitier il n’y a plus moyen d’avancer les décombres obstruant complètement la place, la voûte ayant cédé

-        - en outre, depuis le réfectoire jusqu’à la bibliothèque, tout est par terre. On ne voit qu’un amas de décombres, de toitures coupées, des planchers inclinés et, au milieu sous la cuisine, un énorme trou tout cela remplit de poutres, de ferraille, de meubles brisés. Il reste seulement debout quelques cellules.

-        -  du Monastère, il reste trois tronçons épars et en quel état : dans l’escalier, le plafond est à ciel ouvert et, dans le corridor du premier, un immense trou est ouvert sur les décombres. Une bombe est tombée sur la buanderie enterrant le linge qui s’y trouvait.

Le mercredi 12 un groupe de 7 à 8 Sœurs, monte au Carmel et constate qu’il est enfin, occupé, par les Canadiens qui demandent à y rester et à prendre les quelques paillasses restantes mais la lutte durant toujours, il y a au jardin des trous de torpilles profonds, les murs sont en partie effondrés, de grands brèches existent à plusieurs places.

La bataille continuant, des obus tombent près des Sœurs, ce qui fait que le Carmel reste toujours abandonné aux combattants.

Le lundi 7  août, en arrivant au Carmel, les Carmélites eurent la surprise de trouver les deux grands peupliers du jardin,  abattus et la brèche du mûr agrandi. Ce sont les artilleurs anglais qui pour faciliter le tir de leurs deux canons bloqués en face le Monastère ont jugé la chose nécessaire.

Le 17 août un obus allemand de 17 cm tiré d’une batterie derrière la Dives explose dans les jardins du Couvent des Carmélites. C’est le dernier reçu par la ville de Caen !

Mais ce n’est que le 25 août, que les Religieuses, après bien du travail, réintégraient dans une installations bien précaire leur Monastère et reprendre ainsi leur vie carmélitaire

Devant des dires aussi détaillés, j’ai donc entrepris diverses études enfin d’en vérifier la parfaite réalité, non pas par suspicion spéciale vis-à-vis de ces personnes, mais simplement pour exécuter, au mieux les directives de l’administration  du M.R.L. Le Ministère de la Reconstruction et du Logement.

D’après les renseignements obtenus, il s’avère exact que sitôt l’arrivée des Allemands en Normandie, il fut établi une construction en bois pour la DCA à côté du Tour, c’est-à-dire du logement des Sœurs dites « tourières » chargées de faire a liaison entre l’extérieur et les Carmélites qui vivent, elles, recluses.

Cela dura jusqu’en 1944 où, malheureusement, durant les combats qui se disputèrent dans la ville de Caen, ainsi que durant les bombardements qui eurent lieu de gros dégâts survinrent au Carmel, bombardements qui détruisirent aussi une grande quantité de matériels, quantité qui fut augmentée du reste par les prises et prélèvement effectués par les combattants

Aussi, après avoir étudié cette question et examiné les documents présentés et, en particulier, des photographies et les plans je crois pouvoir conclure à la réalité des pertes déclarées et accepter d’en faire l’estimation.

Remerciements à Benoît Hinard de l'Association Cadomus pour la communication de ce dossier.

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