La COLLABORATION

 

Le groupe Collaboration dans le Calvados

    En septembre 1941, Julien Lenoir , marchand de meubles de Caen, revient enthousiaste d'une visite à la foire de Leipzig. Convaincu de la nécessité d'un rapprochement avec l'Allemagne, il décide de mettre en place une section du Groupe Collaboration que préside l'écrivain Alphonse de Chateaubriant . Ce Groupe Collaboration est l'héritier du Comité France-Allemagne créé en 1933 par Georges Scapini et Fernand de Brinon .

 

    Le bureau du comité du Calvados est composé d'un président Julien Lenoir, de deux vice-présidents Louis Mercier, professeur à la Faculté des  Sciences de l'Université de Caen et Marc Devaud, comptable à la Société Métallurgique de Normandie (SMN) à Mondeville, d'un secrétaire Robert Poret, directeur de la Caisse d'Assurances Sociales et d'un trésorier Honorat Colette, médecin. Lire un article dans Ouest-Eclair du 22 septembre 1941.

Siège du Groupe Collaboration au 49 rue Saint Pierre .

    Julien Lenoir devient la personnalité dominante de la scène collaborationniste calvadosienne. Lenoir n'est pas un inconnu. L'homme est ambitieux et s'est assuré de nombreuses inimitiés par son autoritarisme et son ton cassant. Il s'est notamment heurté de plein fouet avec le préfet Henri Graux , qui n'a pas accepté la campagne tapageuse annonçant la création du groupe dans le Calvados. Il produit alors un véritable " tir de barrage" à toutes les sollicitations de Lenoir.

    En décembre 1941, une conférence est organisée avec la présence de Georges Claude . L'auditoire réunit entre 400 et 500 personnes en l'absence du préfet. Julien Lenoir et son adjoint Poret organisent alors une grande tournée départementale et créent des sections à Bayeux, Dives, Vire, Trouville, Villers-sur-Mer et Livarot.

    Pendant toute l'année 1942, le groupe Collaboration développe l'activité de propagande la plus fébrile, submergeant les journaux d'encarts et d'articles. Des conférences sont données notamment en août 1942 avec le professeur Friedrich Grimm, conférence qui réunit un millier de personnes. Le second semestre 1942 marque une apogée pour Collaboration. Le nouveau préfet Michel Cacaud , succédant à Henri Graux limogé, s'empresse de recevoir Lenoir et ses amis . A l'automne, des conférences sont données à Dives, Trouville, Caen, Falaise.

    Pendant l'Occupation, le groupe Collaboration rassemble entre 300 et 350 membres, deuxième organisation la plus étoffée après le R.N.P. Mais il faut souligner que la moitié des membres appartiennent à d'autres mouvements collaborationnistes

    A partir de la fin de l'année 1942, le groupe Collaboration connaît un déclin inexorable. Les événements nationaux et internationaux, notamment le débarquement en Afrique du Nord, ont éloigné nombre de militants et les adhésions se font de plus en plus rares. Les meetings organisés réunissent de moins en moins de monde et la voix de Collaboration s'éteint.

    Julien Lenoir sombre de son côté dans la collaboration policière et participe à la création d'un groupe d'auxiliaires français de la Gestapo: la future bande à Hervé .

    Après la libération, les membres du bureau, anciens combattants de la Grande Guerre, devenus collaborateurs par fidélité au maréchal Pétain; seul le docteur Collette, ancien membre de la Cagoule, adhérent au M.S.R. et au P.P.F., reconnaît avoir adhéré «jusqu'au bout par conviction». Lors du procès qui se tient à la fin du mois d'août 1945, il justifie ainsi son engagement: « Je déteste les Anglais depuis Fachoda et depuis l'autre guerre; j'estimais que le rapprochement franco-allemand était un des facteurs de la paix. » Collette et Poret sont condamnés à cinq ans de réclusion, Mercier à trois ans de prison et Devaud, à deux ans.

Lire cet article d'Yves lecouturuer

Sources :

QUELLIEN Jean, Opinions et comportements politiques dans le Calvados sous l'occupation allemande, Caen, PUC, 2001, 512 pages.

Cédric Neveu

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