La COLLABORATION

 

André VAIL

 

 

  Parution page 33 à 35 de

Vous noterez que dans ce livre de Henri Levavasseur paru en 1946 les éléments sur Henri Léon sont différents de ceux du livre d'Yves Lecouturier paru en 2011.

    André Vail, marchand de primeurs, se livre à un marché noir intense et est arrêté en mars 1944 pour un trafic de beurre.

    Relaxé peu de temps après, peut-être à l'instigation de Brière, il entre en rapport avec celui- ci et lui dénonce deux trafiquants qui vont être inquiétés par la Gestapo. L'affaire du beurre, qui a dû porter préjudice aux Allemands, est reconsidérée par la police germanique. Le délinquant est arrêté à nouveau et conduit à la maison d'arrêt de La Maladrerie.

    Prêt aux plus viles besognes pour recouvrer sa liberté, il s'engage à servir sans restriction la police teutonne. Et le mouchard, redevenu libre, tient parole. Douze personnes s'occupant du marché noir sont interrogées par les argousins boches : parmi celles-ci une dame T. .. , de la rue de Strasbourg, qui fut écrouée.

    Vail devient agent provocateur et va remplacer Brière au bureau de la rue des Jacobins après la fin tragique du trop célèbre délateur rouquin.

    Vers la fin de l'année 1942, Vail fait la connaissance d'Henri Léon, pupille de l'Assistance qui, parti en Allemagne comme ouvrier libre, revient en décembre 1943 en permission ... prolongée.

    Les liens d'amitié entre les deux hommes se resserrent. Habitant d'Argences, Léon est le commensal de Vail lorsqu'il vient à Caen. On fait bonne chère; les activités clandestines et policières de Vail lui permettent un certain train de vie. Le marché noir, seul, lui rapporte 12.000 francs mensuellement.

    Mais Léon, bien que partageant ses agapes, ne mange pas du même pain que Vail, au figuré du moins. Bien au contraire, c'est un bon résistant.Il appartient à un maquis de la route de Falaise (?) et il est chargé par son groupe, au moment du débarquement, de faire sauter les ponts, de miner les routes et dynamiter les voies de chemin de fer. A un ami sincère, à un copain véritable, on peut tout confier, mais pour un mouchard, la délation passe avant l'amitié: le devoir avant tout.

    Vail va faire son petit rapport rue des Jacobins et signale la présence à Caen de son ami Léon, qui est arrêté le même jour à l'hôtel Saint-Jean.

    Interrogé, il dénonce le docteur Derrien et quelques autres résistants d'Argences, qui furent arrêtés et fusillés, puis il réussit à s'enfuir ... , et le 11 mars 1946, Henri Léon est inculpé de trahison comme agent de la Gestapo et condamné mort par contumace.

    Était-il vraiment de la Résistance et jouait-il double jeu? Mystère ...

    Quant à Vail, arrêté à Rennes vers la fin de l’année 1944, les événements avaient troublé sa raison. Devenu fou, il fut interné au Bon-Sauveur à Caen, où il mourut le 25 octobre 1945.

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