-Ralph
Allen
,
Canadien, correspondant du
Global
and Mail interview, le 9 juillet au soir, le Major Jack Stothard, C
Coy,
lst Stormont Dundas and Glengarry Highlanders
:
"J'ai mené ma compagnie dans Caen avant toute autre formation, après un bond de cinq miles franchi en trois heures, de Franqueville au boulevard Detolle, dans Caen. De nombreuses arrière-gardes nous ont ralenti mais rien à voir avec Gruchy (Note de MLQ: hameau de Buron) la veille ou Hell's Corner en juin.
NB:
HELL'S CORNER, nom donné par les soldats Canadiens au passage situé sur les
Buissons, à proximité de Vieux Cairon, Calvados, où le 7 juin 1944, l'attaque
allemande de Kurt Meyer contre le North Nova Scotia débarqué la veille, fait un
nombre considérable de tués. Les Stormont, Dundas & Glengarry Highlanders
supportent l'attaque des SS, qui avancent sur Buron le 10 juin.
La section de
tête du lieutenant J. Dure
avec le Sergent Mc Donald progresse si vite par
moments qu'elle se trouve au-delà du balayage des chars. Mis à part deux
positions de Nebelwerfer détruites au
Nord-est de
Carpiquet
(Easy, lieutenant Hartley), et les mines sur la chaussée, notre progression ressemble plutôt à une
procession triomphale. Nous avons permis à 300 personnes de sortir de leur
grotte à la Maladrerie. Ils nous ont en partie accompagnés de loin dans notre
avance, certains sont équipés d'armes allemandes capturées dont j'espère qu'ils
savent se servir ! Puis des femmes et des enfants sont sortis des maisons avec
des fleurs et du vin que nous n'avions pas le droit de boire à ce moment-là, et
il a été difficile de s'extraire de leur envahissante gentillesse".
Ralf Allen
à Caen le 9 juillet
"Tandis que nos forces entraient dans Caen ce
matin quatre officiers des
FFI tentaient d'y passer en franchissant l'Orne sur
un rail de chemin de fer, tous les ponts étant détruits ou gardés par l'ennemi
en retraite. Il s'agit de Gille
,
Duchez
,
Poinlane
et de notre compatriote,
Gindras(Note de MLQ:
mitrailleur sur Lancaster
,
abattu au-dessus d'Etampes le 6 juin et camarade de combat des
frères Vico (page
164 de ce
livre ). Dans ce
livre page 164, il est capitaine aviateur Canadien; après avoir sauté en
parachute avant que son avion s'abatte, il rejoint les FFI du
Calvados. Dans ce
témoignage: un canadien
français Paul Gingrat qui avait été descendu près d'Evreux et avait réussi à
gagner la Normandie avec le commandant
Léonard Gille). Leur mission était capitale puisque dans le sac à dos de Poinlane se
trouvait le premier drapeau de la liberté retrouvée, patiemment brodé d'une
croix de Lorraine
pendant les heures sombres de l'occupation. Ce drapeau a été
hissé ce soir devant l'Hôtel de ville provisoire, face à la Cathédrale"(Note
de MLQ: l'église Saint Étienne,
voir ici) ...
Ralph Allen
à Caen le 11 juillet :
"La destruction physique de Caen a
été miraculeusement moins élevée
qu'on aurait pu le craindre
quand on
a
assisté depuis un mois à tant de bombardements
de toutes sortes sur la
cité-martyre. Le Commandant des Affaires
Civiles (Note de MLQ: le colonel Usher
) nous précise que près de
20.000
personnes sont restées à Caen,
réparties sur
plusieurs centres
d'hébergement et abris. Il croit savoir que
30.000
autres ont pu s'enfuir à
temps sur les routes réservées à l'exode des civils. Au
Bon Sauveur, le
Docteur
Cayla me dit que le nombre
des blessés traités
à ce jour
dans ses services s'élève à 1.365.Il
y aurait entre
2500
et
3.000
morts. La ville n'a jamais connu la famine
ni le typhus, grâce
à la
bonne surveillance du corps médical. La dignité et la sérénité des adultes sont
admirables, et il faut souligner cette expérience unique d'une population
étroitement concentrée dans ses refuges et
disciplinée
par les lois civiles
solidement imposées à tous pour le
bénéfice de chacun. Toutes les corporations sont présentes
et respectées dans
te
sanctuaire de l'Abbaye-aux-Hommes,
médecins. ravitaillement,
école,
coiffeurs,
bouchers. cordonniers et tailleurs... On ne
peut dire qu'ils sont joyeux de nous voir, les enfants
sont graves et leurs éclats de rire
ne durent pas. 'La libération est dure', me dit-on. Le fait qu'il y ait eu une
bonne école de médecine
à Caen
a
joué un rôle important dans la qualité des
soins.
Bon nombre d'étudiants-médecins ont
rejoint les rangs
des internes et
aides-soignants volontaires qui
côtoient
leurs professeurs. Beaucoup
de tués sont emmurés
me dit encore le Dr Cayla,
on ne les retrouvera pas ayant des mois. "