Texte de l'article:

Hier, place Gambetta, a été planté l’arbre de la libération.

Source: A gauche, Liberté de Normandie du 28 novembre 1944


Malgré la pluie, qui, malheureusement, tomba sans arrêt, une foule énorme emplissait la place et le début du boulevard Bertand.
Le drapeau français à Croix de Lorraine et le drapeau anglais flottaient en haut d’un grand mât, indiquant l’endroit de la cérémonie.

Source:  le site de la ville de Caen.


De nombreuses délégations étaient présentes. Sur la place se tenaient les capitaines
Duchez et Dumis avec une délégation d’officiers FFI et le fanion de la célèbre compagnie Scamaroni, une délégation des scouts, les sapeurs-pompiers avec leur drapeau et leur clique, les prisonniers libérés, les anciens du 36°RI , une délégation de la Fédération Nationale des Combattants Républicains avec leur drapeau, le Comité Local de Libération de Caen, le Comité Départemental de Libération du Calvados, la délégation spéciale de Caen avec MM. Bouts, Pasquier, Déant, Goguel, abbé Louvel, Augé, Huet et Sébire, et une section de la nouvelle Armée française.
A 14 heures, arrive le cortège officiel MM. Bourdeau de Fontenay , Commissaire de la République ; Laniel , député de Lisieux, membre du CNR ; Daure
, Préfet du Calvados ; Gille , Président du Comité Départemental de Libération du Calvados ; Guillou , Maire de Caen ; Mgr des Hameaux ; Triboulet , sous-préfet de Bayeux ; Spriet de la Chambre de Commerce ; les représentants de l’Armée anglaise ; les colonels Perrey, commandant la subdivision et Beau ; le curé doyen de St Jean ; le curé de Ste Thérèse et le chanoine Guillaume, des Œuvres diocésaines, pendant que dans toutes les églises, les cloches sonnaient à toute volée.


Monsieur le Président Gille prononça l’allocution suivante :
Monsieur le Commissaire de la République,
Monsieur le Préfet,
Mesdames,
Messieurs,
Mes camarades,
Dans cette terre bouleversée de tranchées et d’obus.
Dans cette ville ruinée par l’ennemi, qui s’est offerte en holocauste, pour délivrer la France entière.
En présence des courageux administrateurs, qui vont l’aider à renaître.
Monsieur Bourdeau de Fontenay , notre Commissaire de la République.
Monsieur Daure
, notre Préfet,
Monsieur Guillou , notre Maire,
En présence de nos glorieux alliés et de notre jeune armée renaissante,
La Résistance qui n’a jamais plié,
La Résistance qui n’a jamais désespéré,
Vient planter cet arbre de LIBERTE à l’heure même où l’Alsace redevient française pour jamais.
Nous avons choisi pour cela, le moment, où, le plus prestigieux de nos animateurs celui qui sera le grand Ministre de la Reconstruction Nationale, Monsieur Dautry , doit venir dans nos murs.
Petit arbre, dépouillé de tes feuilles, encore frêle, planté par des mains plus frêles encore, la plupart d’entre nous, ne verront pas tes branches, beaucoup grossir. Mais, nous t’espérons, noueux et séculaire.
Nous t’espérons, verdoyant, à nouveau dans une Normandie plus verdoyante encore.
Nous voulons, que dans la cité reconstruite, ceux qui nous suivront, viennent se souvenir, sous ton ombrage.
Nous, nous ne serons plus !
Mais, toi, tu resteras !
Témoin de notre foi
Symbole de longévité et d’effort,
Fier de notre LIBERTE, reconquise pour TOUJOURS.
Cette allocution fut suivie de « la Marseillaise » jouée par la clique des pompiers augmentée de musiciens locaux. Puis, Monsieur Bourdeau de Fontenay vint jeter la première pelletée auprès de l’arbre tenu par une toute jeune Alsacienne en costume provincial
Durant cette plantation, on entendit l’hymne « Amour Sacré de la Patrie » changé excellemment par M. Cetin du théâtre Mogador.
Cette cérémonie, sobre mais émouvante dans sa simplicité, se termina à 15 heures aux sons de marches militaires jouées par les pompiers.

 

Source: Liberté de Normandie du 30 novembre 1944, aux Archives départementales du Calvados.