RESISTANCE

 

COMITE DEPARTEMENTAL DE LIBERATION DU CALVADOS

Le 27 mai 1943, Jean Moulin préside à Paris la séance inaugurale du Conseil national de la Résistance (CNR) où siègent les représentants des principaux mouvements des deux zones. mais aussi des forces syndicales et politiques. Rapidement, est débattue l'idée de mettre en place dans chaque département un Comité de libération (CDL), réplique en modèle réduit du CNR, dont le rôle sera de favoriser sur le plan local le rapprochement des forces se réclamant de la Résistance et de préparer la prise du pouvoir lois de la Libération.

Dans le Calvados, l'initiative de créer un Comité de libération est prise très tôt par le Front national. Les premiers contacts sont noués par Michel de Boüard . Dès le printemps 1943, il rencontre l'un des principaux dirigeants de l'OCM-CDLR en la personne de Pierre Harivel . Mais celui-ci, s'il accepte le principe d'un échange d'informations, se montre peu empressé d'aller au-delà, n'ayant pas encore reçu d'instructions à cet égard. Une nouvelle tentative, auprès cette fois de Léonard Gille , s'avère plus fructueuse et débouche sur une réunion préparatoire, le 15 octobre, à Caen, au café Normandie, boulevard des Alliés. Y assistent René Duchez pour l'OCM ; Léonard Gille pour le Parti radical ; André Louvel ((24 ans en 1940, ébéniste- Organisation : Front national - Domicile : Deauville, arrêté le 10 décembre 1943, déporté à Mauthausen, il en revient))  pour le PCF ; Maurice Fouque pour Libération-Nord; Bernard Gilles ((20 ans en 1940, étudiant - responsable du Front national pour le Calvados depuis août 1943 ; FTP - Domicile : Caen) pour le Front national.

Le Comité de libération du Calvados se met donc en place de manière assez précoce par rapport à bien d'autres départements. Avec quelques nouveaux membres, comme Michel de Boüard (Front national) ou Paul Lemoigne (OCM), il se réunit à cinq reprises d'octobre à décembre 1943, soit dans un café, soit... à la morgue de l'hôpital, mise à sa disposition par le docteur André Neyreneuf, chef des travaux d'anatomie à l'école de médecine et membre du Front national. Son premier acte est de voter une motion de confiance au Comité français de libération nationale (CFLN) d'Alger, présidé par le général de Gaulle . Le Comité évoque à plusieurs reprises les problèmes de l'épuration à mener à la Libération, en particulier dans l'administration et dans la presse. Il rédige par ailleurs un tract à l'occasion de la mort héroïque en Corse de Fred Scamaroni , ancien chef de cabinet du préfet du Calvados.

En décembre 1943, les rafles qui frappent les principaux mouvements de Résistance du Calvados (OCM et FN) décapitent le CDL: André Louvel , Maurice Fouque , Max Flour (47 ans en 1940, cultivateur - Organisation : Libération-Nord - Domicile : Moult), Georges Millemann , Maurice Hébert (53 ans en 1940, teinturier - Organisation : Front national ; FTP -Domicile : La Graverie, arrêté le 10 décembre 1943, déporté à Gusen, il y meurt le 8 mars 1945), Annette Quénardel (Angèle Quénardel née Demany alias"Annette", 36 ans en 1940,- Organisation : Front national - Domicile : Caen) et Michel de Boüard sont arrêtés. René Duchez et Bernard Gilles , en fuite.

Malgré ces ravages, le CDL, après plusieurs mois d'interruption, se réunit de nouveau le 17 mai 1944 dans un café de Venoix, dans la périphérie Ouest de Caen. Léonard Gille , désigné comme président est le seul rescapé de l'équipe précédente avec Paul Lemoigne, représentant de l'OCM. A leurs côtés ne siègent que des nouveaux venus : Arthur Masson , dit "Lucas Hector", (27 ans en 1940, ouvrier, membre du parti communiste clandestin - Organisation : Front national - Domicile : Caen) vice-président, pour le Front national ; Raymond Triboulet pour CDLR, qui sera désigné comme secrétaire du CDL; Joseph Déan pour le Parti communiste ; Mme Nicole Bouchet de Fareins (32 ans en 1940, sans profession - Organisation : MLN ; Samson du BCRA ; OCM ; Défense de la France - Domicile : Équemauville) pour le Mouvement de libération nationale (voix consultative) ; Henri Le Veillé pour la CGT; Maurice Toutain au titre de la Fédération républicaine et Armand Huet de la CFTC.

Une réunion restreinte, limitée au bureau du CDL, parait s'être tenue le 1er juin (selon une autre source le 3) à Caen, rue Laplace. Elle se serait déroulée en présence de Pierre Daure , ancien recteur limogé par Vichy en 1941 et désigné par le général de Gaulle pour exercer les fonctions de préfet du Calvados à la Libération.

Une réunion du CDL se tient le 9 juillet chez M. Maurice Lecomte (48 ans en 1940, professeur - Organisation : Armée des Volontaires ; Hector ; OCM ; Vélite Thermopyles ; Patriam Recuperare - Domicile : Caen) , professeur au Lycée Malherbe, rue Alphonse Gilles, malheureusement la plupart de ses membres sont encore dispersés par la bataille.

Le CDL tient sa première réunion au grand jour le 20 juillet 1944, dans une salle de la préfecture quelques jours après la libération de la ville. Avec un nombre de membres beaucoup plus important, il siégera jusqu'au 16 novembre 1945.

En collaboration avec le préfet , ses tâches principales consisteront à mener à bien l'épuration, en préparant les dossiers des personnes suspectées de collaboration, et à proposer le remaniement des conseils municipaux et du Conseil général.

Le comité départemental de Libération, où se côtoient représentants des mouvements de résistance, des partis politiques et des syndicats. Le président, Léonard Gille , membre du parti radical, impose au comité une ligne parfaitement légaliste et modérée dont il ne se départira jamais jusqu'à sa dernière séance. À l'occasion, il ne manque pas de rappeler à ses collègues que le comité a seulement « voix délibératrice ». Ni contre-pouvoir, ni groupe de pression véritable, comme dans d'autres régions de France, le CDL du Calvados se bornera à un rôle de conseiller plutôt docile, sans jamais chercher à outrepasser ses attributions. Il fera parfois connaître des réserves mais ne remettra jamais en cause l'autorité du représentant de l'État. La coopération sera assez étroite à propos de deux enjeux majeurs: la reconstitution des assemblées électives locales et l'épuration.

Au 2 septembre, le CDL a décidé: 22 suspensions de fonctions, 148 internements pour la durée des hostilités, 29 mises en résidence surveillée et 71 mises sous séquestres de biens d'internés.

"Collection particulière" Source page 144 de ce livre. Brassard du Comité départemental de libération du Calvados portant la signature de Léonard Gille et cachet clandestin du Comité de libération du Calvados (avant juin 1944).

Sources:

Archives de Jean Quellien

et et et .

 

Le C.D.L. clandestin du Calvados

source pages 228 et 229 de ce livre

Dans le Calvados l'initiative revient au professeur de l'université, Michel de Boüard qui, avec Marc Leforestier, s'efforce dès le début de 43 de créer un organisme de coopération entre les mouvements de résistance; le C.D.L.R. et l'O.C.M. ont fusionné en février 43; les pourparlers avec le F.N. traînent en mars; repris en mai par Pierre Harivel , Pierre Lebrun et maître Léonard Gille , ils n'aboutissent qu'en septembre. Une réunion préliminaire a lieu à Vire chez le pharmacien André Halbout; maître L. Gille , Henri Le Veillé , postier de la C.G.T., "Janine" Boitard , Raymond Triboulet , agriculteur, un communiste Valentin Debailly (André) , un socialiste Maurice Fouques (Libé-Nord) et le futur préfet, Pierre Daure , sont présents.

Le 15 octobre à Caen Michel de Boüard (F.N.) et René Duchez , peintre en bâtiment (O.C.M.) s'y ajoutent; à la troisième réunion le P,C. délègue André Louvel (Jacques) , ébéniste à Deauville. Paul Lemoigne (Masson), directeur de société, de l'O.C.M. et Maurice Himbert (LegrantI), garagiste (O.C.M.), paraissent à leur tour. Le C.D.L. clandestin du Calvados compta aussi alors comme membres Bouchard du C.D.L.R., Bernard Gilles , étudiant, réfractaire au S.T.O., Pierre Harivel (Belhache, Pradeî), assureur (O.C.M.), Charles Louvigny (Lechat), instituteur (O.C.M.) et Arthur Masson (Lucas Hector), contremaître (F.T.P.). Le C.D.L., alors axé à gauche, estime qu'il y a.Iieu de faire entrer en son sein des hommes d'opinions plus conservatrices, il veut faire appel à deux ex-parlementaires Camille Blaizot et Joseph Laniel , mais ceux-ci se récusent. Immédiatement après la réunion du 7 décembre, cinq des membres du C.D.L. Bouchard , Maurice Fouques , André Louvel , Michel de Boüard et Pierre Harivel sont arrêtés.

Henri Bourdeau de Fontenay (Graveron) obtient la reconstitution du C.D.L. du Calvados, fin janvier 44 une réunion a lieu à Mouen; André Debailly arrêté est remplacé par Arthur Masson (Hector Lucas ou Louis Surgers) assisté par Paulette Michaud née Lefèvre (21 ans en 1940) Organisation : Front national , UFF - Domicile : Caen.

Le contact est réalisé avec le chef militaire des F.T.P. François Le Moal (Veto) dessinateur industriel) - Organisation : Front national. A Venoix le 17 mai le C.D.L. comprend huit membres:

maître Gille  (Parti radical),

Paul Lemoigne (O.C.M.),

Raymond Triboulet , agriculteur (C.D.L.R.),
      Arthur Masson (F
.T.P.),

Mme Bouchet de Fareins (M.L.N.),

Maurice Toutain , employé à la préfecture (C.F.T.C.),

Joseph Déan , employé de commerce (Parti communiste)

et Henri Le Veillé (C.G.T.);

le 3 juin 44, il reprend contact avec le préfet désigné parle Gouvernement provisoire, l'ex-recteur Pierre Daure et se donne maître Gille pour président et Masson  pour vice-président. La première réunion, après la libération de Caen, aura lieu le 20 juillet. Le nombre de membres passera à vingt-huit. Les nouveaux membres seront:

Pierre Bouts, (50 ans en 1940), assureur - Organisation : OCM - Domicile : Caen, président du M.L.N.,

Armand Huet , cheminot (C.F.T.C.),

le docteur Villey (M.R.P.),

Jacques Colas (34 ans en 1940) ouvrier - Organisation : Front national - Domicile : Mondeville,

Mme Roberte Masson, née Rocchia (23 ans en 1940), aide laborantine - Domicile : Caen, Organisation : Front national (Union des Femmes Françaises U.F.F.),   

Mme Madeleine Verly, (43 ans en 1940), assistante sociale - Organisation : Samson ; F2 ; OCM - Domicile : Caen, Comité des Œuvres Sociales de la Résistance (COSOR).

et des représentants des diverses régions du département:

Achille Thouin, (37 ans en 1940), cultivateur - Organisation : Hector ; Libération-Nord - Domicile : Troarn

 Julien Flais, (46 ans en 1940), cultivateur - Organisation : Armée des Volontaires ; OCM - Domicile : Moulines

Fernand Massue, (63 ans en 1940), sans profession - Organisation : OCM - Domicile : Le Theil

Louis André, (49 ans en 1940), cultivateur - Organisation : OCM - Domicile : Meuvaines

Albert Augé, (43 ans en 1940), cheminot - Organisation : OCM , Samson - Domicile : Caen

Pierre Ménegoz, (40 ans en 1940), courtier en grains - Organisation : Front national - Domicile : Lisieux

Louis Mériel, (25 ans en 1940), cheminot - Organisation : CDLR ; ORA - Domicile : Mézidon

Jules Hollier-Larousse (61 ans en 1940), cultivateur - Organisation : OCM - Domicile : Louvigny

Dagorn

et le rédacteur en chef de Liberté de Normandie, Serge Goguel ,

Maurice Locret, (25 ans en 1940), ouvrier d'usine, puis journaliste - Organisation : Front national ; FTP - Domicile : Honfleur

Auguste Almeras, inspecteur des Contributions indirectes (S.F.I.O.),

Alexandre Julienne, cheminot,

plus Charles Louvigny qui avait appartenu au C.D.L. clandestin.

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