RESISTANCE

 

 

 

A LA GARE DE CAEN

 

 

  La gare de Caen emploie pendant l'Occupation plus de 2000 agents. C'est un véritable vivier pour la Résistance.

 

  Le dépôt de la gare de Caen, où près de 800 ouvriers travaillent à l’entretien et la réparation du matériel roulant, est très tôt devenu un foyer de Résistance. Dès 1940, nombreux sont ceux qui ont commencé à se livrer à des actes de sabotage. Les plus timorés se contentent de fermer les yeux. Alors que la pénurie s'installe, gaspiller volontairement l’outillage est une façon de ralentir la production. Lorsqu'un stock de boulons arrive, il est vite épuisé: par kilos, ils sont subrepticement jetés dans les foyers des locomotives. Quelques coups de poinçon sur une pièce neuve suffisent à la rendre fragile. Les précieux coussinets de bielle disparaissent mystérieusement et il faut des semaines avant d'en recevoir de nouveaux en provenance des ateliers de Sotteville.

 

  Les sabotages sont quotidiens et à grande échelle, au dépôt où les ouvriers, encadrés par un très actif groupe du Front national   sabotent à qui mieux mieux le matériel ferroviaire utilisé par l'occupant.  Nombre d'organisations y ont pris pied:

Arc-en-Ciel,

dont:

- Maurice Dutacq 

- Anatole Lelièvre

- Pierre Testard (26 ans en 1940, cheminot - Organisation : Arc-en-Ciel - Domicile : Caen)

 

Ceux De La Résistance

 

Libération-Nord

dont:

- Camille Bourdais 

- Armand Huet 

 

l'OCM-Centurie à laquelle appartient le chef de gare, Albert Augé, (43 ans en 1940, Profession :cheminot - Organisation : OCM , Samson du BCRA- Domicile : Caen).

et:

- Léon Lecarpentier (27 ans en 1940, employé à la SNCF - Organisation : Jade-Fitzroy ; OCM ; F2 - Domicile : Chicheboville),

- Roger Leduc (30 ans en 1940, cheminot - Organisation : OCM - Domicile : Caen)
  Mais le groupe le plus important est sans conteste celui du Front national
. Son responsable est Henri Neveu , agent d'entretien à la signalisation électrique.

Quelques membres:

- Henri Barthélémy,

- Jean-François Le Moal,

- Maurice Arrot

- Jean Desvouges (29 ans en 1940, cheminot - Organisation : Front national - Domicilié à Caen)

- Émile Boutrois 

- Achille Boutrois 

- Michel Boutrois

- Valentin Debailly 

- Bernard Picquenot 

- Marcel Daubin, (29 ans en 1940, Profession : cheminot - Organisation : Front national - Domicile : Caen) assure la coordination entre les différents groupes.

- Charles Reinert 

- Désiré Renouf 

- Louis Renouf

- Gustave Noël (28 ans en 1940, cheminot - Organisation : Front national - Domicile : Caen)

- Georges Corbey ((32 ans en 1940, cheminot - Organisation : Front national - Domicile : Caen)

- Maurice Siégel (29 ans en 1940, cheminot - Organisation : Front national - Domicile : Caen) 

- Savelli (cheminot - Organisation : Front national - Domicile : Caen) 

 

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- Georges Madoret. (21 ans en 1940, cheminot - Domicile : Caen). Il est arrêté par la police allemande le 15 mai 1944 pour des raisons demeurées inconnues, dans le cadre d'une rafle lancée sur le quartier de Vaucelles et visant principalement des cheminots appartenant au Front national. Conduit à la maison d'arrêt de Caen, il figure parmi les victimes de l'exécution sommaire perpétrée par les nazis le 6 juin 1944.

- Joseph Picquenot  implication dans un réseau inconnue.

 

    Jean-François Le Moal, lui, a reçu la mission de reconstituer une section clandestine de la CGT. En novembre 1943, il déclenche une grève de protestation contre l'insuffisance des salaires qui ne durera que quelques heures mais sera suivie par plusieurs centaines d'ouvriers.

 

    Les sabotages se multiplient sur le matériel roulant servant localement aux Allemands ou aux locomotives et wagons réquisitionnés passant une révision au dépôt avant de prendre le chemin de l ‘Allemagne. l'émeri récupéré sous les meules est mêlé à l'huile destinée aux boîtes d'essieu, de bougie ou de bissel. Du sable est jeté dans les coulisseaux des bielles qui ne tarderont pas à chauffer anormalement. Des boulons ou de petits outils sont« oubliés» dans les cylindres dans le but d'en défoncer le fond. L’injection d'eau des machines est sabotée pour empêcher la montée en pression, ce qui oblige alors à jeter le feu et fait perdre un temps précieux. l'astuce suprême consiste à livrer aux Allemands du matériel apparemment en bon état qui se détériorera ou tombera en panne assez rapidement. Plus d'un cheminot de la Reichsbahn fut sans doute très étonné de voir la voûte de la chaudière s'effondrer brusquement en cours de route. Le fond des tenders est réparé de manière rudimentaire avec du ciment; ce rafistolage assure une étanchéité pour quelques dizaines de kilomètres, mais au-delà le ciment se casse sous l'effet des trépidations et le tender redevient un véritable « panier percé », semant le charbon sur les voies.

 

    En 1943, Le Moal imagine, avec quelques camarades, un stratagème pour désorganiser le travail grâce à des alertes aériennes fictives. Par temps clair, on peut en déclencher deux ou trois par semaine. Le résultat est immédiat ! Sans demander leur reste, les cheminots abandonnent leur travail et gagnent les abris ou s'égaillent dans la nature jusqu'au signal de fin d'alerte ... qui tarde évidemment à retentir. Profitant des circonstances, quelques militants distribuent dans les ateliers vides, les vestiaires ou les bureaux, tracts ou journaux transmis par Henri Neveu .

    Pour le 1er mai 1944, les résistants du Front national  ont décidé de frapper un grand coup, en réponse à l'appel lancé sur les ondes de la BBC. Mais il s'agit aussi de montrer aux états-majors alliés que les sabotages de la Résistance peuvent se montrer plus efficaces que les bombardements aériens pour bloquer l'activité de la gare, et sans victimes civiles. Plusieurs équipes réussissent donc à faire dérailler une locomotive sur le pont transbordeur et à en lancer une autre dans la fosse de la plaque tournante. Mais le SD et la bande à Hervé ne tardent pas à venger cet affront en lançant une rafle. Certains cheminots parviennent à s'échapper, mais d'autres tombent aux mains des nazis. Ils seront exécutés sommairement à la maison d'arrêt le 6 juin au matin.

 

 

Source:

et et .

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