Témoignage du docteur Lemarchand, chirurgien-dentiste, réfugié avec les vieillards évacués du lycée Malherbe et du Bon Sauveur à la carrière 4 de l'hôpital des Coteaux de Fleury-sur-Orne.

 

"C’est aujourd’hui mardi 18 juillet. Depuis quatre jours, la vie est impossible. A tout instant, l’occupant est là, irascible, avec sa menace d’évacuation et son "Rauss" perpétuel. A 1 h 15, nous avons vu les téléphonistes rouler leurs fils, les voitures camouflées dans la carrière souterraine : On sent que le départ est proche, mais est-ce définitif ?

On sait que l’ennemi occupe encore Fleury et les carrières Saingt. Dés le matin, il a procédé à l’évacuation de la carrière, mettant sur la route, femmes et enfants, et profitant de l’exode de ces malheureux pour se replier.

Des avions alliés, en grand nombre, survolent et bombardent la région de Bourguébus. Affolés, les évacués se camouflent où ils peuvent et viennent chercher refuge aux carrières des Coteaux. Enfin l’alerte est passée, et la matinée s’achève.

Vers 12 h 30, les tirs alliés manifestent une recrudescence : l’anxiété augmente ; à 13 h 15, apparaissent les FFI: Gille , Duchez , Buot, Goguet fils, avec leurs jeunes gens.

Le bombardement s’intensifie. Un petit "mouchard" survole et ne semble pas voir la progression de nos libérateurs. Enfin, deux emblèmes signalent la situation. Les tirs cessent. Le Commandant Gille et le Capitaine Duchez, portant des drapeaux français et anglais, se présentent et entrent dans l’hôpital souterrain. Ils ont dû avoir chaud !

La Marseillaise éclate, chantée par les malades, qui se dressent quand les drapeaux tenus par Duchez, survolent leurs lits. L’enthousiasme est indescriptible. Enfin c’est la remise des Croix de Lorraine, symbole de notre amour de la liberté.

La cérémonie est terminée. Ceux qui nous ont ramené l’espoir, partent pour continuer leur œuvre envers d’autres malheureux".

 Source voir le paragraphe: L'hôpital souterrain.

RETOUR LISTE DES TEMOIGNAGES