Alan Melville , il est  press-correspondent au RAF Press-Center

cité par Jean-Pierre Benamou dans ce livre

Le 7 juillet, il est à Rosel et assiste au bombardement sur Caen:

21 h 00

"Soirée magnifique et chaude d'un 7 juillet de guerre, en face de Caen. Un véritable voyage organisé de camions de 3 tonnes, Jeep, Chevrolet, Humber, tout ce que la presse a pu rafler comme voitures d'État-major, même une  Mercédès "ex-allemande"; monopolise la chaussée. A Rosel (Note de MLQ : à 10 km au Nord-ouest de Caen) , le bruyant convoi stoppe en hâte, on laisse là le parc des "Belles pour VIP'S" et, en jacassant, une bonne trentaine de correspondants de guerre de toutes nations, se dirige vers l'église du tranquille petit village, à 2 km du front. Le nec-plus-ultra de la presse est là avec les ténors: Ernest Hemingway, Robert Capa, Ernie Pyle et  aussi Alan Moorehead,

 

Le 9 juillet, Franck Gillard des BBC News commente les derniers combats pour la prise de Caen.

Photo IWM,  page 247 de ce livre, avec l'aimable autorisation de l'auteur.

 

 

Franck Gillard de BBC News, Ross Munro, Chester Willmot... Sandwiches et thermos sont distribués à profusion et une ambiance terrible s'installe, une demi-heure avant l'arrivée des lourds de "Bomber-Harris". Rien ne m'aurait moins étonné alors que de voir se dresser un kiosque de vente de morceaux de pierres des ruines de la Ville, ainsi que des cartes postales à l'effigie de Sir Arthur Harris "

21 h35

"Des groupes de Typhoon se précipitent sur les sites de Flak repérés qu'ils font sauter à coups de roquettes avant l'arrivée des lourds. L'église de Rosel est prise d'assaut  et chacun se débrouille pour s'emparer d'une bonne place dans le clocher percé. Une plaisanterie patiemment expliquée par le notaire de Thaon (Note de MLQ: un village à 4 km au Nord de Rosel) me passe par la tête, à propos de "trou normand", quand je suis proprement expulsé de ma place par "l'ancêtre" du Daily Telegraph, alors que dans l'escalier, Gaumont-British bouscule British-Movietone-News, et que le Daily Express bat d'une courte tête le digne représentant du Times. Quand les Américains arrivent, je pense préférable de m'éclipser et je pars soudoyer un officier canadien d'un  poste avancé qui, devant une cartouche de "Phillip Morris", ne peut me refuser l'hospitalité".     

21 h 5O

"Les bombardiers arrivent, pile à l'heure. Le Bomber Command entre en scène en une longue nappe de quadrimoteurs qui progressent à 1 000 pieds seulement,  vitesse 190 nœuds, en un flot apparemment désordonné à l'opposé de l'USAAF Stratégique qui opère en "boxes" parfaitement articulées les unes dans les autres. Mais ce grave plafond noir de Halifax et Lancaster, apparemment ­sans fin vers l'arrière, est particulièrement impressionnant. Depuis mon poste d'observation d'infanterie, je distingue parfaitement dans mes jumelles 7 x 50, les tons des maisons dans la cuvette de Caen, la plupart sont soufflés ou endommagés. Je puis voir les étages supérieurs des immeubles, dont imperturbablement, les premiers bombardiers s'approchent alors que des Mosquito lâchent des marqueurs pyrogènes qui se balancent en l'air en autant de cascades lumineuses. Un Lancaster ­précède nettement le flot, trappes ouvertes, il lance ses bombes au-dessus de nos têtes qu'il est aisé de suivre jusqu'aux déflagrations, sur la crête du plateau, derrière l'Abbaye d'Ardenne. A ce moment, la Flak pétarade vivement sur notre droite, et la cadence des tirs atteint son paroxysme quand la première vague est sur la ville,  bascule sur l'aile gauche pour virer majestueusement,  avions allégés, à plein régime, vers le nord en reprenant de l'altitude."

 De son poste d'observation, Alan Melville est fasciné par ce qui lui est donné de voir et imagine ce que nul ne peut apercevoir:

 "Par deux fois, un bombardier est touché par la Flak. L'un d'eux, le fuselage brillant des flammes qui l'entourent, parvient à se rétablir juste assez longtemps pour permettre à l'équipage de sauter au-dessus de la tête de pont aéroportée. L'autre se précipite tout droit dans le brasier qu'il a contribué à allumer. Alors que la première vague achève son passage et que le second "troupeau" se détache derrière nous, venant de la mer, les Typhoon reviennent pour taper sans relâche sur les batteries de Flak. Depuis leur base du Fresne-Camilly (B-5) (Note de MLQ: aérodrome provisoire, ALG B-5 à 5 km au Nord-ouest de Rosel) , les Tiffies du 121 Wing (Note de MLQ : soit les 174, 175 et 245 Sqdns) font la ronde pour liquider à coups de bombes et de roquettes, les pièces et les servants qui restent désormais silencieux, alors que d'autres s'éveillent un peu plus loin.

Quand la deuxième vague de bombardement arrive au-dessus de nous, il n'y a pratiquement plus aucune pièce de Flak en état de tir et les gros avions qui volent plus bas encore, passent comme à la parade. Je ne sais si la dernière demi-heure de bombardement apporte réellement quelque chose à celle qui venait de s'écouler, puisque la destruction était déjà totale dans la zone visée. Mais une fois qu'une machine aussi inexorable que le Bomber Command est lancée, plus rien ne peut la retenir. Un Lancaster sur le retour a des ennuis et l'équipage saute au-dessus de nos lignes. J'aurai l'occasion plus tard dans la soirée de demander leurs impressions à deux d'entre eux : désolés d'avoir à prendre le premier bateau dès maintenant pour l'Angleterre, ils sont furieux de ne pas pouvoir passer la nuit sur le continent et sont persuadés de manquer l'occasion d'aller aux "Folies Bergères de Normandie" supposé devoir exister quelque part vers Bayeux.

Le champignon de fumée persiste deux heures durant au-dessus de Caen alors que troupeaux après troupeaux, les grands quadrimoteurs apportent et déversent leurs bombes puis regagnent la mer sans menace aucune. Le spectacle désormais devient fastidieux et les spectateurs désertent leurs points de vue avant la fin, et vont se coucher sans aucune crainte pour l'opération du lendemain matin. Le dernier "lourd" largue à 22 h 30.

De retour au camp, le nuage rougeoie toujours en témoin du drame de Caen. Le Bomber Command est une arme terrible mais il obtient des résultats : cette nuit la route de Caen a été ouverte"

 

Retrouvons Alan Melville du RAF Press-Center, le 9 juillet à Caen il accompagne le 1st Bn The King’s Own Scottish Borderers (9th Brigade, 3rd British ID)

"Pour un correspondant de presse, il y a toujours l'obsession d'être le premier sur l'événement, et, ce 9 juillet, il fallait être le premier dans Caen ! Dès l'aube, nous prenons la route en Jeep, Mike est au volant. A travers le bois de Lébisey, convoité depuis le 6 juin, l'excitation grandit en même temps que la Jeep se faufile entre les obstacles, l'attrait du neuf en quelque sorte!

Nous arrivons dans un lotissement de maisons détruites, au sommet de la colline qui domine la ville, tout en haut de la route qui file en pente (Note de MLQ: en haut de la rue de la Délivrande), vers d'autres ruines qui se consument.

"Archives départementales du Calvados". La rue de La Délivrande.

Cet îlot d'habitations est sous le feu de batteries d'artillerie qui, de l'est et du sud de la ville, gratifient les approches nord de Caen de leurs 105, 122 ou 150. Les chars sont vulnérables, empêtrés dans le réseau des cratères en montagnes russes causés par le Bomber Command . Une salve plus serrée me fait me précipiter sous l'un des blindés. J'abandonne la Jeep et appelle Mike sans succès. Je file alors, entre deux arrivées à vous déchirer les tympans, jusqu'à une maison ouverte aux quatre vents. Un officier écossais est sur mes talons, et questionne à la ronde si quelqu'un sait où trouver le Major Chapman ? Une voix, près de la fenêtre sans vitres, lui répond qu'il est descendu dans Caen. Le jeune capitaine se précipite aussitôt hors de cette maison-des-courants-d'air et je lui emboîte le pas en le questionnant sur ses intentions : - rejoindre "Fishy"; son commandant, pour lui transmettre un message apparemment important. Je lance à Mike qui devrait être là, mais sans le voir, de prendre l'enregistreur Mignet dans la Jeep et de venir avec nous, dans la ville. Pas de réponse mais le capitaine est parti sans attendre et je n'ai pas le temps d'aller jusqu'à la Jeep, n'ayant pas l'intention de m'aventurer seul dans les ruines où guettent certainement des snipers. Je réalise pleinement pourquoi les chars ont stoppé sur la hauteur. La seule façon de progresser est d'imiter le capitaine des "Borderers" qui escalade le versant des cratères gigantesques et se laisse glisser sur le derrière, dans la contre-pente, selon une procédure que nous reprenons une bonne vingtaine de fois avant d'être sur les maisons du centre de la ville.

"Source photo IWM" photo présentée page 256 de ce livre. Le 9 juillet des hommes du 1st KOSB progressent dans les ruines à l'est du château.

 L'excitation grandit quand, couverts de terre et de poussière, nous franchissons les derniers obstacles qui nous séparent encore des îlots d'immeubles partiellement debout de la rue du Vaugueux,

A gauche, "Source", Des Britanniques dont un infirmier, avec son brassard Croix Rouge, tenant un brancard dans les ruines de la rue du Vaugueux. Source à droite Photo Life magazine.  La rue du Vaugueux, les maisons à gauche ont fait place à la pelouse du château

et plus loin, sur une butte, l'église du Sépulcre.(Note de MLQ: où j'étais! voir la carte ci-dessus).

 

A gauche: carte postale Delassalle, la rue du Vaugueux (après déblaiement) dans le fond l'église Saint Pierre sans sa flèche.  A droite: carte postale Gaby, l'église du Sépulcre.

Il est 11 h 40 et je jure que je suis bien le premier correspondant de guerre des relations publiques de la 2nd Army , dans Caen, le 9 juillet 1944. Le jeune capitaine rejoint une compagnie du KOSB dont les 'Jocks", précautionneusement, s'emploient à contrôler les entrées d'immeubles et les rez de chaussées. Ils poussent lentement ici une porte, là une fenêtre, du canon de leurs armes, lâchant parfois une rafale dans le vide si un doute demeure. Des obus allemands tombent irrégulièrement alentour, et les snipers sont actifs, avec leurs fusils semi-automatiques à lunettes. Une volée de balles anglaises répond à chaque coup de Mauser et le sniper n'attend pas pour filer vers une autre position qui le rapproche encore un peu de l'Orne, dans sa mission de retardement de l'avance des Tommies. Pris dans cette dangereuse opération de nettoyage qui met les nerfs à dure épreuve, je passe la fin de la matinée à sauter de perron en porte cochère alors que les balles sifflent indistinctement dans tous les sens, au risque de méprises. Si seulement j'avait emmené l'enregistreur, je n'aurais vraiment pas perdu mon temps!.

En début d'après-midi, tout le monde se trouve en même temps au pied des remparts du château, place de l'église Saint-Pierre, décapitée.

Au pied des remparts du château

 

Le clocher de l'église Saint Pierre sans sa flèche

"Photo Goupil, source: Archives municipales de Caen". La place Saint Pierre après le 9 juillet

 Nous rencontrons les premiers civils en nous demandant bien quelle sera leur réception, après tant de souffrances dans la cité que nous avons implacablement ruinée.

Ils sortent progressivement des caves et des abris, timidement, des larmes aux yeux. Le caractère peu démonstratif des Normands nous est bien connu et, à Caen, dans les ruines, ils nous trouvent des fleurs et du vin qu'ils nous offrent avec le sourire des gens qui ont beaucoup espéré et souffert. La chaleur humaine des Caennais est désarmante, c'est le premier accueil véritable que nous recevions de civils en Normandie, et Caen fête ses libérateurs Irlandais et Ecossais spontanément avec sincérité et gentillesse: "ll y a si longtemps qu'on vous attendait... "

Six hommes de la Résistance rejoignent les rangs du 1st KOSB et guident les sections vers les lieux supposés être toujours tenus par les Allemands, en mission de retardement.

 

Des prisonniers sont en effet rassemblés derrière l'église Saint-Jean et nous nous faisons un plaisir de les passer aux FFI qui les escortent vigoureusement jusqu'à notre service de prévôté militaire.

Photo collection Jean-Pierre Benamou avec son aimable autorisation.

 

Boulevard des Alliés, le lieutenant-colonel Ian Harris (Note de MLQ: le commandant du 2nd Royal Ulster Rifles, 9th Brigade, 3rd British ID )

rencontre le capitaine Poinlane , adjoint de Gille qui se trouve à Vaucelles à ce moment-là. D'autres résistants viennent à notre rencontre, brassards tricolores et casques français, dans les tenues aussi différentes que variées.

 

 

Poinlane est en uniforme bleu foncé des chasseurs (Note de MLQ: il est vêtu d'une vareuse et pantalon bleu de la Marine) , coiffé d'un large béret, colt à la ceinture et son charme séduit le colonel qui sent en lui une ferme détermination de vouloir en "découdre avec le boche".

 

 Il le prie de rejoindre le Major de Longueuil qui parle le français couramment, et cette force de 120 Irlandais dirigés par deux officiers conversant en français, atteint l'énorme chaos du quartier Saint-Jean.

Je rejoins à présent des sections irlandaises qu'un officier français dirige vers l'Orne en nettoyant quelques nids de résistance dans les amoncellements de ruines. Personne ne veut me croire et des sourires railleurs me sont adressés quand je tente d'expliquer que la Presse Radiophonique était à 500 m de là ce matin déjà, mais tragiquement sous-équipée !... Des balles sifflent depuis la rive-sud de l'Orne, qui ne trouvent que peu d'obstacles encore debout pour les arrêter. Nous bondissons dans les éboulis des murs de la rue Saint-Jean, où la tragédie des civils se lit encore dans les appartements cruellement mis à jour... Sur le parvis de l'église Saint-Jean, un coup de feu claque et le projectile frôle le casque d'un petit Irlandais qui se rue vers le porche de l'église, en jurant ! Ses camarades l'imitent suivis de toute la section qui s'engouffre dans le Saint-Endroit. Une course poursuite s'engage dans les coursives où des coups de feu résonnent. Une minute plus tard, chacun ressort, avec le sentiment du devoir accompli, et nous rejoignons la compagnie du Major de Longueuil clouée sur place dans les ruines du garage Citroën, par des tirs de mortiers et de MG provenant du quai de l'Amiral Hamelin.

"photo présentée page 329 de ce livre, avec l'aimable autorisation de l'auteur", les ruines du garage Citroën

14 h 10.

Je réalise que si l'Orne est atteinte, nous n'irons pas plus loin et je décide de récupérer mon chauffeur et ma Jeep. Je remonte la rue du Vaugueux, atteins le Calvaire Saint-Pierre (Note de MLQ: en haut de la rue de la Délivrande) où des blindés du génie de toute sorte descendent lentement vers les champs de ruines pour y dégager des accès aux transports d'armes lourdes et aux blindés qui attendent toujours sur la crête de Lébisey. Bulldozer blindés et niveleuses sont déjà au travail rues de la Délivrande et du Moulin-au-Roy et dégagent une voie large de huit mètres. Des pionniers m'arrêtent, un mur ficelé par un câble à un Churchill s'effondre dans un épais nuage de poussière acre. Au carrefour des routes de Caen à la Délivrande et à Lébisey (Note de MLQ: le cercle rouge sur la carte ci-dessus) , je retrouve mon appareil d'enregistrement portatif dans la Jeep, et Mike, le chauffeur, profondément endormi dans un carré de céleri. Sa seule excuse sans valeur :"Je croyais que vous me faisiez signe de m'abriter des obus et de ne plus bouger...Tant pis pour le reportage en direct de la prise de Caen l'essentiel est bien qu'après cinq longues semaines sans gloire à ses portes, nous soyons désormais installés dans la ville. "

Dans le même livre à la date du 10 juillet un autre témoignage:

"Nous sommes conviés par le Maire de Caen à une cérémonie au centre d'hébergement du Lycée, à 18 h (Note de MLQ: problème d'horaire ! 18h00 pour la cérémonie du 9 mais 12H30 pour celle du 10 ?) et nous devons être prévoyants pour être là à l'heure. Les bulldozers repoussent des débris gigantesques le long des murs des immeubles creux et. souvent, leurs amoncellements atteignent la hauteur des fenêtres du premier étage des immeubles dévastés et noircis. Alors, les murs s'effondrent sous la pression et nous devons attendre dans la Jeep, en maugréant à la vue de la fine couche de cendres grises qui se répand sur nos uniformes bleu-foncés. Au loin, vers l'Orne, seule émerge, des tas de gravats, la tour de l'Eglise Saint-Jean. qui penchait dangereusement paraît-il déjà, avant que les 406 du Rodney ne lui donnent le frisson ! ... Tout est lugubre et sent mauvais et. pendant les trois semaines à venir, il sera toujours aussi pénible de traverser les ruines de la ville, mais réconfortant de bénéficier de la gentillesse sans bornes et touchante, de ses habitants.. Ils sont toujours là, piétinant les montagnes de gravats qui leur sont devenues familières et que le génie canadien leur dispute à présent. Ils s'acharnent à retirer la plus petite chose, qui pourra toujours servir ... Impossible de ne pas imaginer qu'en dessous demeurent toujours des cadavres écrasés, et d'autres gisant dans la profondeur obscure des caves où les malheureux avaient trouvé refuge contre nos bombardiers. Chaque jour désormais, révélera aux équipes de déblaiement. de macabres découvertes. "

"Le drapeau tricolore à croix de Lorraine , apporté clandestinement de Vaucelles la veille par la Résistance en trompant la vigilance des Allemands, est hissé une seconde fois au même réverbère. Suit un service mémorial dit par Mgr des Hameaux , curé de Saint-Etienne, aux victimes civiles de la Bataille de Caen, dans les jardins du Monastère. Aujourd'hui encore, des Waffen-SS se sont infiltrés dans les ruines de la  caserne Hamelin

 

 

(Note de MLQ: donc en traversant l'Orne) et les Regina Rifles , aidés par des FFI, ont dû se battre farouchement pour les en déloger. Robert Castel est tué , Georges Poinlane est blessé au bras. (Note de MLQ: le 10) Puis, rue Guillaume-le-Conquérant. un grand défilé réunit pompiers, FFI menés par Poinlane le bras en écharpe, que suivent les Equipiers Nationaux et les scouts du Lycée. Plus de cinq mille personnes sont dans la rue et chantent la Marseillaise et le Chant du départ, alors que les Allemands qui devinent un mouvement important à travers leurs télescopes, expédient quelques obus de 122 de la batterie de canons russes des carrières d'Etavaux (Note de MLQ: hameau de Saint-André-sur-Orne), écourtant la fin de la cérémonie. Un homme vient à moi quand je rejoins la Jeep, il me salue gentiment et me pose la question qui m'avait déjà embarrassé la veille: "Ne pouviez-vous pas chasser l'Allemand autour de Caen sans avoir à raser la ville et devoir tuer des milliers de pauvres gens?" Aucune acrimonie ne se manifeste dans les regards qui nous entourent et contemplent nos uniformes de la RAF. Je ne puis éviter de leur répondre que ce n'est qu'à l'issue du dernier bombardement, vendredi soir (le 7 juillet), que nous avons finalement pu pénétrer en ville après en avoir chassé l'ennemi commun."

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