La COLLABORATION

SOURCES: Collection Résistance et Mémoire

Daniel COULARD  (1923-1946)

Le cheminement de Daniel Collard est des plus dramatiques, celui d'un résistant qui sombre dans la Collaboration avec l'ennemi et se met au service de la Gestapo.

Dès les débuts de l'occupation, Daniel Collard est un authentique résistant. Il est membre d'un groupe rattaché au réseau Hector, groupe formé avec des collègues du Comptoir national d'escompte autour de Raymond Simon. En février 1941, en compagnie de son frère Arthur Collard  , de ses camarades André Lebrun, Marcel Leroux, Jean Brunet et quelques autres, il dépose clandestinement une palme munie d'un ruban tricolore au Monument aux morts de la Place Foch à Caen,

Au centre de la place Foch, le Monument aux morts

en mémoire du lieutenant-colonel d'Ornano tombé en Libye. Il songe même un temps à passer en Angleterre, via l'Espagne. Mais après le démantèlement du réseau Hector à l'automne 1941, il s'éloigne de ses camarades.

En 1943, il tombe follement amoureux de Paulette James. Amour fatal. car celle-ci est la secrétaire de Raoul Hervé , dirigeant du CIR, organe collaborationniste. Elle convainc son amant de rejoindre son patron. Alors que son frère Arthur continue son action dans la Résistance au sein du réseau Arc-en-Ciel, il se met au service des Allemands au sein de la bande à Hervé. Il participe alors à l'arrestation de dizaines de réfractaires, de résistants, notamment du groupe du docteur Derrien, des réseaux Alliance et Cohors-Asturies, qu'il torture : futures victimes de la barbarie nazie le 6 juin 1944 à la prison de Caen.

Le 6 juin 194d, il se replie avec les autres membres de la bande à Hervé à Falaise. Mais il ne souhaite pas s'éterniser dans la région. Le 7 juin 1944, en compagnie de sa femme, il se rend à Sainte-Honorine-du-Fay où vit sa sœur. A la fin du mois de juin, le couple décide de se replier vers le sud. A Trun, il rencontre un membre de la Gestapo allemande qui lui demande de le rejoindre dans ses activités au service du SD d'Alençon. Daniel Collard n'a aucune intention de rejoindre ses anciens compagnons. Il traverse l'Orne et se réfugie à Illiers, près de Chartres, dans la famille de son épouse. Il devient, quelques semaines plus tard. comptable au sein du COSI à Paris. Il rentre à Illiers lorsque les Alliés investissent la capitale. Il y est arrêté, avec son épouse, le 18 octobre 1944 par la gendarmerie.

Son procès que la presse appelle le "procès des gestapaches" s'ouvre le 11 janvier 1946 devant la cour de justice de Caen, en compagnie de quatre autres membres de la bande à Hervé : Serge Fortier, Bernard Desloges, Jacques Brottot et André Martin.

 Les débats sont dirigés par le juge Sébire. Le chef d'accusation est des plus graves. La bande à Hervé est responsable de l'arrestation de près de 150 personnes qui ont été torturées, fusillées ou déportées.

Les prévenus minimisent leur responsabilité et la rejette sur les absents. Se succède alors, pendant deux jours,  le défilé émouvant des témoins : déportés, familles, victimes de sévices. Les accusés n'affichent aucune émotion. Le journal Liberté de Normandie commente :

"Ils ne paraissent pas fatigués par l'audience de la veille. Sur leurs visages, nulle trace d'insomnie. On demeure confondu devant 1e cynisme et l'insouciance de ces jeunes hommes qui ont l'air plutôt d'étudiants en goguette que d'authentiques criminels. Jacques Brottot affiche toujours le même détachement des choses de ce monde. Daniel Collard s'entretient fréquemment avec son avocat et semble trouver sa cause excellente. Desloges, plus lourdaud, à l'air  gêné aux entournures et Fortier fait de plus en plus chef de bande. "

Liberté de Normandie du 10 mars 1946

Les plaidoiries des avocats comme les témoins à décharge ne peuvent infléchir l'opinion des jurés. Le 14 mars 1946, après une courte délibération, le verdict tombe.

Serge Fotier, Daniel Collard et Bernard Desloges sont condamnés à la peine capitale, à la grande joie de l'assistance.

 André Martin et Jacques Brottot sont condamnés à vingt ans de travaux forcés.

Le 9 mai 1946, Daniel Collard, Bernard Desloges et Serge Fortier sont fusillés à l'aube dans la cour de la prison.

Liberté de Normandie du 10 mai 1946

 

Sources:

et

Liberté de Nomandie, 10 mars et 10 mai 1948.

Cédric Neveu

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