RESISTANCE
Source: Collection Résistance et Mémoire
Emmanuel ROBINEAU (1920-1944) alias "RIQUET"
Fils d'officier supérieur, lui-même pilote de chasse en 1940,
Emmanuel Robineau a vainement tenté en 1941 de passer en Afrique pour poursuivre
le combat contre les Allemands. Mais ce n'est que partie remise. En 1942,
recruté par Claude Thomas
il
intègre les rangs du mouvement Ceux de la Résistance. Officiellement, il sera
employé de la Société des Tourbières de Normandie, installée à
Caen et dirigée
par Pierre Comby
.
En réalité, il s'agit pour les deux hommes d'une couverture et les bureaux du
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place Saint-Sauveur abritent le quartier général du groupe. Après la fusion de
CDLR avec l'OCM,
au début de l'année 1943. Robineau
, sous le pseudonyme de "Riquet", se voit
confier des responsabilités importantes d'abord au sein de l'état-major de la
nouvelle formation, puis dans celui de
l'Armée
Secrète mise en place en septembre 1943. Compte tenu de ses compétences
militaires, il est chargé du Quatrième Bureau (armement), son adjoint est
Gilbert Michel. Emmanuel Robineau
devient par ailleurs responsable du Bureau des Opérations aériennes (BOA). Son
travail consiste à trouver des terrains pour les parachutages d'armes, organiser
leur réception et leur répartition entre différents dépôts.
En 1943, il tenta plusieurs fois vainement d'éliminer le
gestapiste Lucien
Brière, en piégeant sa boîte à lettres, en le suivant avec
Robert Castel
à
Mathieu et à Caen.
En novembre 1943, avertis des menaces qui pèsent sur eux.
Comby
et Robineau
décident de s'éloigner. Revenu imprudemment à
Caen pour l'anniversaire de sa fiancée. Robineau est pris par la
Gestapo le 15
décembre. Il est torturé. Les Allemands poursuivent les arrestations et lancent
dans les jours suivants une vaste rafle contre l'OCM-CDLR.
Robineau exerçait des fonctions importantes au sein de l'état-major régional.
A ce titre, il avait organisé quelques mois plus tôt un parachutage d'armes à
Cesny-Bois-Halbout, avec le groupe Le Nevez
.
(André
Le Nevez , 46 ans en 1940; Profession: garagiste - Organisation: Armée des Volontaires ;
OCM ; Denis
et Aristide).
Torturé, le malheureux Robineau
livre les noms d'une partie des responsables de l'OCM-CDLR et indique les divers
endroits où avaient été entreposées les armes.
Dès le 16 décembre, la Gestapo s'empare de
Pierre Bouchard
, fondateur
de CDLR, du colonel Gaston Corbasson
, de
Maurice Himbert, de Louis Lelièvre
(48 ans en 1940, secrétaire de mairie à Douvres-la-Délivrande - Organisation :
OCM ; Centurie) à
Douvres et de Roland Vico
, propriétaire de l'abbaye d'Ardenne, d'où les armes
ont été providentiellement enlevées quelques heures plus tôt par deux de ses
fils.
Le 17, Robert Delente
(32 ans en 1940, avoué - Organisation : OCM - Domicile :
Bayeux), chef de l'arrondissement de Bayeux, et son adjoint
Jean Guérin
(19 ans en 1940, clerc d'avoué - Organisation : OCM - Domicile : Bayeux), échappent miraculeusement à l'arrestation. Moins heureux,
Henri Rebiard, responsable des groupes de la région caennaise, est cueilli au petit
matin et des armes sont découvertes dans son grenier. Le lendemain, Élysée
Loiselet (51 ans en 1940, libraire - Organisation :
Armée des Volontaires ;
OCM), responsable de l'OCM à
Condé-sur-Noireau tombe à son tour.
Les arrestations se poursuivent encore quelques jours, avec, le 19, celle du
docteur
Jacques Sustendal
(38 ans en 1940, médecin - Organisation : OCM ; Centurie ; BOA) à
Luc-sur-Mer.
Puis, le 21 décembre, la police allemande fait irruption aux domiciles de
Fernand Dujardin à
Proussy,
47 ans en 1940, cultivateur -
Organisation : CDLR ; OCM - Domicile : Proussy. Il appartient au groupe de
Résistance de Condé-sur-Noireau, rattaché à l'OCM. Il est victime de la rafle
qui frappe l'OCM à la fin de l'année 1943 à la suite de la capture d'Emmanuel
Robineau.. Des armes provenant d'un parachutage sont découvertes à son domicile
lors d'une perquisition le 21 décembre. Arrêté, il est interné à Caen, puis à
Compiègne, et déporté le 21 mars 1944 au camp de concentration de
Mauthausen.
Affecté au Kommando d'Ebensee,
il y meurt le 2 décembre suivant et de Joseph Requeut
Le 1er février 1944, la Gestapo décide de le transférer de Caen vers Rouen, en compagnie d'un résistant communiste, Marius Dutriaux (27 ans, ouvrier - Organisation : Front national - Domicile : Caen). En cours de trajet, les deux hommes sont froidement abattus au bord d'une route de l'Eure, à Rougemontiers.
Sources:
Archives de Jean Quellien