RESISTANCE
Rapport du Dr Émile Souron sur son activité résistante
Communiqué par M. de Boüard
J'ai été sollicité d'entrer à la Résistance en 1942 par le lieutenant Guille (Roland Guille, 40 ans en 1940, préparateur en pharmacie - Organisation : Armée des Volontaires ; OCM - Domicile : Caen) comme médecin chargé de donner mes soins aux blessés de la Résistance, parachutistes et autres.
À cet effet,
à plusieurs
reprises, j'ai été appelé
à soigner des jeunes gens qui avaient
été blessés
au cours
de rafles.
L'un d'eux,
Ivannovitch,
qui demeurait
122, rue
de Vaugeux,
fut pris avec une
dizaine de ses camarades,
rue des Carmes,
par
les polices française
et allemande,
et
incarcéré.
Il fut
ensuite relâché
par suite d'une intervention
du collaborateur Lenoir
, qui
était patron de Mme Ivannovitch;
mais il avait
été soumis à de multiples tortures.
Indépendamment du Dr Guille, je fus appelé à participer à la Résistance à la demande du Dr Desbouis (Organisation : Front national - Domicile : Caen), directeur de l'école de médecine de Caen, qui fut incarcéré par les Allemands et mourut un mois ou deux après un assez long emprisonnement.
Avec
le
Dr
Desbouis,
je
camouflai
un étudiant
en
médecine,
Jean
Pecker,
que
je gardai
chez
moi plusieurs
jours avant
de l'aider
à regagner
Paris.
Enfin,
il rejoignit
l'Angleterre
et
est
actuellement
médecin
auxiliaire
de
l'armée
Leclerc
.
J'étais
appelé
ensuite
à protéger
toute
sa famille.
Son
père
avait
été
déporté en Allemagne
comme Juif;
on est sans nouvelles
de lui.
Mme Pecker,
sa seconde
femme,
fut également
recherchée par les
Allemands.
Je la
recueillis chez moi
ainsi que sa
mère
et ses deux filles,
et
je
les aidai à
fuir.
Elles furent cachées
en France et ne furent
jamais découvertes.
M.
Héron
(31 ans en 1940, Organisation :
Arc-en-Ciel),
mari de l'institutrice
d'Anisy,
qui joua dans la Résistance
un rôle important,
chef de groupe, fut
également
recherché par les Allemands;
sa femme fut
arrêtée;
lui
ne fut pas retrouvé.
Avec
lui et Mme Pecker, sa sœur,
je fus
chargé de
régulariser
la situation
de
tous les
fonctionnaires ou employés d'entreprises:
Société nationale
de métallurgie, instituteurs,
employés
des PTT, percepteurs,
etc.,
qui
étaient
recherchés
pour faits
de Résistance, et de manière
à aider
la
dissolution
des
groupes dont
un ou plusieurs
membres avaient été découverts.
La majeure partie
de mon activité
était connue
de M.
le préfet
actuel
du Calvados,
M.
Daure
,
dont
je
suis
l'ami.
Enfin, avec le Dr Morice, chirurgien et directeur de l'école de médecine, je fus appelé à camoufler de nombreux Français, appelés par les Allemands, soit pour le service en Allemagne, soit recherchés. Nous les hospitalisions en clinique et sous le prétexte d'interventions, nous les conservions jusqu'à ce qu'ils puissent échapper aux Allemands.
À
plusieurs
reprises,
je fus l'objet
d'interrogatoires de la
Gestapo.
M. Albert
,
de
la rue
des
Jacobins, vint me demander des
éclaircissements sur mon activité.
Pendant l'invasion
(Note de MLQ: ce mot était utilisé par les Alliés
mais jamais par les Normands !),
je
fus
aide
d'équipe
chirurgicale
à l'hôpital
du
BonSauveur,
à
Caen.
Je rejoignis
l'armée-
de
de
Gaulle
le 24 juillet
à
Bayeux
et fut
mobilisé.
Caen, le 31 janvier 1945
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